L’HOMME SANS VISAGE
The Man Without A Face – Etats-Unis – 1993
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Mel Gibson
Acteurs : Mel Gibson, Nick Stahl, Margaret Whitton, Fay Masterson, Gaby Hoffman, Geoffrey Lewis…
Musique : James Horner
Durée : 110 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 15 avril 2021
LE PITCH
Été 1968. Justin McLeod est un ancien instituteur qui vit en solitaire sur le bord de la ville. Son visage fut défiguré après un accident de voiture dans lequel un de ses élèves est mort et pour lequel il a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Il est également soupçonné d’être un pédophile. Il se lie d’amitié avec Chuck, un enfant désirant rentrer dans une école militaire. McLeod inculque à son protégé un amour de la justice et la liberté contre les injustices.
Cœur vaillant
Loin de l’épique guerrier de Braveheart, Apocalypto et Tu Ne Tueras Point ou du lyrisme de La Passion du Christ, L’Homme Sans Visage, la première réalisation de Mel Gibson est sans doute le film le plus oublié de la filmographie de l’acteur mais n’en est pas pour autant inintéressant à voir ou à revoir car il porte en lui les germes de ce que l’on retrouvera dans ses futurs films…et dans sa vie.
Projet typique du cinéma américain des années 90, qui voyait se multiplier les adaptations de romans à succès du moment, mettant en scène différents combats contre les injustices sociales, judiciaires ou politiques, L’homme Sans Visage était le parfait véhicule à Oscars pour son studio Warner Bros.
Tiré du roman du même nom d’Isabelle Holland, l’histoire raconte l’amitié entre un jeune adolescent atteint de troubles mentaux avec un homme, ancien professeur, vivant à l’écart de la société suite à un accident le laissant défiguré et dont la relation qu’il entretenait avec son élève, décédé dans ce même accident, est la source de nombreuses rumeurs à son sujet. Rien ne semble vraiment différencier ce projet des autres mélodrames hollywoodien que l’on pouvait voir à l’époque, si ce n’est que L’Homme Sans Visage en plus d’être interprété par Mel Gibson, l’une des plus grandes stars de l’époque, est aussi sa première expérience dans la réalisation. L’acteur avait déjà fait quelques tentatives de projets comme le Hamlet de Zefirelli ou Forever Young de Steve Miner, lui permettant de sortir de l’image d’homme d’action associé à Martin Riggs ou Mad Max, et cette adaptation produit par sa propre boite de production, Icon Entertainment International, créée quelques années auparavant, était l’occasion rêvée de casser cette image, devant et derrière la caméra.
Larmes Fatales
Si l’on découvre L’Homme Sans Visage aujourd’hui, on pourra être étonné de la mise en scène assez timide quand on sait ce qu’il en fera dès son second film, ce que ce premier essai confirme par contre c’est un indéniable sens du rythme lors des dialogues et, surtout, le talent de l’acteur dans la direction d’acteur. Si Mel Gibson tient le rôle principal c’est surtout par défaut puisqu’à la base, le rôle avait été proposé à Jeff Bridges et William Hurt, Gibson préférant se concentrer sur la réalisation, mais leur indisponibilité contraint le réalisateur à finalement endosser le rôle-titre. Une décision judicieuse puisque la relation professeur-élève qui lie Justin et Chuck semble se nourrir de celle de réalisateur-acteur entre Mel Gibson et Nick Stahl et en ressort comme le point le plus réussi du film.
Adoptant uniquement le point de vue du jeune adolescent, le film oscille entre une innocence enfantine toujours présente et le début de l’entrée dans l’âge adulte, les conversations entre amis peuvent aussi bien porter sur les comic-books que sur les filles et ses disputes avec ses sœurs vont de la chamaillerie avec la plus jeune aux disputes violentes avec l’ainée. Cette dichotomie présente partout dans le film est parfaitement symbolisée par le trouble psychologique dont souffre Chuck qui lui fait brutalement couper tout contact avec le monde extérieur pour se réfugier dans un monde onirique ce qui lui donne une vision du monde altéré et le rapproche naturellement de la solitude de Justin McLeod car si Chuck souffre de cette dissociation à l’intérieur de lui, Justin la porte sur son corps. Grand brulé à la suite d’un accident de voiture où a péri un de ses anciens élève, le professeur vit à l’écart de la ville et est la source de toute sorte de rumeurs, suscitées avant tout par sa condition physique plutôt que par l’accident qui l’a engendré. L’histoire met donc en avant l’hypocrisie d’une société qui met l’apparence comme valeur première d’acceptation au point que tous possèdent un double visage (en public et en privé) et que les marginaux, de par leur rejet, semblent finalement être les plus intègres et humains de tous.
Un message bienveillant, illustré par la très belle scène où Justin et Chuck jouent le monologue de Shylock du Marchand De Venise, qui met en exergue la peur et la haine des différences, qui pousse à dénier l’humanité de l’autre. Si cette scène à l’époque pouvait être vu comme un clin d’œil à un autre personnage de Shakespeare que Mel Gibson (grand admirateur de l’auteur) avait interprété, Hamlet, la revoir de nos jours fait inévitablement tiquer quand on connait les propos antisémites et homophobes que l’acteur a lui-même tenu plusieurs fois. Une dichotomie qui se retrouve donc aussi chez Mel Gibson, (et qu’il mettra aussi en scène dans La Passion Du Christ puisqu’après avoir filmé avec empathie la souffrance de Jésus il filmera sa propre main en train de le crucifier) et qui permet de mieux comprendre l’intérêt qu’il porta au script du film et son regard pas totalement négatif sur les autres personnages. Notamment ceux de la mère et la grande sœur de Chuck présentées, l’une comme superficielle, et l’autre extrêmement méchante, mais qui laissent transparaître plusieurs fois (encore dans l’idée des différents visages) une douleur liée à la perte du père de Chuck.
L’Homme Sans visage est donc un premier essai intéressant dans les thématiques déjà présentes que Mel Gibson allait aborder par la suite dans son cinéma (et qui est sans aucun doute un vrai cinéma d’auteur) mais sans encore la maestria visuelle qu’il va mettre en place à partir de son film suivant. Mais si vous ne voulez pas tout de suite rentrer des choses sérieuses (c’est à dire la violence brut) le film reste tout de même une excellente porte d’entrée dans l’univers de ce réalisateur aux nombreux visages.
Image
Malgré quelques plans tirant parfois sur le rouge, le blu-ray bénéficie d’un excellent transfert. L’image possède un bon piqué et la photographie, typique des reproductions des années 60, avec ses couleurs très marquées que ce soit dans les costumes, les maisons blanches et les gazons bien verts, est parfaitement rendue.
Son
L’Homme Sans Visage est clairement le film de Mel Gibson le plus « calme » au niveau l’ambiance sonore mais les deux pistes audios proposées, VO et VF, sont toutes les deux mixées en DTS-HD 5.1. Et même si la version française est un peu étouffée que la version originale, les deux ont un très bon rendu et laisse la part belle au principal, les voix des acteurs et la très belle musique de James Horner.
Liste des bonus
Aucun.