L’HOMME AU BRAS D’OR
The Man with the Golden Arm – États-Unis – 1955
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Otto Preminger
Acteurs : Frank Sinatra, Kim Novak, Eleanor Parker
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 119 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 11 juillet 2023
LE PITCH
Frankie Machine revient chez lui après un séjour en cure de désintoxication. Après s’être découvert un talent pour les percussions, il rêve de faire carrière, au grand dam de sa femme handicapée, Zosh, qui le veut loin de cette vie de tentation. Mais l’ambition et les fréquentations de Machine le font replonger dans la drogue…
Chasing the Dragon
Si la combinaison metteur en scène, interprètes, compositeur peut faire des miracles, L’homme au bras d’or qui ressort aujourd’hui en haute définition a surtout marqué les esprits en son époque pour s’attaquer à un sujet jusque-là tabou.
L’Amérique est victime du code Hays qui sévit alors dans tout le pays. La censure est partout et bien malin celui qui arrive à la contourner. Les studios et plus particulièrement les metteurs en scène rusent allègrement pour la déflorer. Ça en est presque devenu un sport national. Le roman de Nelson Algren traitant des addictions à la drogue fait de l’œil aux producteurs depuis des années mais son sujet trop subversif et amoral le met au placard in fine. Mais pour Otto Preminger franc-tireur que rien n’arrête, poule aux œufs d’or des studios et chouchou des critiques, le sujet ce n’est pas un problème. Le réalisateur prend à bras le corps le film et commence par remanier l’histoire originale à sa sauce évinçant par la même occasion la critique de l’Amérique présente dans le roman pour se rapprocher plus facilement de son public de prédilection. Quitte à se battre avec la censure ou à sortir son film sans autorisation officielle, son Homme au bras d’or sera le premier film hollywoodien à parler de la drogue d’une manière aussi frontale.
Engrenage
Otto Preminger en vrai despote arrive à imposer non seulement sa vision à la production mais également la texture de son film. En confiant l’affiche de son film et son générique d’introduction au conceptuel Saul Bass, il définit d’emblée le ton oppressant de son sujet. Il embauche dans la foulée le compositeur Elmer Bernstein pour qu’il interprète une partition aux allures jazzy tantôt enjouée tantôt tourmentée. Ses composantes d’importances contribuent à l’osmose entre son protagoniste et sa descente aux enfers. Piquant le rôle de justesse à Marlon Brando avec qui il est fréquemment en compétition, Frank Sinatra trouve un rôle en or pour sa deuxième course vers l’Oscar. Son rôle calibré pour la statuette le voit petit à petit replonger dans son ancienne vie sitôt avoir reçu sa carte « libéré de prison ». Là-bas, grâce à un programme de réhabilitation, il a pu décrocher de l’emprise du jeu et de la drogue trouvant en la musique et plus particulièrement le jazz un palliatif à son addiction. Ce substitut lui permet de s’occuper l’esprit pour ne plus avoir à penser. Malheureusement, sa plongée n’en sera que plus difficile. Bien qu’encensé, on est en droit de trouver cette mise en abyme rapide et facile. Il suffit de peu d’éléments déclencheurs et téléphonés pour réactiver ce vieux démon. Un problème de couple, un retour aux anciennes affaires, une audition manquée. Plus dure sera la chute mais aussi gratifiante sera la rédemption et difficile le sevrage qui s’ensuivra. Preminger semble plus s’intéresser à l’étude et aux effets des narcotiques qu’à la lente déchéance de son protagoniste. Nous sentons le personnage dès le départ facilement influençable et Sinatra a cette lourde tâche de nous y faire croire, quitte à forcer le jeu. Trop peut-être. L’acteur s’applique à son rôle ; officieusement rattaché à des gens du milieu dans la vie privée, il a sans doute observé de trop près le sujet qu’il dénonce dans le film. Son interprétation plaît. Une fois n’est pas coutume, l’entente entre le crooner et le metteur en scène dictateur passe à merveille. Chose plus difficile pour Kim Novack et Eleanor Parker, les actrices gravitant autour de la star. Celles-ci doivent encore faire leurs preuves auprès du cinéaste.
Résultat des courses, Frank Sinatra se verra voler l’Oscar par Ernest Borgnine pour son interprétation dans Marty. Déçu, il dira l’avoir reçu pour le mauvais rôle-celui d’Angelo Maggio dans Tant qu’il y aura des hommes. Mais comme il avait pour partenaire le grand Borgnine, ce n’est qu’un juste retour des choses. C’est aussi ça la magie du cinéma, ne pas faire de jaloux.
Image
Remastérisée selon sa source pellicule, L’homme au bras d’or conserve sa magnifique texture noire et blanc aux nuances marquées. Si la profondeur n’est pas toujours exemplaire avec quelques défauts de pellicule. Nous avons ici une copie plutôt propre vu l’âge du film.
Son
Comme à l’accoutumée, la version originale est bien plus performante que la piste française. Bien plus ample et dynamique, elle trouve un bon équilibre entre les pistes voix et la musique très jazzy de Elmer Bernstein.
Interactivité
Un seul item complète le film. Il s’agit d’une intervention d’Eddy Moine (fils d’Eddy Mitchell) qui prend ici la place d’historien du cinéma pour remettre le film dans son contexte en période troublée de code Hays. Un peu maigre.
Liste des bonus
Le film par Eddy Moine (20’), Bandes-annonces de la collection.