LES SEIGNEURS DE DOGTOWN
The Lords of Dogtown – Etats-Unis – 2005
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Catherine Hardwicke
Acteurs : John Robinson, Emile Hirsch, Rebecca De Mornay, Heath Ledger, William Mapother, Julio Oscar Mechoso, Victor Rasuk, …
Durée : 110 minutes
Image : 1.85:1, 16/9ème
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1, Français, Allemand et Italien Dolby Audio 5.1
S-T : Français
Editeur : Sony Pictures
Date de sortie : 1er mars 2023
LE PITCH
Au milieu des années 70, dans les rues de Dogtown, un quartier de Venice Beach, en Californie, Stacy Peralta, Tony Alva et Jay Adams, trois adolescents pratiquant le surf et le skateboard vont connaître un succès qui va les dépasser et les éloigner les uns des autres…
Du pain sur la planche
Aussitôt vu, aussitôt oublié. Le constat est sans appel pour le second long-métrage de Catherine Hardwicke (Thirteen, Twilight Chapitre 1). Très appliquée, la cinéaste investit pourtant beaucoup de son énergie dans la reconstitution de tout un pan – relativement obscur pour le spectateur français, il faut bien le dire – de la street culture californienne des années 70. Le casting, en or massif, ne suffit pas à nous impliquer dans une chronique adolescente sans queue ni tête et sans passion.
À l’origine des Seigneurs de Dogtown, on trouve un documentaire de 2001, Dogtown and Z-Boys, sur l’essor des compétitions de skateboard, une discipline marginale qui se développe dans le sillage du surf dans les quartiers populaires de Venice Beach. Parrainés par le volatile Skip Engblom, fabricant de planches de surf et patron du label underground Zephyr, et mis en valeur dans les magazines par l’artiste et photographe Craig Stecyk, trois jeunes pionniers, Stacy Peralta, Jay Adams et Tony Alva, font entrer le skateboard dans la légende en exploitant tout le potentiel d’une nouvelle technique de fabrication des planches où l’ajout de roues en polyuréthane leur offre une meilleure adhérence au bitume et une mobilité accrue. Ces atouts en poche, il ne s’agit plus seulement de glisser ou de prendre de la vitesse mais de pouvoir prendre des courbes et des pentes en effectuant des figures de plus en plus complexes et stylisés. Réalisateur du documentaire qui revient sur ses jeunes années et son entourage, Stacy Peralta rédige également un scénario pour un long-métrage qu’il espère encore plus fédérateur. David Fincher est le premier à s’y intéresser mais se contente au bout du compte du rôle de producteur. Fred Durst, le frontman de Limp Bizkit, est annoncé derrière la caméra mais c’est Catherine Hardwicke qui remporte le morceau, tout juste auréolée du succès critique de Thirteen, excellent drame sur la relation trouble entre deux adolescentes. Un choix qui se tient et approuvée par Peralta et son entourage qui saluent la compréhension instinctive de la cinéaste pour la contre-culture et les tourments de la jeunesse ainsi que sa sensibilité.
Point Break
Pour coller au plus près de son sujet, Hardwicke privilégie l’emploi d’une caméra portée, d’une photographie granuleuse et d’un montage très cut. Et le résultat dégage une énergie et une authenticité il est vrai assez stupéfiante. L’immersion est totale et on peut comprendre que, du point de vue de Peralta et des mordus de skateboard, le film puisse faire office de référence. À trop se concentrer sur la forme cependant, Hardwicke en oublie l’essentiel, raconter une histoire et nous faire vibrer pour ses personnages. Conçu par et pour des initiés, Les seigneurs de Dogtown fonctionne en vase clos et ignore jusqu’à la notion la plus élémentaire de didactisme et de dramaturgie. Il faut presque trois quart d’heure pour différencier les personnages les uns des autres et presque le double pour enfin commencer à s’y intéresser. À dix minutes de la fin, c’est trop tard et ce biopic aux enjeux abscons nous a déjà laissé sur le carreau. Plus incompréhensible encore, la réalisatrice de Thirteen néglige totalement le potentiel certain de ses personnages féminins (Rebecca De Mornay et Nikki Reed font de la figuration), nous laissant avec le spectacle parfois affligeant d’un concours de teub involontairement puéril.
Pour ne pas tomber dans les bras de Morphée, il ne reste alors que la bande-son et sa jolie compilation de tubes 70’s et un casting qui fait des étincelles lorsque le rythme se calme et le permet enfin. Dans un rôle de mentor incontrôlable et charismatique, le regretté Heath Ledger est formidable, composant un Skip Engblom au carrefour du Bodhi Salver de Patrick Swayze dans Point Break et du Jim Morrison de Val Kilmer. Gros coup de cœur également pour Emile Hirsch et le fragile mais fascinant John Robinson, découvert dans Elephant de Gus Van Sant.
Tombée dans le panneau du film de potes et incapable de prendre du recul avec son sujet, Catherine Hardwicke y perd des plumes mais sauve (un peu) les meubles en prouvant son savoir-faire et un goût très sûr en matière de direction d’acteurs.
Image
Du grain, encore du grain et toujours du grain. Avec un encodage aux petits oignons et une définition parfaitement maîtrisée, ce blu-ray fait un bond de géant par rapport au DVD de 2006, pourtant très réussi. La gestion d’une photographie très stylisée et parfois brut de décoffrage (contre-jour, variations incessantes des sources, sous-exposition, sur-exposition) fait honneur au support et offre un confort de visionnage indéniable. La gestion des couleurs les plus chaudes est admirable.
Son
Le découpage entre les ambiances à l’arrière, la musique et les dialogues à l’avant et les effets multidirectionnels qui font se déplacer les planches d’une extrémité à l’autre du spectre est sonore est on ne peut plus organique. La version originale offre davantage de précision et de mordant que les autres mixages.
Interactivité
Dommage que le choix ne nous soit pas laissé entre le montage cinéma et le montage dit « non censuré » qui est ici le seul disponible. Mais avec trois petites minutes de plus au compteur, on peut supposer que la différence ne saute pas forcément aux yeux. Pour le reste, les suppléments proviennent directement de l’édition collector en DVD et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on frôle l’overdose. Deux commentaires audios, l’un animé par Catherine Hardwicke et ses trois jeunes acteurs et l’autre par les Z-Boys originaux (Stacy Peralta & Cie), apportent une avalanche d’informations de première bourre sur le casting, l’écriture, la véracité des événements portés à l’écran et la complémentarité entre le film et le documentaire qui l’a inspiré. Ce qui ne laisse en fin de compte plus grand chose à découvrir dans le très bon making-of où les innombrables featurettes (la plus intéressante restant celle découpée en plusieurs modules courts et consacrée aux caméos). On retrouve également une bonne dose de scènes coupées qui ont le mérite de laisser un peu plus de place pour la caractérisation des personnages. Ajoutez-y de la bonne grosse zique qui fait du bruit, des comparaisons film/storyboard et des bandes-annonces et vous obtenez une interactivité typique de l’âge d’or du support DVD : gargantuesque et conçue avec un vrai soin.
Liste des bonus
Commentaire audio non censuré de Catherine Hardwicke, John Robinson, Victor Rasuk et Emile Hirsch (VOST) / Commentaire audio original des Z-boys (VO) / Making of (30 min, VOST) / « Bloqué sur Dogtown » (6 min, VOST) / « $#%@ alternatif ! » (2 min, VOST) / « Sauts et chutes » (1 min, VOST) / « Séance de piscine version longue » (1 min, VOST) / « Bien sûr qu’on veut un Bouledogue qui fait du skateboard ! » (2 min, VOST) / Making of de Pacific Ocean Park (2 min, VOST) / « L’Océan lave mes cheveux et mon maquillage » (2 min, VOST) / 9 scènes coupées ou étendues (19 min, VOST) / Bêtisier (4 min, VOST) /« Caméos de Dogtown » : 16 modules (30 min, VOST) / 3 comparaisons storyboard/film (4 min, VOST) / 10 webisodes (32 min, VOST) / Clip « Nervous Breakdown » de Rise Against (2 min)