L’I.A. DU MAL
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AFRAID – Etats-Unis, Royaume-Uni – 2024
Support : Bluray
Genre : Science-fiction, Horreur
Réalisateur : Chris Weitz
Acteurs : John Cho, Katherine Waterston, Keith Carradine, Havana Rose Liu, Lukita Maxwell, Ashley Romans…
Musique : Alex Weston
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, Français, Allemand et Espagnol
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Espagnol…
Durée : 84 minutes
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 8 janvier 2024
LE PITCH
Curtis et sa famille sont sélectionnés pour tester un nouvel appareil révolutionnaire : un assistant familial numérique appelé AIA. Rapidement le robot apprend les comportements de la famille et commence à anticiper leurs besoins. Il souhaite s’assurer que rien – ni personne – ne se met en travers du chemin de la famille.
HorreurGPT
La démocratisation des IA, s’insinuant partout, industrie et quotidien, leur mélange de potentiel et de menace évidente à la création humaine, fait débat, enthousiasmant certains, en terrorisant beaucoup d’autres. Voilà donc le terreau idéal pour une nouvelle production Blumhouse, avec petit budget, photo lissée et valeurs familiales en bandoulière. Mais sous le vernis lustré quelques bonnes idées résistent (un peu) à la normalisation.
Effectivement capable de donner naissance à quelques œuvres marquantes (Insidious, Sinister, The Visit, Get Out…), le studio Blumhouse fonctionne surtout comme une usine à produits multipliant les franchises étirées jusqu’à l’infinie, ou les concepts dans l’air du temps s’inscrivant tranquillement dans un cahier des charges bien balisé. Pas très loin des précédents, et terriblement laborieux Night Swim et Imaginary, mais avec une petite dose technologique à la M3gan en plus, L’I.A. du mal (on préférera le titre US plus sympa AfrAId) répond à tous les canons attendus avec sa sympathique famille bourgeoise menacée de l’intérieure – les trois générations d’enfants permettant de multiplier les points de vues générationnel – et naturellement les nouvelles séquences à jumpscare avec silhouettes menaçantes au bout du couloir et explorations d’une demeure (le fameux cocon) plongée dans le noir. Bien entendu notre couple de parents est toujours amoureux, même si le quotidien et la vie professionnel menacent (pas trop) leur fragile équilibre. Déjà vu ? Même l’arrivée d’un réalisateur comme Chris Weitz, faisant office de sang neuf au sein de l’écurie Blumhouse, ne permet pas de faire varier considérablement les codes couleurs (l’image toujours aussi lisse et standardisée), ni de se démarquer des effets de style maison. Scénariste de Rogue One ou The Creator, mais aussi réalisateur d’essais très aléatoires comme A la croisée des monde ou Twilight 2, il restera sans doute surtout pour beaucoup comme le signataire, aux côtés de son père, du très charmant Pour un garçon avec Hugh Grant et Nicholas Hoult.
Mise à jour
Pas vraiment un auteur, plutôt un faiseur qui n’impose pas vraiment ici sa marque, même dans l’écriture des personnages sans doute juste un peu plus soignée qu’à l’accoutumé (merci aux acteurs plutôt solides qui crédibilisent les dialogues pas toujours subtiles), mais qui au-delà du cadre du film d’horreur Blumhouse, réussit tout de même à venir illustrer quelques questionnements pertinents. En particulier dans cette manière qu’à la fameuse IA, soit Aia version sur-développée de Siri et Alexa, de s’incruster dans le quotidien de sa famille d’accueil en devenant rapidement indispensable dans la gestion des soucis admiratifs, dans la maitrise du planning, les courses, la relecture des projets personnels et même l’éducation des enfants. Un véritable cheval de Troie qui sous couvert de faciliter la vie, en prend naturellement, mais avec une voie suave et chaleureuse, le contrôle de la manière la plus terrifiante qui soit. Un thème largement déjà déployé dans un mémorable sketch du Horror Show XII des Simpson en 2001 avec Pierce Brosnan en guest, qui se teinte ici forcément des derniers sujets d’actualité que ce soit les dérives visuelles des modélisations de Midjourney, les dispositifs espions ou la violence incommensurable des réseaux sociaux. Le plus intéressant restant certainement la trame secondaire autour de l’adolescente Iri (Lukita Maxwell), subissant les pressions de son petit ami pour recevoir une photo dénudée. Image qui sera détournée, transformée en scène porno et diffusée sur les réseaux, mais dont elle réussira à se défendre grâce aux connaissances techniques et juridiques, de Aia, montrant à la fois les dangers et les intérêts de cet outil révolutionnaire.
Pas effrayant pour un sou, largement prévisible et surtout tristement normalisé jusque dans son final eau-de-boudin, l’incomplet L’I.A. du mal ne risque pas vraiment de marquer les esprits ou de délivrer de vraies sensations fortes aux amateurs. Il a au moins le mérite de poser quelques questions, de décrire efficacement les mécanismes d’invasion des nouvelles technologies, et d’apporter quelques débuts de réponses pas si bêtes que cela.
Image
Capturé comme il se doit intégralement dans un numérique de haute volée, AfrAId se présente des plus naturellement sur Bluray avec une définition plutôt solide et creusée, des couleurs, essentiellement sombres et éteintes, bien contrastées. Des cadres toujours propres et léchés, dotés d’un léger relief et d’une profondeur sobrement marquée qui ne souffre d’aucun soucis de compression ou décrochage de l’affichage. Solide. Propre. Confortable.
Son
Carrées et efficaces, les pistes DTS HD Master Audio 5.1 font parfaitement le job avec une dynamique efficace, jouant essentiellement sur les quelques indices « informatiques », les petites jumpscare et les rares moments de tension. L’enveloppement peut se faire plutôt prégnant mais pas vraiment de surprises à noter. Solide. Propre. Confortable.
Interactivité
AfRaid est accompagné d’une petite featurette ultra-promo qui ne nous apprend pas grand-chose et qui permet surtout à toute l’équipe de s’extasier sur l’aspect visionnaire (sic) du projet et les talents de Chris Weitz. Quelques instants sur la conception physique d’Aia relèvent un peu le niveau mais cela est bien court.
De leurs cotés les scènes coupées ou rallongées ajoutent quelques détails dramatiques dans la première rencontre entre Curtis et Melody et un bref échange avec le patron Marcus qui explicite le trouble du père de famille, mais rien qui ne change vraiment le visage du film.
Liste des bonus
Dark Side of AI (6’), Scènes coupées (15’).