LES TROIS MOUSQUETAIRES : MILADY
France, Allemagne, Espagne – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Martin Bourboulon
Acteurs : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garrel, Vicky Krieps, Lyna Khoudri, Eric Ruf, Jacob Fortune-Lloyd, Patrick Mille…
Musique : Guillaume Roussel
Image : 2.35 16/9
Son : Français Dolby Atmos, Audiovision
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 114 minutes
Editeur : Pathé
Date de sortie : 17 avril 2024
LE PITCH
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
On les appelait mousquetaires
Huit mois après la sortie de D’Artagnan, le second volume des Trois mousquetaires promis à grands frais débarquait sur les écrans de France et de Navarre sans les hourras et la foule escomptée. Le grand réveil du cinéma populaire français made in Pathé n’aura pas eu lieu (le dernier Astérix s’est fait mal aussi) et surtout le dispositif « moderne » de Martin Bourboulon (Eiffel) se prend les pieds dans le tapis.
Si nombres d’anciennes adaptations du classique d’Alexandre Dumas se sont souvent débarrassées des grands épisodes de la seconde partie du roman, ce n’est sans doute pas pour rien. Plongeant plus volontiers dans les fatras de la guerre, dans l’enchainement de trahisons, dans le grand décorum historique et surtout au cœur d’une tragédie beaucoup moins flamboyante, celle d’Athos et Milady, ces chapitres invitent beaucoup moins à la pochade et à l’héroïsme bondissant. Ils demandent un scénario qui se resserre sur ses personnages, clarifie les enjeux et vient instiller une atmosphère plus dramatique et tendue. C’est là que les petits raccourcis et les petits travers de l’adaptation signée Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière se heurtent à un sacré mur, puisque persuadé d’avoir tout donné durant le premier film et largement exploré la personnalité des grandes figures de ce film chorale, Milady abandonne définitivement tout forme de caractérisation.
Un pour tous et tous paumés
Outre le duo, pourtant réjouissant, Aramis (Romain Duris) / Portos (Pio Marmai) totalement oubliés dans un vague trame très secondaire et tristement inutile, D’Artagnan (François Civil) n’est plus qu’un Roméo en quête de sa Juliette kidnappée et surtout les tragiques figures d’Athos (Vincent Cassel) et Milday (Eva Green), anciens amants devenu ennemis, n’existent que lors d’une unique très belle séquence, déchirante, mais aussi rapidement oubliée. Au passage, le fameux sentiment de camaraderie entre le célèbre quatuor est le grand disparu, les personnages se croisant et se séparant au grès de péripéties égrenées de manière précipitées comme dans un mauvais feuilleton et d’un vaste complot historique qui ne réussit jamais à passionner et renvoit le pauvre Cardinal au rang de simple figurant. Trop mécanique, trop désincarné, persuadé sans doute que les interminables cavalcades à cheval ou un énième combat à l’épée tournée en plan séquence tremblotant suffiront à faire naitre un spectacle épique. S’ouvrant sur un montage résumé façon téléfilm de luxe et un épilogue de fin de saison de série TV, Les Trois Mousquetaires : Milady semble constamment écrasé par ses aspirations contraires, se refusant surtout de ressembler aux vieilles productions de papa et papy et d’imposer coûte que coûte sa marque sur la légende.
L’esthétique westernienne, les décors poussières et crasseux, les tenues cuirs, les regards renfrognés, les joutes chaotiques plutôt qu’élégamment chorégraphiées ne sont pas vraiment le problème puisqu’ils relèvent pour le coup d’une véritable optique esthétique et artistique. Le manque, c’est plutôt l’incapacité des films de Martin Bourboulon à s’échapper de leurs postures (finalement tout est plutôt bien résumé par les affiches) et de proposer autre chose, un véritable spectacle contemporains excitant, vibrant et vivant. Le premier D’Artagnan faisait bien illusion, Milady tient plutôt de la barque vide mollement emportée par quelques anciens coups de rames.
Image
Pas de raison de faiblir la cadence, la copie 4K du second opus des Mousquetaires est aussi solide et spectaculaire que le premier. A nouveau la source est resplendissante, et ce malgré une photographie qui se veut plus sombre et ocre encore, et est auréolé d’une définition extrêmement ciselée révélant nombre détails, matières et profondeurs. Avec l’appui du HDR10 le disque UHD n’est effectivement pas loin de la perfection.
Son
Le Dolby Atmos, toujours proposé aussi bien sur le Bluray que sur le disque UHD, se montre encore très généreux dans son ouverture globale, travaillant admirablement ses ambiances historiques, imposant constamment sa dynamique avec un rendu fluide, minutieux, riche et percutant.
Interactivité
L’édition de Milady réduit légèrement la voilure mais certainement pas la pertinence. On retrouve donc la seconde partie du making of du film, entièrement consacré aux tournages des séquences du second épisode et où l’équipe de production et les acteurs reviennent sur le réalisme historique recherché, l’utilisation de décors réels, la préparation aux différents combats épées à la main et autres grands moments.
Classique mais efficace, il est complété par une longue intervention de l’historien Julien Wilmart qui retourne aux origines du roman, le contexte culturel de sa création, en discute les arrangements historiques jusque dans cette dernière adaptation cinéma qui se veut justement plus fidèle non pas au texte mais à l’Histoire. Une très bonne idée de bonus et un propos très intéressant.
Liste des bonus
Making of (29’), « Les Trois Mousquetaires » : analyse d’une adaptation filmique de l’œuvre de Dumas (29’).