LES SEIGNEURS DE HARLEM
Hoodlum – Etats-Unis – 1997
Support : Bluray
Genre : Drame, Thriller
Réalisateur : Bill Duke
Acteurs : Laurence Fishburne, Tim Roth, Vanessa L. Williams, Andy Garcia, Cicely Tyson, Chi McBride, William Atherton, Loretta Devine, Queen Latifah…
Musique : Elmer Bernstein
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français LPCM 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 130 minutes
Éditeur : BQHL Editions
Date de sortie : 16 novembre 2023
LE PITCH
Dans le New York des années 30, Bumpy Johnson règne avec honneur, force et dignité sur l’industrie du racket à Harlem. Mais lorsque le terrible Dutch Schutz menace son pouvoir par une série d’attaques sanglantes, Bumpy comprend vite que la seule manière de gagner est de jouer le jeu de la violence. Lucky Luciano, puissant chef de la Mafia, arrivera-t-il à arbitrer cette guerre des gangs ?
Bumpy Blues
La réappropriation culturelle peut se faire aussi par l’exploration des grandes figures criminelles de l’histoire. Avec Les Seigneur de Harlem et le portrait d’un véritable gangster des années 30, Bill Duke qui sortait tout juste d’un Sister Act 2 (oups), tenait son plus ambitieux projet.
Si dès le cinéma des années 30 (actualités obligent) la figure du Gangster, rebelle et romantique cela va sans dire, va imprégner les cinémas américains, il ne s’agit naturellement que de représentants blancs, immigrés italiens et irlandais, laissant les quartiers noirs faire office de simple figuration. Pourtant de grandes figures y ont apposé leur propre légende, comme le célèbre Ellsworth Johnson, associé à la chef du crime organisée Stéphanie St Clair, puis collaborateur de Lucky Luciano et surtout grand ennemi de Dutch Schultz qui rêvait de prendre le contrôle des jeux dans le quartier de Harlem. Un gangster noir qui défend sa communauté contre les ingérences de trafiquants blancs avait forcément tout pour transformer le criminel surnommé Bumpy en symbole de résistance, surtout que son « insolence » contre l’ordre blanc était ouvertement établie. Il va pourtant falloir attendre les années 90 et l’avènement d’une production de films comme Boy’Z the Hood, Menace II Society ou Génération sacrifiée, s’intéressant à la criminalité des quartiers modernes, pour qu’un film tournant autour de cette personnalité n’émerge. Cependant, ici la référence principale ne se trouve pas dans ces chronique modernes mais bien dans un classicisme plus éprouvé, mêlant reconstitution historique luxueuse, casting de luxe, élégie de la violence et une forte d’évocation romantique à l’ancienne comme la trilogie du Parrain, Cotton Club, Il était une fois en Amérique ou Les Incorruptibles, eux même très marqués par les grandes productions Warner d’autrefois.
Club de Coton
Les Seigneurs de Harlem reprend donc à son compte l’habituelle trajectoire en forme d’élévation avant la chute, alors que Bumpy passe d’ex-taulards à chef de gang et parrain respecté et adulé par sa communauté, à un leader qui se perd dans sa propre gloire, son égo, sa violence et sa quête de pouvoir, perdant en cours de route amis et amour. De manière assez amusante, Laurence Fishburne en tête d’affiche ne fait que reprendre un rôle qu’il avait plus ou moins déjà travaillé dans Cotton Club (son personnage y était justement influencé par le même Ellsworth Johnson) et en impose sérieusement face à Andy Garcia (Lucky Luciano) et Tim Roth (Dutch Schultz), cabotinant jusque ce qu’il faut, mais ses efforts ne suffisent pas à doter son personnage d’une véritable aura charismatique. La faute clairement à un spectacle très prévisible, mais qui surtout fait cohabiter les ambitions d’offrir un grand spectacle populaire et spectaculaire pour la communauté noire, tout en copiant constamment des modèles particulièrement envahissants. Acteur au physique assez atypique particulièrement remarqué dans des films comme Predator ou Commando, Bill Duke s’est aussi construit une carrière de réalisateur prolifique mais assez transparent, alternant les DTV, les séries B anecdotiques et les épisodes de séries TV, et dont le seul haut fait restera sans doute le polar Dernière limite. Singeant ici constamment la grandiloquence opératique de Coppola et les explosions de violences exacerbées d’un De Palma, il en enferme les figures dans des décors aux airs de studio, des cadres toujours restreints, figés et plats où même un assaut à mitraillette en pleine rues se joue avec des personnages statufiés, des angles fixes et des champs contre-champs mollassons.
Les Seigneurs de Harlem ne dépasse pas alors la facture du téléfilm de luxe, divertissement sous verre, écrasé par son propre faste, là où l’on aurait préféré retrouver la fièvre des films gangsta ou la frénésie cool de l’ancienne Blackploitation. Une biographie criminelle qui se laisse suivre, mais sans passion.
Image
Hérité d’un ancien master vidéo, le Bluray de Les Seigneurs de Harlem ne peut forcément pas se hisser au niveau de certains standards actuels. La définition manque de relief, les séquences sombres s’aplatissent légèrement et quelques plans laissent même entre-apercevoir une légère pixélation due à un upgrade numérique. Mais les cadres sont très propres et assez stables, les couleurs bien incarnées et surtout l’ensemble garde une belle tenue relativement naturelle et impose un piqué plutôt soigné.
Son
BQHL reste attaché au format sobre LPCM, même lorsqu’il s’agit de sources 5.1, ici pour la version originale et la version doublée. Dans les deux cas la dynamique se fait bien présente, bien imprégnée dans les séquences de cabaret, plus sèche et vive lors des séquences d’action, même s’il faut en début de visionnage penser à faire un peu grimper le volume sonore.
Liste des bonus
Aucun.