LES LONGS JOURS DE LA VENGEANCE
I lunghi giorni della vendetta – Italie, Espagne, France– 1967
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Florestano Vancini
Acteurs : Giuliano Gemma, Conrado San Martin, Francisco Rabal, Nieves Navarro, Gabrielle Giorgelli
Musique : Armando Trovajoli
Image : 2.35 16/9
Son : Italien DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 122 minutes
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 05 septembre 2023
LE PITCH
Injustement accusé de meurtre, Ted Barnett purge sa peine dans un bagne. Une nuit, il parvient à s’évader. Ils sont nombreux à trembler en apprenant la nouvelle de son évasion : le shérif Douglas, le trafiquant d’armes Cobb, et surtout sa fiancée, qui a épousé Douglas lors de la condamnation de Ted.
Une aventure de Giuliano Gemma
Un peu passé inaperçu lors de sa sortie, malgré la présence de la star Giuliano Gemme, Les Longs jours de la vengeance est devenu avec les années l’un des chouchous des amateurs de westerns spaghetti. Tarantino le plaça même dans son peloton de tête et repris son mémorable thème principal dans Kill Bill.
Retour en cette seconde partie des 60’s où le western rital fait salles combles depuis la renaissance initiée par Sergio Leone (Pour une poignée de dollars), Sergio Corbucci (Django) et les nombreux suiveurs plus ou moins talentueux. Mais outre Clint Eastwood et Franco Nero, une autre star du genre a émergé avec les succès des deux Un Pistolet pour Ringo et Le Retour de Ringo : Giuliano Gemma. Un visage beaucoup plus avenant, un acteur casse-cou qui adore les cascades et qui aborde clairement le genre avec plus de fraicheur, d’humour et de jovialité. Une véritable icône en Italie (et pour beaucoup là-bas LE véritable cowboy) rapidement surnommé Angel Face. Ce fut d’ailleurs le premier titre de ce Les Longs jours de la vengeance qui devait être au départ le troisième opus de la série des « Ringo » justement. Devant le désistement du solide Duccio Tessari, la production ne baisse cependant pas les bras, reprend plus ou moins la même équipe technique et les deux stars Gemma et la belle Nieves Navarro (La Mort caresse à minuit) et lance tout de même le tournage de ce troisième opus qui n’en est plus tout à fait un. Pourtant il y est clairement question de grand retour et de renaissance dans le très efficace scénario concocté par Augusto Caminito et Fernando Di Leo (futur patron du polar) très inspiré par le célébrissime Comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas, ou le visage et le personnage de Gemma ne revient à l’écran que progressivement, reprenant peu à peu le contrôle du film. Tout d’abord présenté comme une simple silhouette hirsute dans un pénitencier, puis comme un évadé au visage émacié recouvert d’une longue barbe, il renait sous les yeux du spectateur lors d’une mémorable scène chez le barbier, où le rasage se fait de près, sous la question et la menace bien cachée d’un révolver, avec l’œil qui frise bien entendu.
Ringo 3
On trouvera donc bien ici des pistes induisant un contexte dramatique, politique voir social, quelques allusions forcément à une tragédie ancienne, mais le sourire et les élans bondissant du protagoniste emportent inévitablement le film avec lui vers le futur divertissement. Sa vengeance il l’assène un par un, souvent avec un mot pour rire, une galipette et un clin d’œil à l’une des deux demoiselles à disposition. Simple et direct, très classique dans sa reprise du défilé complet des second couteaux du genre (le shérif ripoux, le méchant propriétaire, les assassins mexicains, les mercenaires, le filou revendeur de remède…), Les Longs jours de la vengeance n’est cependant jamais un western pris par-dessus la jambe. Plus habitué aux drames historiques et politiques, Florestano Vancini (La Longue nuit de 43, L’Affaire Matteotti) signe là son unique western et malgré l’utilisation d’un pseudo américanisant, le fait avec énormément de soin et d’entrain. Constamment en marche, constamment entre deux duels ou gunfights à travers la ville, les cadres sont bien construits, bien enchainés, au service de l’action et des petites facéties imaginées pour l’occasion comme lorsque Gemma bondissant comme un diable d’un placard dans lequel il s’était caché pour abattre deux ennemis dans le dos ou cette utilisation très « ninja » de l’étoile du shériff. Autre artiste de passage dans le genre, le compositeur Armando Trovajoli (Affreux, sales et méchants, Les nouveaux monstres…) ajoute un souffle certain à l’aventure avec une partition entrainante et majestueuse, tout à fait digne d’une œuvre d’Ennio Morricone.
Un classique, dans le sens noble du terme, qui reprend à son compte nombres d’éléments clefs du genre et qui tout en célébrant les charmes cinégéniques du toujours excellent Giuliano Gemma, affiche un divertissement relevé et généreux, célébration d’un western grand public, presque BD, presque Lucky Luke.
Image
Film très attendu en HD par les nombreux amateurs de western, Les Longs jours de la vengeance s’est fait cruellement attendre. Seule jusque-là une édition allemande avait émergé. Lui emboitant le pas, l’édition française en propose une copie équivalente. Soit une remasterisation upscallée d’un ancien DVD. Une opération parfois extrêmement visible lors de certains plans d’ensemble avec contours tremblotants et débuts d’effets « escaliers ». Heureusement la source était très propre, et les cadres tout autant que les couleurs rendent hommage à l’efficacité du métrage et font passer la pilule d’une définition forcément limitée.
Son
Aucune trace du doublage français d’époque. Pas si grave puisque celui-ci ne concernait qu’une version largement tronquée du film. Ici version intégrale et donc uniquement une bonne et ferme version postsynchronisée italienne. Claire, propre et directe et une bonne emphase placée sur les thèmes d’Armando Trovajoli.
Interactivité
Élégamment placé dans un digipack avec fourreau cartonné reprenant l’habillage général des précédents westerns italiens de l’éditeur, Les Longs jours de la vengeance est donc aussi disponible sur disque Bluray et DVD. Sur ces derniers, on retrouve les mêmes suppléments. A savoir l’habituelle présentation chevronnée de Curd Ridel (avec filmo de tout le monde ou presque et origine du film) et une rencontre inédite avec le directeur photo Sergio d’Offizi (Perversion, Cannibal Holocaust, Le Témoin…) alors opérateur caméra sur le plateau. Son regard sur le western, sur Giuliano Gemma, sur le réalisateur Florestano Vancini, c’est comme souvent le témoignage d’une autre, et belle, époque.
Liste des bonus
« Un plat qui se mange froid » : Présentation du film par Curd Ridel (24’), « Toujours debout » : Entretien avec Sergio d’Offizi (21’), Diaporamas d’affiches et photos (3’), Bande-annonce.