L’EXTRAVAGANT MR DEEDS
Mr Deeds Goes to Town – Etats-Unis – 1936
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Frank Capra
Acteurs : Gary Cooper, Jean Arthur, George Bancroft, Lionel Stander, Raymond Walburn…
Musique : Howard Jackson
Durée : 115 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Français, Anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Wild Side Vidéo
Date de sortie : 16 mars 2022
LE PITCH
Longfellows Deeds, jeune homme tranquille et naïf, se rend à New York pour percevoir un héritage. Un avocat véreux et une journaliste à sensation mettent à profit sa candeur à des fins personnelles…
Quintessence positive
On parle souvent de la magie du cinéma de Capra, de ses films universels et intemporels. Avec le temps, bon nombre de metteurs en scène atteignent ce statut de respectabilité car ils font partie d’un autre temps, d’un autre monde. Capra, lui traverse les décennies, voire le siècle sans avoir à être reconnu par l’intelligentsia cinéphile tant il s’impose dans l’inconscient collectif. Car si ses films peuvent à certains moments paraître un tantinet désuet, ils ont cette force d’être toujours d’actualité, de prôner des valeurs immortelles à mettre devant tous les yeux !
La générosité de Capra est telle qu’elle déborde sur ses personnages. Ses films lui ressemblent et son idéologie transpire d’un bout à l’autre de ses bobines. Lui, l’immigré sicilien venu faire son trou sur la terre promise du pays où tout est possible. Il est le symbole de la réussite à l’américaine. Parti de rien pour arriver à tout, c’est seul qu’il s’est formé et a gravi les échelons. Débutant par hasard comme scénariste puis gagman pour Mark Sennett, il réussit à force de persévérance et de culot à rentrer chez Columbia comme réalisateur. Du studio fauché et peu regardant, épuisé de courir après la respectabilité des majors établies, il lui apporta gloire et prestige à coup de succès et d’Oscars. La recette du réalisateur paraît simple mais efficace. Parler de monsieur tout-le-monde et de l’humanisme qui sommeille en chacun, tout en s’élevant avec finesse contre les travers de la société. En fin observateur, Capra retranscrit sa vision du monde en essayant d’y apporter ses réponses.
La vie est (peut-être) belle
Après avoir fait rentrer la Columbia dans son prestige avec le triomphant New-York-Miami où Clark Gable et Claudette Colbert s’affrontaient verbalement pour le plus grand plaisir de tous, Capra continue à puiser dans le giron des comédiens hollywoodiens pour mieux casser leur image. Pour ce faire, il va utiliser l’acteur fétiche d’Hathaway ; le pistolero et aventurier Gary Cooper. L’acteur au charme décontracté s’habille de toute la fragilité voulue par son metteur en scène pour incarner ce Monsieur Deeds : provincial un peu farfelu et nouvellement riche héritier de vingt millions de dollars. Forcément, autant de billets verts attirent son lot de vautours. Obligé de contrôler ce nouvel empire en direct de la big Apple, le petit provincial deviendra malgré lui le sujet de toutes les conversations et de toutes les moqueries. Capra vise de son regard acerbe cette haute société incapable d’accueillir ces “nouveaux parvenus” dont Capra fait assurément parti. Il accompagne son personnage d’une Jean Arthur, journaliste en quête de scoops qui finira par succomber au charme du nouveau dandy à la mode. L’actrice qui dû renoncer au rôle de Scarlett O’Hara face à Vivien Leigh fut une bénédiction pour la carrière de Capra en l’adoptant comme son actrice fétiche. Sa fraicheur sied tellement bien à son univers. Film fondateur de la Capra’s Touch, L’Extravagant Mr Deeds est un démontage en bon et due forme du système capitaliste ricain. Par excès de bonté, Deeds, surnommé par les commérages Mr Cendrillon devra se justifier devant les tribunaux (comme le fera James Stewart dans Monsieur Smith au Sénat du même Capra) pour mettre à mal le mode de pensée d’une société gangrenée par l’individualisme. Grand manipulateur de la mise en scène, le cinéaste innove pour son époque en accélérant le rythme de jeu de ses acteurs dans une simplicité déconcertante d’efficacité loin des artifices grossiers dont certains usent et abusent pour provoquer une étincelle d’émotion.
Cinéaste généreux par excellence, Frank Capra reste l’auteur majeur de la positivité. Qu’importe si l’on trouve son cinéma simpliste voire utopiste. Pour reprendre les mots de Sam Gamegie dans Le Seigneur des Anneaux et qui pourrait lui servir de résumé : “Il y a du bon en ce monde, Monsieur Frodon, et il faut se battre pour cela.” ! Un film à montrer à tous les dirigeants en mal de guerre.
Image
La restauration est de premier ordre tant celle-ci est pointue. Les noirs et blancs sont de toute beauté, la précision de l’image est aussi propre que bien définie. Il n’en fallait pas moins pour un film de patrimoine comme celui-ci.
Son
La version originale est d’une belle fluidité, claire et sans souffle notable. Pour la version française, il s’agit d’une piste réalisée dans les années 80 moins définie que la VO, car comme l’explique un carton en début de métrage, celle-ci était devenue inexploitable. De toute façon, il n’y a pas à tergiverser, ruez-vous sur la piste originale rien que pour entendre la voix si particulière de Jean Arthur.
Interactivité
Encore une édition bien fournie de la part de Wild Side. Outre son livret accompagnant cette édition collector et limitée, celle-ci propose des bonus non dénués d’intérêt dont un, remarquable interview de Monsieur Capra filmée en 1983 qui revient sur son ascension au sein des studios. Christian Viviani, rédacteur chez Positif propose une analyse du réalisateur où la comédie alterne avec ses discours politiques. Cerise sur ce gâteau appétissant, le commentaire audio du film où Capra Junior explique le travail de papa entre deux anecdotes de tournage. Vous attendez quoi pour l’acheter ?
Liste des bonus
Commentaire audio de Frank Capra Jr., interview de Frank Capra dans l’émission « Cinéma cinémas » février 1983, 14’, « Capra, une Amérique aux deux visages » : Frank Capra par Christian Viviani 24’, « Deeds ou le faux candide » : analyse du film par Christian Viviani 30’, Bande-annonce 1’, livret de 38 pages.