LES TUEURS SONT NOS INVITÉS
Gli assassini sono nostri ospiti – Italie – 1974
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Vincenzo Rigo
Acteurs : Luigi Pistilli, Giuseppe Castellano, Margaret Lee, Anthony Steffen, Gianni Dei, Livia Cerini
Musique : Roberto Rizzo
Image : 1.85 16/9
Son : Italien DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titre : Français
Durée : 87 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 décembre 2022
LE PITCH
Franco, Eliana et Mario dévalisent une bijouterie à Milan et prennent la fuite. Franco, ayant été blessé lors de la fusillade avec la police, les criminels prennent la décision de se réfugier temporairement dans une villa isolée. Là, ils obligent le propriétaire des lieux, le Dr Malerba, à soigner Franco, et contactent Eddy, le chef de l’organisation. Alors que le trio attend son arrivée, la tension monte peu à peu dans la maison…
Braquage à tous les étages
Petit thriller à l’italienne parmi tant d’autre, à priori distribué en retard par chez nous et dans une version tronquée, Les Tueurs sont nos invités rencontra cependant un joli petit succès en Italie. Exhumé par Le Chat qui fume, cette série B qui pioche dans toutes les modes de l’époque s’avère une curiosité plutôt engageante.
Dans son intervention proposée en supplément de l’édition Bluray, Vincenzo Rigo raconte parfaitement comment dans cet âge d’or du cinéma populaire italien les projets de film pouvaient apparaitre de manière inopinée et sans vraiment de véritable logique autre que commerciale. Ici une nouvelle coopérative cinématographique qui dégotte un vague scénario autour d’un casse foiré et qui décide d’en faire leur premier film. Ils engagent à la réalisation un metteur en scène débutant, ex-chef op déjà assez discret, et le laisse se dépêtrer à la réécriture, pour constituer un casting un chouia aguichant puis donner corps à un spectacle saisissant dans quelques rares décors et un tournage limité à l’extrême. Si Rigo ne tournera pas la suite que deux longs métrages tout aussi rares (Passi furtivi in una notte boia et Lettomania) et disparaitra dans les coulisses de la télévision, il est cependant évident ici qu’il avait une imposante capacité à faire beaucoup avec peu. L’introduction par exemple, le braquage de la bijouterie suivi de la poursuite dans les rues milanaise se montre particulièrement nerveuse, sèche et énergique pour faire oublier les cadres resserrés et les petites imperfections techniques.
Péril en la demeure
Un démarrage de Poliziottesco, avec sa bande de braqueurs limites amateurs et violents, qui se détourne du coté du récit de prise d’otages aux contours de Home Invasion lorsque pour sauver l’un d’eux blessé par balle, ils se replient dans la maison d’un médecin tout proche. Exit la castagne, Les Tueurs sont nos invités repose dès lors sur une lente tension qui se distille entre les délinquants et le couple bourgeois obligé de les accueillir. Atmosphère d’autant plus oppressante que les braqueurs sont loin d’être des amis proches et que le médecin (Anthony Steffen qui s’échappe un peu du western) et sa femme murissent quelques rancœurs accumulées. Madame surtout, reprochant la lâcheté de son mari, se révèle peu à peu une épouse frustrée fricotant avec la jolie Margaret Lee (Le Trône de feu, Le Soleil des voyous…), masturbant un fêtard trop pressant à la porte de la maison ou repoussant une tentative de viol d’un preneur d’otage répugnant avant de s’offrir à lui quelques bobines plus loin. Comme souvent dans les films italiens de ce type la médiocrité des criminels n’a rien à envier à la moralité douteuse de la bourgeoisie ritale, et Les Tueurs sont nos invités plonge ses gros doigts dans quelques ingrédients du giallo de machination, n’hésite pas à pousser assez loin sa logique avec un petit twist improbable mais assez efficace. Si effectivement le scénario, un peu décousu avec particulièrement une enquête policière en marge menée par Luigi Pistilli (une gueule vue chez Leone, Corbucci, Martino…), n’a pas toujours de larges épaules, Vincenzo Rigo réussit à l’habiller d’un découpage solide et de quelques effets de montages élégants et bien sentis qui font la différence. Pas un incontournable classique, mais un thriller suffisamment court et intense pour séduire les amateurs.
Image
Le Chat qui fume nous annonce une première mondiale pour Les Tueurs sont nos invités et sa toute nouvelle restauration HD. Un résultat particulièrement impressionnant pour un film finalement resté assez rare avec un tout nouveau scan 4K des négatifs et un nettoyage soigné et approfondi. Le résultat est sans appel avec des cadres particulièrement propres, une définition idéale et un rendu harmonieux et vibrant du très présent grain de pellicule et des argentiques. Pas en reste, les couleurs sont éclatantes et impeccablement contrastées. Une petite merveille.
Son
Le film nous parvient uniquement avec une piste italienne mono retransposée sur un DTS HD Master Audio plus moelleux. Le mix est clair, sobre et toujours équilibré. A noter quelques inserts sonores en anglais résultat sans doute que quelques altérités de montage lors de sa distribution initiale et de la présence ici du montage le plus complet existant.
Interactivité
Digipack trois volets, fourreau cartonné du plus bel effet, voilà un nouveau packaging tout à fait réussi. Sur le disque un seul supplément certes, mais cette longue interview du réalisateur se révèle particulièrement complète et regorge de petites anecdotes et de bons souvenirs. Vincenzo Rigo passe en revue chacun des acteurs, leurs qualités et leurs défauts, ne cache pas les faiblesses du scénario et les limites budgétaires du projet, revient sur les évolutions du script, les rares lieux de tournages, ses efforts pour dynamiser l’ensemble et le succès plus que surprise de ce qu’il appelle lui-même un film de 3ème catégorie. Un monsieur franc et assez touchant dans sa profonde modestie et le plaisir que lui procure les souvenirs d’une luxueuse première dans une des plus belles salles de l’époque.
Liste des bonus
« Braquage à Milan » : interview de Vincenzo Rigo (47′).