L’ÉTÉ EN PENTE DOUCE
France – 1987
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Gérard Krawczyk
Acteurs : Jean-Pierre Bacri, Pauline Lafont, Jacques Villeret, Guy Marchand, Jean Bouise, Jean-Paul Lillenfield…
Musique : Roland Vincent
Durée : 100 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : audiodescription
Éditeur : Tamasa Diffusion
Date de sortie : 10 juin 2022
LE PITCH
En échange d’un lapin cédé à son voisin, Fane reçoit Lilas, brave fille innocente et sensuelle, avec laquelle il décide de partir, tout plaquer pour rejoindre la maison familiale, dans le Sud de la France, où il retrouve son frère, Momo. Il débarque le jour de l’enterrement de sa mère. La tenue légère de la pulpeuse Lilas ne manque pas de choquer les bigotes. Les problèmes commencent…
Marilyn à la campagne
Surtout connu de nos jours pour ses réalisations des années 2000 produites par Luc Besson (Taxi 2, 3 et 4, Wasabi…), Gérard Krawczyk avait réalisé une petite pépite de comédie douce-amère avec L’été en pente douce en 1987, son deuxième long-métrage. La ressortie du film en Master HD nous permet aussi de retrouver un talent malheureusement parti trop tôt, l’incandescente Pauline Lafont qui crevait ici littéralement l’écran en Marylin perdue dans la campagne du Sud-Ouest.
Quand on regarde la filmographie de Gérard Krawczyk, on ne peut qu’être un peu frustré, comme lui-même d’ailleurs, qu’il n’ait pas réalisé plus de films. Tourné la même année que son premier long-métrage, Je hais les acteurs, L’été en pente douce annonçait effectivement une grande carrière d’un cinéaste sachant à merveille allier comédie et film noir. Mais suite à ces deux premières réussites, Krawczyck sera pris au piège d’un contrat de production l’empêchant de continuer sur sa lancée. Et il faudra attendre les années 2000 pour le voir de nouveau régulièrement à l’œuvre mais sur des réalisations malheureusement moins qualitatives comme par exemple le remake de L’auberge rouge ou Taxi 4 qui lui avaient valus deux nominations au prix du…Gérard du plus mauvais film de l’Histoire du cinéma en 2007 !
Plus proche d’un César que d’un Gérard, cet Eté en pente douce avait permis de consacrer une star naissante de 24 ans, Pauline Lafont, la fille de Bernadette. Comme dirait le personnage de Fane, joué par Bacri, « elle ressemble comme Marylin Monroe » et sa simple présence électrise l’atmosphère, excitant les hommes et leurs consciences. Echangé contre un lapin (?) par un voisin des plus savoureux joué par Jean-Paul Lillenfield (également coscénariste) qui la battait, elle représente à merveille la femme victime de son apparence, réduite à subir les rumeurs et les regards libidineux… Sans doute promise au plus bel avenir, elle décédera malheureusement un an plus tard dans un accident lors d’une randonnée.
Famille et dépendances
Passionné de photographie, Krawczyck, en plus d’un habile scénario tiré du livre de Pierre Pelot, donne un véritable cachet à son film qui baigne dans la lumière et la chaleur du Sud-Ouest. Tourné en Scope, un ton « western » est bien présent avec des visages filmés tels des paysages, deux frères garagistes qui souhaitent exproprier Fane et Momo, la rumeur du village…Le tout souligné par une excellente composition musicale de Roland Vincent rehaussée par un harmonica irrésistible.
A l’instar de sa première réalisation, cette deuxième de Krawczyck est un véritable film d’acteurs au casting impressionnant. Encore peu connu alors, Jean-Pierre Bacri construit sa légende de bonhomme râleur au bord de l’explosion. Il est à noter que le rôle devait être tenu par Coluche, qui entretemps croisa un « putain de camion » à l’été 1986… D’ailleurs, un clin d’œil lui est fait avec une photo de l’humoriste sur le casier de Fane, boucher à Mammouth au début du film. La collaboration entre l’acteur et le cinéaste avait été appréciée mutuellement et lorsque Bacri et Jaoui entreprennent de faire Cuisine et dépendances en 1993, Krawczyck fut pressenti à la réalisation mais en fût empêché par son producteur…Le duo de frangins Bacri-Villeret est excellent, et ce dernier trouve un rôle touchant et surprenant, parvenant même à « séduire » Pauline Lafont dans un parfum de scandale familial. Et que dire du reste de la troupe entre un Guy Marchand en « latin lover » écoutant les sérénades italiennes dans son Alfa Romeo, un Jean Bouise en mécano désabusé, un Chabrol en curé pressé, un Besnehard en notaire vicieux…
La sortie de cette version restaurée en Blu-Ray est donc un véritable régal nous permettant de redécouvrir ce film culte qu’on avait fini par oublier. Saluons donc l’initiative de Tamasa pour cette belle édition d’un film protéiforme, à la lisière du film noir et du western, drôle et poétique, magnifié par la lumière et la sensualité de Pauline Lafont.
Image
Numérisé et restauré en 4K par L’image retrouvée, le film n’a sans doute jamais été aussi beau. Les couleurs sont éclatantes, les noirs intenses, le grain présent comme il faut. Le niveau de détails est impressionnant tout comme la profondeur de champ… Un très joli travail.
Son
Avec de tels acteurs, les dialogues enlevés et percutants sont parfaitement rendus par la piste DTS-HD. Et la musique de Roland Vincent a toute l’ampleur qu’elle mérite.
Interactivité
Un seul bonus pour clore cette édition de qualité avec une interview où Gérard Krawcczyk revient à la fois sur son parcours et sur le film. On apprend ainsi qu’il fut « attaché » à un producteur qui lui avait fait signer un contrat de cinq ans durant lesquels aucun projet n’arrivera à terme, l’obligeant à se tourner vers le milieu de la pub… En ce qui concerne sa filmographie, il assure n’avoir « aucun regret » et « assume ses choix ».
Sur le film, on apprend que Jacques Villeret ne fut pas toujours très sobre sur le tournage mais « c’est le seul comédien qui jouait aussi bien sous l’emprise de l’alcool ! ». Quant à Pauline Lafont, qu’il avait déjà embauché sur son premier film, il affirme « qu’il n’existe pas d’autre actrice comme elle. »
Liste des bonus
L’été avec Gérard Krawczyk (40’), Bande-annonce (2’).