LES RASCALS
France – 2022
Support : Bluray
Genre : Action, Drame
Réalisateur : Jimmy Laporal-Trésor
Acteurs : Jonathan Feltre, Missoum Slimani, Victor Meutelet, Angelina Woreth, Marvin Dubart, Taddeo Kufus, Jonathan Eap…
Musique : Delgres
Durée : 104 min
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Aucun
Éditeur : The Jokers
Date de sortie : 14 juin 2023
LE PITCH
1977. Deux gamins de banlieue, l’un noir, l’autre beur, se font « ratonner » par des petites frappes aux crânes rasés. 1984. Alors qu’ils zonent, les deux jeunes devenus membres des « Rascals », une bande de petites frappes, retrouvent leur agresseur et se vengent. Ils ne soupçonnent pas que cette vengeance va lancer à leurs trousses une bande de skinheads ivre de sang.
Black, blanc, beur
Entre deux comédies lourdingues et trois drames bourgeois à La Baule, il arrive que le cinéma français ait encore quelques sursauts. C’est le cas ici avec le premier long métrage de Jimmy Laporal-Trésor qui revient, après un court-métrage remarqué, sur un épisode oublié en tous cas trop peu développé au cinéma : la montée des groupes de skinheads dans les rues de Paris dans les années 80. Utile. Plus que jamais.
A l’origine du film, un court-métrage intitulé Soldat Noir, où le réalisateur prouve déjà l’importance du thème de la montée du racisme en France à cette époque. Un racisme institutionnalisé dans des rues devenues extrêmement dangereuses pour qui n’avait pas la peau blanche et qui mènera à quelques drames qui auront pour conséquence directe le fameux « touche pas à mon pote » d’SOS Racisme arboré ensuite fièrement sous la forme d’un pin’s dans les collèges et lycées de l’époque. Face à des enfants d’immigrés en mal d’intégration qui trouvaient refuge dans des noms de bandes évoquant parfois celles des années 50 et 60 aux États-Unis, des bandes de skinheads se réclamant d’une France en perte d’identité blanche.
Rues barbares
Dès le générique, à base de photos d’époque et de rock pêchu, on est replongé dans cette « douce France » chère à Rachid Taha, porte-étendard d’un rock pluriculturel et à la francité fièrement assumée. Des têtes d’Arabes aux cheveux gominés, comme les crooners et les rockers américains. Les blousons évoquant ceux des bandes rivales, comme au temps de West Side Story ou de Grease. Pour incarner les Rascals du titre, Laporal-Trésor a recours aux talents d’une bande de jeunes comédiens aux origines forcément diverses mais à l’énergie identique. Une énergie qui transpire dans chaque scène, qu’elle mette en évidence les tensions sexuelles, les bagarres de rues ou même les relations familiales, tendues jusqu’à la rupture.
Si les enjeux dramatiques des problématiques interraciales, moelle épinière du film, sont clairement réussies, elles cannibalisent malheureusement tout le reste, à commencer par le développement de certains personnages. Réussi aussi l’aspect politique pourtant peu appuyé du film, qui prend sens au détour de quelques éléments de décors, de répliques ou durant le climax où le positionnement de la police parisienne de l’époque ne laisse aucune place au doute. Enfin, le film souffre assez clairement d’un manque de budget, obligeant un resserrement du cadre en permanence, et même d’un manque de violence sèche, moins compréhensible, qui oblige l’un des personnages principaux à disparaître hors cadre.
S’il manque au film de Jimmy Laporal-Trésor ce petit supplément sauvage et rugueux qui aurait contribué à lui donner l’aura d’un film comme La Haine, il ne manque pour autant pas de qualités, à commencer par le thème même qu’il traite, qu’il sera toujours bon de rappeler à une société qui a souvent tendance à oublier ses travers les plus honteux.
Image
Une image quasi parfaite, aux noirs profonds et aux beaux contrastes lumineux. Le transfert est bien entendu d’une solidité absolue mais surtout le Bluray séduit constamment par la mise en avant de petits contours proprement cinématographiques. Le film a été entièrement tourné en numérique mais sa post-production y a ajouté matières, grains et reflets argentiques avec une certaine élégance.
Son
Du générique très pêchu aux nombreux effets sonores, tout dans la très belle piste DTS-HD 5.1 contribue à l’immersion. Les dialogues ne sont pas oubliés avec une clarté bien posée et l’ensemble offre des ambiances très présentes et naturelles.
Interactivité
Un making of qui revient sur plusieurs éléments de la genèse du film et quelques interventions intéressantes expliquant (un peu) la façon de bosser du réalisateur. Un peu léger mais sympa. Suivent une capsule très courte sur les effets visuels et le storyboard du film. Mais le plus intéressant vient du court métrage Soldat Noir, présent sur la galette et expliquant à lui seul les raisons pour lesquelles Jimmy Laporal-Trésor a réalisé Les Rascals.
Liste des bonus
Une bande à part (Making of) (32’26), Retour en 1984 : les effets visuels (1’40), Storyboard, Court métrage « Soldat Noir ».