LES VALEURS DE LA FAMILLE ADDAMS
Addams Family Values – Etats-Unis – 1993
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie, Fantastique
Réalisateur : Barry Sonnenfeld
Acteurs : Anjelica Huston, Raul Julia, Christopher Lloyd, Joan Cusack, Christina Ricci, Carol Kane…
Musique : Marc Shaiman
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, Dolby Audio 2.0 Français, Dolby Audio 5.1 Allemand, Espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 94 minutes
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 27 novembre 2024
LE PITCH
L’arrivée de Pubert, troisième rejeton de Morticia et Gomez, va semer la zizanie dans le clan Addams. Les soins dont on l’entoure excitent la jalousie de Mercredi et Pugsley qui vont tout tenter pour l’éliminer. Quant à sa nurse, Debbie, appétissante blonde, elle va faire tourner la tête de Fester, le frère déjanté de Gomez…
Bijoux de famille
5 ans après la sortie d’un bluray nu comme un ver, Paramount réédite enfin Les valeurs de la famille Addams en 4K avec disque … un poil plus complet. Quelques petits bonus donc mais surtout une copie de tout premier ordre pour se replonger dans ce qu’il est convenu de considérer comme l’une des meilleures comédies américaines des 90’s.
S’il sort du tournage de La famille Addams physiquement et moralement essoré, Barry Sonnenfeld ne se prive pourtant pas de savourer le succès d’un premier long-métrage auquel certains (dont Steven Spielberg) prédisaient un avenir fort peu rentable. Malgré les incidents, les démissions, les dépassements de budget et de délais, le changement de studio en cours de tournage (Parmount reprit les rênes après la faillite d’Orion), l’adaptation sur grand écran de l’œuvre de Charles Addams parvient à séduire un large public, éclipsant ironiquement le Hook de Spielby au box-office. Le ton (politiquement très incorrect), le soin apporté à la direction artistique et le talent d’une partie du casting (Raul Julia et Anjelica Huston en tête) font oublier un rythme assez inégal et un scénario qui tire pas mal à la ligne.
Alors qu’il aurait pu passer la main, il rempile. Mieux préparé, Sonnenfeld profite de l’inévitable séquelle pour corriger les scories de son précédent essai. Et le futur réalisateur des Men in Black ne se contente d’affiner la forme. Gomez, Morticia et toute la tribu Addams ont, dès leur création, servi de contrepoint salutaire aux clichés de la famille américaine idéale, bien blonde, bien née et bien blanche mais Barry Sonnenfeld pousse la satire un peu plus loin et s’attaque aux fondations d’une société loin d’être aussi tolérante qu’elle le prétend. Dans l’exercice du déboulonnage des mythes de l’American Way of Life, seul le Mars Attacks ! de Tim Burton se permettra d’aller aussi loin au cours d’une décennie où le politiquement correct fit son grand retour à Hollywood, dans le sillage sulfureux du scandale d’Etat Clinton/Lewinsky.
La mort leur va si bien
Politique, Les valeurs de la famille Addams l’est indiscutablement. Le titre lui-même est un pied de nez à une déclaration du républicain et très conservateur Dan Quayle, ancien vice-président sous Bush senior (la fameuse « décadence des valeurs familiales » lors des émeutes de Los Angeles en 1992). Signé Paul Rudnick, le scénario construit deux intrigues en parallèle et répond à de nombreuses scènes du premier film avec un discours nettement plus mature et cinglant. Contrairement à la vulgaire chasse au magot des escrocs qui tentaient de profiter de l’amnésie de l’oncle Fester, l’imposture de Debbie la veuve noire (hilarante Joan Cusack) dénonce à la fois l’hypocrisie des rapports homme/femme et le consumérisme comme seul idéal du bonheur conjugal. Dans le même esprit, alors que Wednesday et Puglsey s’amusaient à éclabousser tout un parterre de parents d’élèves avec des litres de faux sang lors d’une représentation théâtrale, un acte jouissif mais résolument puéril, Rudnick et Sonnenfeld détournent une comédie musicale sur Thanksgiving et Pocahontas pour s’attaquer avec une férocité inouïe aux mensonges des premiers colons américains. Souvent citée (et à juste titre) comme la scène la plus emblématique et la plus drôle du film, cette réécriture de la grande Histoire offrent à des enfants différents et méprisés de tous de jouer la « revanche » des indiens d’Amérique sur ceux qui les ont massacré et qui ont volé leurs terres. Par cet acte de rébellion spectaculaire, Wednesday Addams (Christina Ricci, prodigieuse) affirme bien haut le credo de sa famille, la plus centrale de ses valeurs : l’honnêteté. Les Addams sont peut-être des sociopathes, des satanistes, des freaks en puissance mais ils ne pratiquent guère l’hypocrisie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’humour qui découle de leur répartie tient à un décalage savoureux entre un premier degré inébranlable et les réactions outrées des gens « normaux ».
Servi par un timing millimétré, des répliques aux petits oignons (« Il a les yeux de ton père. Gomez, enlèves-les lui de la bouche. » ou encore « Je jouerai la victime ! – Oui, toute ta vie. ») et une mise en scène qui déborde d’idées et d’énergie, Les valeurs de la famille Addams est un sommet d’humour noir et probablement le meilleur film de Barry Sonnenfeld. Et ce n’est pas parce qu’il n’a pas été le grand succès de 1993 que cela doit nous empêcher de lui faire un triomphe aujourd’hui.
Image
Retour à la source pour Les Valeurs de la famille Addams avec un nouveau master produit à partir d’un scan 4K des négatifs et un nettoyage éprouvé de circonstances. Stable, ferme et incroyablement propre, la copie maintient avec bonheur toute sa matière cinéma (grain, textures, argentiques…) tout en creusant comme jamais sa profondeur et sa définition. Le gain qualitatif est impressionnant et invite à scruter les arrière-plans de la demeure décrépie des Addams pour se régaler de détails jusqu’alors imperceptibles. Le traitement généreux Dolby Vision n’a pas inutilement boosté les teintes pour tenter de rajeunir le film. Dès le plan d’ouverture avec un Fester se détachant très nettement d’une lune factice et démesurée, on est sous le charme. L’atout majeur de cette sortie très attendue.
Son
La piste originale 5.1, en DTS HD Master Audio, est de retour et n’a subi aucune cure de jouvence. Et elle n’en avait nullement besoin. Il suffit de se régaler d’une spatialisation discrète mais redoutable (le lancer de couteaux de Gomez, les bouchons de champagne qui sautent à l’unisson après un tango endiablé) pour ne pas regretter l’absence de Dolby Atmos. L’excellente version doublée française, elle, reste un peu engoncée dans son petit Dolby Audio 2.0, très propre mais assez plat forcément.
Interactivité
Petit rattrapage après avec des éditions DVD et Bluray vides de suppléments avec la réapparition de la featurette promotionnelle d’époque. Pendant que Barry Sonnenfeld se contente de raconter le pitch, son scénariste souligne un peu mieux la thématique du film et de rares interventions des acteurs alternent avec des extraits du film. Pas de documentaire ou making of rétrospectif donc, mais le commentaire audio (sous-titré !) enregistré par Barry Sonnenfeld et Paul Rudnick permet tout de même de délivrer quelques informations et anecdotes. Pas toujours des plus soutenus, mais assez plaisant.
Liste des bonus
Commentaire audio de Barry Sonnenfeld et Paul Rudnick, « L’Élaboration des valeurs familiales » (10’).