LES TUEURS DE L’ECLIPSE
Bloody Birthday – États-Unis – 1981
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur, Slasher
Réalisateur : Ed Hunt
Acteurs : Lori Lethin, Melinda Cordell, Joe Penny, Billy Jayne, José Ferrer, Susan Strasberg, K.C. Martel…
Musique : Arlon Ober
Durée : 85 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français mono 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 18 août 2023
LE PITCH
Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le cœur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…
Jeux d’enfants
Avec son trio de mouflets psychopathes, Les Tueurs de l’Eclipse, série B horrifique du début des années 80, demeure une curiosité et vraisemblablement le meilleur film de son réalisateur Ed Hunt.
Les bambins sont nos amis. Enfin, c’est ce que l’on veut bien nous faire croire. Car dans Les Tueurs de l’éclipse (Bloody Birthday en VO), on nous démontre par A + B, combien ce sont de petites saloperies. En tout cas, ceux ayant eu la bonne idée de naître pile lors d’une nuit d’éclipse. Ils sont trois ici, et s’ils semblent à première vue d’adorables petites têtes blondes gentilles comme tout, il s’agit au fond de sanguinaires tueurs en série qui se planquent derrière l’innocence de leurs visages d’anges. Pas de spoil ici puisqu’il s’agit en gros du concept de base de cette petite production de 1980, sortant en pleine vague de slashers à succès, même si le film réalisé par Ed Hunt s’en écarte néanmoins quelque peu. Car si on retrouve, notamment au début du film, des évocations claires et nettes du Halloween de Carpenter (les baby-sitters sont remplacées par de jeunes institutrices, la banlieue pavillonnaire, etc), on se retrouve rapidement en présence d’un film d’horreur mettant en vedette ces assassins des bacs à sable. Et on repense évidemment à ces films d’enfants meurtriers tels Le Village des damnés de Wolf Rilla et son remake (Carpenter encore) ou encore l’énervé et perturbant Les Révoltés de l’an 2000 de Narciso Ibáñez Serrador. Avec Les Tueurs de l’éclipse, on n’entre jamais réellement dans la noirceur propre aux films précités, mais il n’empêche que le sadisme et la cruauté dont fait preuve ce jeune trio est tout à fait notable et remarquable. A l’occasion de leurs dix ans (d’où le titre original), les meurtres se succèdent, essentiellement à l’encontre des adultes, voire d’adolescents batifolant comme il se doit dans le genre, avec une ingéniosité et une diversité qui forcent le respect : pendaison, coups de batte de base-ball, tirs de revolver, énucléation par flèche… Les enfants sont surprenants et surtout efficaces… Le plus glaçant reste que leur motivation n’est jamais exposée, comme s’ils agissaient par pur plaisir, alors que leurs actes répondent à des pulsions qui s’apparentent à un jeu, dont ils ont pleine conscience, puisqu’ils compilent les coupures de presse de chaque meurtre dans un album souvenir du meilleur goût. Une idée plutôt bien vue. Par ailleurs, leur perversion mortifère s’accompagne d’une fascination et d’un appétit déviant, puisqu’ils semblent prendre beaucoup de plaisir à mater (après avoir payé) dans le trou d’une cloison, la sœur de l’un d’entre eux en train de se déshabiller, tels des Norman Bates en puissance…
La jeunesse déviante au pouvoir
Pour apprécier Les Tueurs de l’éclipse, il faudra évidemment savoir passer rapidement sur une intrigue qui ne manque pas d’incohérences, puisque, si le réalisateur choisit de placer sa caméra du point de vue des enfants, ce qui a pour effet de rendre inconfortable la position du spectateur, l’environnement adulte est, de son côté, sérieusement amorphe autour des meurtres qui finissent pourtant par pointer du doigt les trois assassins. Mais est-on réellement en attente d’une série B ficelée comme un roti ? Pas nécessairement. Tout comme il faut se satisfaire d’une réalisation d’Ed Hunt (L’Invasion des soucoupes volantes, Alien Warrior) pour le moins classique et un peu timorée, en un mot : télévisuelle, ce qui est bien dommage et empêche clairement de développer le potentiel sulfureux de l’intrigue. Et enfin, il est nécessaire d’accepter une interprétation générale assez fluctuante, et pas que chez les gamins, qui font plutôt du bon boulot. Des reproches, certes, mais qui n’empêchent pas d’apprécier cette petite bande horrifique efficace et qui ne fait pas semblant lorsqu’il s’agit de surfer sur un concept un peu dangereux et casse-gueule… Il faut noter également la présence de guets-stars au casting, comme Susan Strasberg (Le Toboggan de la mort, Le Faiseur d’épouvantes), José Ferrer (Lawrence d’Arabie, Dune) et même dans un petit rôle, un débutant nommé Michael Dudikoff, futur Action man de la série American Warrior, et du Ninja blanc.
Les Tueurs de l’éclipse, malgré ses défauts, son jusqu’au-boutisme un peu freiné sur la fin, demeure un spectacle assez grisant, plutôt sympathique et finalement audacieux dans sa représentation de sa jeunesse déviante. Pas un fleuron ni un classique du genre, mais une proposition horrifique méritante et qui fleure bon le cinéma de genre du début des années 80, porté par un charme indéniable.
Image
Cette édition livrée par Sidonis Calysta s’avère en tous points remarquable avec un master restauré qui permet de renouer avec le charme des années 80. Si l’on excepte quelques défauts (griffures) lors des premières scènes du film, la facture technique est franchement impressionnante, notamment dans les scènes de jour, qui bénéficient d’un piqué et d’une très belle définition avec des détails signifiants. Les contrastes sont bien gérés et les couleurs éclatantes.
Son
Les deux pistes VO et VF sont proposées en mono 2.0. On reste donc dans un rendu un peu étouffé et pas aussi clair que les standards actuels, mais les deux versions font très largement le job, avec des dialogues toujours clairs et équilibrés par rapport à la musique et l’environnement sonore. Rien d’éclatant mais un résultat probant.
Liste des bonus
Aucun.