LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN

France, Allemagne, Espagne – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure, Action, Historique
Réalisateur : Martin Bourboulon
Acteurs : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garrel, Vicky Krieps, Lyna Khoudri, Eric Ruf, Jacob Fortune-Lloyd, Patrick Mille
Musique : Guillaume Roussel
Image : 2.35 16/9
Son : Français Dolby Atmos, Audiovision
Sous-titres : Français pour sourdes et malentendants
Durée : 121 minutes
Éditeur : Pathé
Date de sortie : 09 août 2023
LE PITCH
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
La jeune garde
Seconde phase de la reconquête des salles de cinéma pour Pathé après Astérix & Obélix L’Empire du milieu avec l’autre blockbuster européen sur fond de patrimoine hexagonal : Les Trois mousquetaires. Un classique de la culture littéraire et pop locale et mondiale, un casting de rêve, un budget colossal et une reconstitution de prestige… La gloire est à portée de main.
Cela faisait près de soixante ans, et le dytique de Bernard Borderie, que l’œuvre la plus célèbre et célébrée d’Alexandre Dumas n’avait pas été adaptée avec sérieux pour une équipe de cinéma française. Une réappropriation nécessaire et naturelle, et surtout un véhicule parfait pour réaffirmer la possibilité d’un grand retour de notre cinéma populaire à nous. La recette est d’ailleurs la même qu’autrefois avec une alliance de différents fonds européens venant épauler le mastodonte Pathé afin de crédibiliser le moindre bouton de manchette et s’offrir des lieux de tournages particulièrement fastueux, et bien entendu un casting à faire pâlir Guillaume Canet. Ce qui a changé cependant, c’est l’époque. Plus question de voir déambuler les héros franchouillards avec la parure bleue des mousquetaires, la plume colorée au vent, le réalisateur des comédies survoltées Papa ou maman 1&2 et du biopic ampoulé Eiffel guette une certaine universalité, une vision historique certes plus réaliste dans son image et cruelle dans son contexte (les guerres de religions sont ramenées au premier plan), mais piochant aussi très allégrement à la fois du coté du western crépusculaire et de la sobriété léchée des récents films d’action américains (entre John Wick et les DTV Netflix).
De la Constance !
La photographie sombre et ocre met effectivement en valeur les dorures des décors et les afféteries de superbes costumes cuirs, nobles et parfois même légèrement steampunk. Elle souligne aussi une frilosité constante du spectacle qui ne s’autorisera aucune sortie de route, aucune folie, aucune truculence, comme semble constamment l’affirmer la bande originale à peine fonctionnelle, sans thème et sans saveur de Guillaume Roussel. Un film calculé qui se refuse consciemment tout le pittoresque d’antan, le fourmillement feuilletonnant voir le burlesque à l’ancienne et qui d’ailleurs revisite la trame originale en lui insufflant des traces de policier historique, de thriller noir et de film d’action tendu, constamment en mouvement. On ne s’ennuie pas ici, ou si peu, car en dépit de plans séquences relativement prévisibles, pas toujours des plus lisibles et sans réel panache, il faut reconnaitre que ce D’Artagnan impose une posture et une classe aguichante. On ne dira sans doute jamais assez de bien du travail admirable des équipes responsables des costumes et des accessoires, offrant des atours clefs en mains à un casting de haut vol et particulièrement convaincant. François Civil s’en sort très bien en D’Artagnan plus sage qu’à l’accoutumé, Vincent Cassel imprègne son Athos d’une mélancolie nouvelle, Louis Garrel amuse en roi emprunté, Eva Green marque toujours les points en femme fatale fourbe à souhait, Patrick Mille est toujours excellent en félon fielleux et peu importe que Romain Duris (Aramis) et Pio Marmaï (Porthos) semblent trop souvent en retrait dans l’image puisqu’ils s’offrent clairement les meilleures saillies dialoguées du métrage.
Un divertissement plus qu’honnête, généreux et luxueux, qui ne pèche surtout que par ses ambitions d’alpaguer le plus grand nombre, de créer la nouvelle sensation frenchy dans le monde (à priori le pari est très partiellement réussi) s’interdisant le moindre petit grain de sel, le plus petit caillou dans la moindre cuissardes. Est-ce que la seconde partie se laissera emportée par le romanesque des secrets de Milady ?
Image
Vu l’ambition du projet, il aurait été dommage de passer à coté d’une sortie UHD. Surtout que ce dernier se révèle imposant sur tous les points avec une source forcément nette et fluide, un piqué extrêmement creusé et un traitement HDR10 qui appuie encore plus fermement sur les matières, les profondeurs et bien entendu les dégradés de couleurs. Un écrin idéal pour profiter richement des fioritures de la photographie et de l’abondance des costumes et décors.
Son
Même excellence avec la piste française disposée dans un Dolby Atmos particulièrement ample et rythmé. La finesse technique du support est parfaitement exploitée avec une dynamique bien tendue et une amplitude particulièrement enveloppante venant sculpter les arrières plans de nombreux détails sonores. Riche et minutieux avec forcément une fluidité et une fougue plus prononcée encore dans les scènes de combats et de poursuites.
Interactivité
Pathé met les petits plats dans les grands avec une édition digipack + fourreau ou Steelbook limité proposant le disque UHD, ainsi que le Bluray du film, accompagné du making of et un second Bluray consacré lui uniquement à d’autres bonus. Ce premier supplément suit quelques travaux de préproduction (création du storyboard, première lecture, entrainements) avant de passer aux séquences clefs mais sans trop se plomber par les habituelles interviews. Ces dernières sont réservées aux deux gros segments présents sur la troisième galette. D’un côté une « Masterclass » organisée par l’équipe de Pathé (avec une tendance à la génuflexion carrément gênante) et de l’autre une plus classique suite d’entretiens face caméra. Des exercices très promotionnels sur le papier mais où malgré le cadre et la salive des intervieweurs, le réalisateur, le producteur et les acteurs reviennent avec plaisir, précision et humour sur les intentions du film, les recherches autours du style et du ton, la modernisation de la trame et des personnages, la grosse machinerie d’une production de cette envergure ou les diverses cascades et scènes d’action. Finalement très plaisant et instructif. Très sympa aussi de retrouver en dessert le court métrage produit pour la première du film aux Invalides, entre élégance et autodérision.
Liste des bonus
Making of (27’), « Séance tenante »: masterclass de l’équipe du film (33’), Entretiens avec Martin Bourboulon et les acteurs (37’), Clip de l’avant-première aux Invalides (5’).