LIAISONS PERVERSES
France – 1975
Support : Bluray
Genre : Drame, érotique
Réalisateur : Jean-Paul Savignac
Acteurs : Mona Heftre, Jean Roche, Pierre Oudrey, Samuel Sladow, Monique Vita
Musique : Maurice Lecoeur
Image : 1.37 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 89 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 30 juin 2023
LE PITCH
Laurent, un photographe parisien, recherche l’endroit parfait pour le photo-roman qu’il doit réaliser. Croyant trouver l’endroit idoine, il s’introduit chez Hélène, une jeune et belle bourgeoise délaissée par son mari. Débute entre eux une liaison, Laurent se servant d’Hélène pour ses photos sexy. Soupçonnant quelque chose, Philippe, son mari, engage un détective privé…
Au cœur de l’objectif
Le Chat qui fume aime exhumer des petits films d’exploitation français oubliés, délaissés, souvent invisibles depuis des années. C’est encore le cas avec Liaisons perverses, parfois connu sous le titre Des liaisons très perverses, Le Désir satisfait ou Objectivement vôtre, drame érotique extrêmement soigné par Jean-Paul Savignac, ancien assistant réalisateur de… Jean-Luc Godard !
C’est que dans les années 70 et en particulier l’explosion sensuelle (aujourd’hui bien désuète) d’Emmanuelle, tout le monde ou presque fait de l’érotisme en France. Les producteurs, grands ou petits, tentent de capitaliser sur la libération des mœurs émergente, et donnent souvent cartes blanches à de jeunes réalisateurs, débutants ou inconnus, pour faire leurs premières armes. Mais Jean-Paul Savignac n’est pas réellement un débutant puisqu’il a déjà signé dix ans plus tôt un Nick Carter et le trèfle rouge capitalisant sur la vague James Bond, et qu’il officie depuis des années en coulisses, assistant Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg), Agnès Varda (Le Bonheur) et surtout Jean-Luc Godard sur Vivre sa vie, Les Carabiniers, Bande à Part et Alphaville. Un joli pédigrée qui souligne aussi un véritable amour pour le Septième Art et un soin exigeant qu’il va apporter à ce tout petit film dénudé. Les dialogues s’efforcent de donner du corps au personnages, la direction d’acteur est largement au-dessus de la moyenne du genre et surtout la mise en scène (jolis cadrages, soins des mouvements) et le montage, jouant habilement avec l’idée du roman-photo, appuie la sensation d’assister à beaucoup plus qu’une simple bande pour se rincer les yeux.
Découvertes
Les scènes de nus et de sexe (on ne parlera pas des ajouts pornographiques remisés ici en bonus), à la fois sensuelles et ludiques, sont certes franches et sans fausse pudeur, mais s’intègrent parfaitement et naturellement à la nature et la construction du film. Histoire d’une rencontre donc entre une jeune épouse bourgeoise un peu délaissée dans sa maison de campagne et un photographe de nu bien macho et souvent un peu salaud, qui va l’amener à sortir de son triste quotidien et découvrir ses véritables désirs, ses fantasmes… et finalement une véritable indépendance. Le parcours est plutôt classique dans le genre, mais reste assez bien amené avec surtout un petit retournement de situation final qui replace joliment le couple marié au centre des enjeux et en ferait presque un film profondément romantique. Un sentiment largement véhiculé par la révélation du film, la charmante et ici souvent sublime Mona Heftre (ou Mona Mour) qui apporte une jolie espièglerie et un mélange de candeur et de féminité affirmée, à cette jeune femme un peu manipulée. Ancienne effeuilleuse (sur L.A. Woman des Doors tant qu’à faire), vue dans La Messe dorée et Change pas de mains, mais elle sera surtout reconnue en intégrant la troupe du Grand Magic Circus sous la direction de son mari Jérôme Savary. Un vrai atout séduction qui accompagne avec beaucoup de simplicité et de sincérité ce petit film érotique au final tout à fait charmant et particulièrement soigné.
Image
Magnifique restauration faite maison par Le Chat qui fume qui a exhumé les négatifs originaux puis les a scanné en 4K pour un résultat particulièrement impressionnant. Quelques restes de poils ou points blancs ont été laissés à l’image, mais le nettoyage reste extrêmement poussé et appliqué, tandis que les cadres ont été stabilisés et homogénéisés. Un travail exemplaire qui préserve farouchement les matières initiales, comme ce très joli grain et ses délicats reflets argentiques, et cajole une photographie plus réaliste qu’éclatante, mais aux couleurs joliment soulignées. Des grands classiques du cinéma français rêveraient d’un tel traitement !
Son
La piste mono d’origine garde tout autant ses petits échos de l’époque avec parfois de légères variations dues à la captation et un tournage économe, mais se montre parfaitement claire et franche.
Interactivité
Petit boitier Bluray classique pour Liaisons perverses mais ce dernier est tout de même accompagné d’une longue rencontre avec le metteur en scène. Sa découverte du cinéma durant la guerre avec les maquisards, ses collaborations avec Jean-Luc Godard et Agnès Varda, sa première réalisation Nick Carter et le trèfle rouge, mènent bien entendu au film en présence ici. Il y revient d’ailleurs avec plaisir, évoquant les motivations premières du film, ses acteurs, le tournage, mais aussi l’ajout d’inserts X exigé par le distributeur et une sortie au succès international aussi satisfaisant que surprenant. Un petit moment bien agréable dans la mémoire des cinémas français.
Liste des bonus
« Les liaisons perverses » du réalisateur Jean-Paul Savignac (40’), Scènes coupées pour adultes (8’).