LES TRAQUÉS DE L’AN 2000
Turkey Shoot – Australie- 1981
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-Fiction, Thriller
Réalisateur : Brian Trenchard
Acteurs : Steve Railsback, Olivia Hussey, Michael Craig, Carmen Duncan
Musique : Brian May
Durée : 93 min
Image : 2.35 16/9
Son : Français, Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 26 mai 2022
LE PITCH
Dans un futur proche, un gouvernement totalitaire fait arrêter les citoyens considérés comme déviants et les interne dans de terribles camps de rééducation où se pratiquent humiliations, sévices, tortures. Le directeur de l’un des camps décide d’organiser une chasse à l’homme : quelques prisonniers seront lâchés dans une forêt proche et serviront de gibier.
Cavale sans issue
Mois après mois, l’éditeur Rimini continue de réhabiliter des films dit d’exploitation sous son label « collection Angoisse ». Moyen incontournable pour nous de (re-)découvrir dans des conditions optimales des films tour à tour mal aimés, oubliés ou avouons-le, nanardesques.
« Dès le départ, on savait que ça n’allait pas être une œuvre d’art » ainsi s’exprime dans les bonus Carmen Duncan l’une des actrices principales du film. Médisance ? Non, réalisme puisque ses propos sont confirmés par le reste du casting tout comme par son réalisateur, conscient du désastre associé à son nom. Tout semblait pourtant bien partie avec des producteurs qui ont fait leurs preuves dans le genre en sortant des films comme Patrick, Harlequin et le futur Terminator de James Cameron. C’était sans compter sur des financiers peu scrupuleux préférant retirer une partie de leurs billes à la veille du tournage. Les conséquences ne se font pas attendre : Les coupes de budget et les amputations drastiques de jours de tournages deviennent les nouveaux défis des Traqués de l’an 2000. S’il y a bien une qualité à donner au film c’est bien celle de la loyauté. Solidaires, les acteurs comme le réalisateur ne veulent pas quitter le navire en train de sombrer. Ils honorent leur contrat contre vents et marées. Qu’importe si les producteurs coupent toute la première partie du film censé expliquer le climat anxiogène de ce monde dystopique de 1995. Tout ce qui en reste, ce sont des images d’émeutes civiles sur un générique d’ouverture. Les pontes veulent de l’action et du craspec, le réalisateur va leur en fournir. Enfin il va tout au moins essayer.
WTF
L’investissement moral a beau répondre présent, le tournage mélange à peu près tout ce qui peut y avoir de chaotique. Le problème est que tout cela est palpable à l’écran. Le réalisateur a beau parsemer son film d’humour noir, les acteurs se demandent tous ce qu’ils sont venus faire dans cette galère, entre surjeu et non-jeu, on les prendrait presque en pitié. La pauvre Olivia Hussey inoubliable Juliette dans le classique de Shakespeare version Franco Zeffirelli en a le plus souffert. Au vu de sa plastique impeccable, elle subit les pressions pour être filmée nue avant que la production opte finalement pour une doublure pour ses scènes de douches à l’image de celles tournées par Paul Verhoeven dans Starship Troopers. Et que dire de ces figurants se battant avec des coups non portés dignes des serials des années 40 ? Que ça a du charme ? Notre côté masochiste répondrait bien par l’affirmatif devant tant de nanardisme. Nos esprits torturés pourraient même en être conquis, voire prêts à en redemander. Heureusement pour nous, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Dans cet état totalitaire lorgnant sur Orwell, on exécute les récalcitrants à tour de bras. On y castre les matons afin de développer leur agressivité, on y côtoie une sorte de Wolfman dévoreur de doigts de pied !!! On traque des détenus à la pelleteuse qui ne doit pas dépasser les 10km/h et surtout les méchants sont vraiment très très méchants. La preuve : leur chef suprême s’appelle Thatcher en hommage à l’ex-premier ministre britannique.
Le renouveau du cinéma australien restera donc chez des réalisateurs comme Peter Weir et George Miller, tous les voyants nous avertissent du naufrage de ces Traqués de l’an 2000. Pourtant, comme beaucoup de ces déviants dont le film parle, nous serons nombreux à y trouver un plaisir…pervers.
Image
Nous avons ici le droit à un nouveau transfert HD, qui redonne au film son beau grain d’origine. Les couleurs ne sont plus délavées et le master retrouve de belles définitions aux contrastes assumés.
Son
Pour une fois, il n’y a pas à choisir entre les pistes VO ou VF. Les deux sont de qualité égales et proposent une acoustique très convenable en DTS 2.0.
Interactivité
Logé dans un beau digipack, les bonus sont à l’antithèse du commercial. Quel plaisir ! Conscients des qualités techniques et artistiques du film, les acteurs et le réalisateur se livrent face caméra. Solidaires les uns avec les autres, ils expriment leur honte d’avoir participé à ce film, sans langue de bois. Une telle sincérité force le respect. Un dernier module revient sur la carrière des producteurs qui ont commencé dans le cinéma érotique pour ne pas être avocat comme le voulait papa. Un programme de qualité qui donne envie de revoir le film avec un autre regard !
Liste des bonus
Interviews de Michael Craig, Lynda Stoner et Roger Ward 23’, Interview de Brian Trenchard-Smith 10’, « La renaissance du cinéma de genre australien » avec la participation de Brian Trenchard-Smith, Antony I. Ginnane et Vincent Monton 26’, bande-annonce 2’, un livret rédigé par Marc Toullec (20 pages).