L’HOMME AU FUSIL
A Man with a Gun – États-Unis – 1955
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Richard Wilson
Acteurs : Robert Mitchum, Jan Sterling, Karen Sharpe, Emile Meyer, John Lupton
Musique : Alex North
Durée : 84 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 7 avril 2022
LE PITCH
Clint Tollinger, une fine gâchette à la recherche de sa femme, la retrouve meneuse de filles dans une ville quadrillée par les sbires d’un propriétaire terrien local qui joue les potentats et terrorise shérif et population. Pour 500 dollars de gage, Clint accepte de nettoyer la ville…
Le colt entre deux chaises
Réédité en Blu-Ray, L’homme au fusil s’il n’est pas un grand western malgré quelques coups d’éclat demeure un film plutôt rare qui mérite vraiment d’être redécouvert. Anticipant par moment le « western crépusculaire », ce film de Richard Wilson vaut surtout le coup d’œil pour admirer l’excellente interprétation d’un Robert Mitchum surprenant et touchant.
Un pistolero, joué par Leo Gordon second couteau récurent du western américain, arrive en ville à cheval. Le chien d’un petit garçon se met à lui aboyer dessus, et sans autre forme de procès… le cavalier lui tire une balle ! C’est par cette scène choc et rare dans le genre à l’époque, le film est sorti en 1955, que L’homme au fusil démarre. Et ainsi à plusieurs moments, une cruauté et une violence plus typique du western des années 1970 imprègnent une histoire qui d’un autre côté remplit totalement le cahier des charges du style classique d’alors avec notamment une « happy end » convenue et un peu décevante.
D’ailleurs, Michael Winner semble s’être beaucoup inspiré du premier film de Richard Wilson pour son Lawman de 1970, un pur et dur « western crépusculaire »., qui reprenait ce personnage de « pacificateur » redouté aussi bien par les bandits que par les villageois… Même si on pourrait reprocher à Wilson de ne pas tenir toutes les promesses de l’ouverture et d’avoir un peu le colt entre deux chaises en oscillant entre un certain nihilisme et un pur classicisme, l’ancien fidèle assistant d’Orson Welles s’en tire plutôt bien pour une première réalisation. Malgré la modestie du budget qui se ressent cruellement avec un village western « de carton-pâte », cet Homme au fusil se montre efficace et en 84 petites minutes, Robert Mitchum et le bon casting qui l’accompagne parviennent à maintenir une tension permanente.
Robert l’amoureux…
Le véritable atout du film est sans conteste la présence, d’ailleurs surprenante vu le peu de moyens de cette première production de Samuel Goldwyn Jr., d’un Robert Mitchum totalement investi dans son rôle ambigu de faiseur de veuves préoccupé par sa relation avec son ex-femme et sa fille. Avec sa nonchalance légendaire, il erre dans le film et dans le village tel un spectre annonçant une tragédie à venir. Épris d’une Jan Sterling à la la limite du rôle de maquerelle, « dragué » par la volontaire Karen Sharpe et l’ingénue Barbara Lawrence, Mitchum dévoile une mélancolie et une sensibilité qui à elles seules valent le détour. Il convient d’ailleurs de noter que les femmes ne font pas ici de la figuration et qu’elles influent fortement sur le récit. Parmi elles, on reconnaîtra la jeune et déjà très charmante Angie Dickinson dans l’un de ses premiers rôles. La performance de Mitchum culmine lors de la meilleure scène du film, où alors qu’il vient d’apprendre la disparition d’un proche le nettoyeur de villes, promu assistant du shérif, pète littéralement un câble en allant provoquer un bandit, joué par l’excellent Ted DeCorsia, et en mettant le feu à son saloon. La scène nocturne avec le village en proie aux flammes et un Mitchum à la fois exalté et perdu, tel un malade, restera longtemps imprimée dans les rétines.
Malgré quelques faiblesses et une réalisation un peu trop neutre, le long-métrage de Richard Wilson évite toutefois les fioritures en allant à l’essentiel et s’avère donc clairement à redécouvrir pour les amateurs du genre et les fans de Robert Mitchum. Et avec ses accès de violence sèche et brutale, L’homme au fusil mine de rien annonce à sa manière l’arrivée du western plus ambigu et moins moraliste de la fin des années 1960.
Image
La copie présentée a vu son image être restaurée et le résultat est bien satisfaisant. L’image est assez lisse, avec tout de même la présence d’un grain léger, et peu de traces d’usure à déplorer. Un Master HD réussi avec un beau noir et blanc contrasté et une définition très correcte.
Son
Le son via un Master audio 1.0 a également été restauré. La V.O. est plus claire alors que la VF manque de souffle et de naturel.
Interactivité
C’est avec grand plaisir que l’on retrouve une ancienne intervention du regretté Bertrand Tavernier à propos du film. Il nous rappelle que Richard Wilson avait une certaine aura dans le milieu de la cinéphilie française du fait de ses nombreuses collaborations avec Orson Welles. Malgré tout il aura une carrière « décevante » en solo, et opérera une sorte de remake de L’homme au fusil justement en 1964 avec Les mercenaires de la nuit. Jean-François Giré se montre finalement le plus tendre des intervenants avec ce film en soulignant la qualité de la photographie, « l’humanité » que dégage Mitchum et le caractère étonnant de certaines scènes. Enfin Patrick Brion et Jean-Claude Missiaen chantent les louanges de l’emblématique Robert Mitchum lors d’une courte remise en contexte du film pour le premier et avec une petite biographie en forme d’hommage pour le second.
Liste des bonus
Présentation du film par Bertrand Tavernier (15’), par Patrick Brion (4’), par Jean-François Giré (13’); Robert Mitchum par Jean-Claude Missiaen (6’); Bande-annonce (2’).