LES PIRATES DU MÉTRO
The Taking Of Pelham One Two Three – Etats-Unis – 1974
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Joseph Sargent
Acteurs : Walter Matthau, Robert Shaw, Martin Balsam, Hector Elizondo, Earl Hindman, James Broderick, …
Musique : David Shire
Durée : 104 minutes
Image : 2.40 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 5 avril 2022
LE PITCH
Quatre malfrats s’emparent d’une rame de métro à New York et tiennent ses passagers en otage contre une rançon d’un million de dollars payable dans l’heure, …
Le dernier métro
Première adaptation du best-seller de John Godey (alias Morton Freegood) et classique rugueux du thriller urbain 70’s, Les pirates du métro de Joseph Sargent fait aujourd’hui l’objet d’une superbe édition collector concoctée par les fins gourmets de Rimini Editions. De quoi nous faire oublier une bonne fois pour toute le remake pas très inspiré pondu par Tony Scott en 2009.
L’efficacité avant tout. Comment résumer autrement la ligne directrice du scénariste Peter Stone et du réalisateur Joseph Sargent dans leur effort (payant) de dégraisser jusqu’à l’os un roman si riche en personnages et en détails ? Des détails qui, au passage, firent craindre à la toute puissante FTA (Fédéral Transit Administration, l’équivalent de notre ministère des transports) que Les pirates du métro ne serve d’inspiration aux criminels et terroristes de tous poils. Le tournage ne put obtenir son feu vert qu’à deux conditions : la souscription par le studio d’une assurance à 20 millions de dollars en cas de prises d’otages calquée sur le modèle du film et l’obligation de n’employer que des rames de métro vierges de tous graffitis, seule entorse au réalisme du quotidien des new-yorkaises et new-yorkais !
Générique. Lettres blanches sur fond noir. Grâce soit rendue à la force de frappe du score jazzy de David Shire. Premier plan sur les rues bondées de la Grosse Pomme. Un petit homme rond et moustachu s’engouffre dans une station de métro. Martin Balsam (le détective Arbogast du Psychose de Hitchcock) joue Mr Green et il a un gros rhume. Ce qui aura son importance plus tard. Suivent Mr Grey (Hector Elizondo), l’ancien mafieux à la gâchette facile, Mr Brown (Earl Hindman), le professionnel avec un petit bégaiement et le chef de la bande, Mr Blue (Robert Shaw, sur la retenue), ancien mercenaire inflexible au discret accent british. Avec méthode et sang-froid, le quatuor détourne le wagon de tête d’une rame de métro. Pendant ce temps, Walter Matthau, aus ommet de son charisme débonnaire dans la peau du lieutenant Garber, fait visiter les locaux de la FTA à des représentants du métro de Tokyo. Puis vient la prise d’otages et l’ultimatum. Une heure pour payer. La machine est lancée. Suspense au couteau. Simple, concis. Efficace, donc.
Six pieds sous terre
Italo-américain du New Jersey, de son vrai nom Giuseppe Danielle Sorgente, Joseph Sargent s’est fait une réputation d’artisan solide pour le petit écran avant d’entamer les 70’s sous les meilleurs auspices en enchaînant sur trois films majeurs : Le cerveau d’acier, The Man (écrit par Rod Serling et avec James Earl Jones dans la peau du premier président afro-américain) et Les Bootleggers avec Burt Reynolds. Sur Les pirates du métro, Sargent se surpasse. Sa maîtrise du cadre, du rythme et de la direction d’acteurs lui permet d’aller à l’essentiel, de ne jamais laisser retomber la pression et d’asseoir la crédibilité indiscutable d’une galerie de personnages caractérisés au millimètres près. Il trouve également un allié précieux en la personne d’Owen Roizman, directeur de la photographie piqué à William Friedkin. Pour les scènes à l’air libre, on retrouve la grisaille et les lumières blafardes de French Connection. Pour les scènes en souterrain, les ténèbres étouffantes de L’Exorciste.
Linéaire, expéditif, minéral, dénué du moindre monologue explicatif ou psychologisant, Les pirates du métro dresse pourtant, en filigrane, un portrait peu reluisant de New York et de sa faune. Sargent épingle la corruption des institutions, la misogynie rampante et l’indifférence générale d’une ville qui fonce sans réfléchir. Et il le fait avec un certain sens de l’humour, qu’il s’agisse des dialogues acerbes entre un maire malade et son assistant, entre Garber et l’un de ses subalternes obsédés par une circulation à l’arrêt ou de ce personnage de vieille femme ivre qui ne se réveillera pas avant la fin de la prise d’otages.
Se clôturant avec malice sur l’un de ces sourires en coin dont Walter Matthau avait le secret, Les pirates du métro fut un temps envisagé pour un débutant nommé Steven Spielberg. Ironie de l’histoire, Joseph Sargent se retrouvera à la barre en 1987 des Dents de la mer 4, ultime suite du classique de tonton Spielby et nanar hilarant dont la seule vertu fut de redresser les finances personnelles de Michael Caine. Drôle de chassé-croisé entre le vétéran aguerri et le wonder boy d’Hollywood.
Image
Le grain très prononcé (mais jamais envahissant) et le grand nombre de scènes en basse lumière sont admirablement restituées par un master de première bourre aux contrastes précis. Quelques points blancs sont encore visibles mais la restauration a fait l’objet d’un travail pointu.
Son
Truculent et pittoresque, le doublage français offre quelques arguments de poids et en premier lieu sa propreté et son équilibre. La version originale prend néanmoins l’ascendant avec dynamisme, eu égard à la place prépondérante accordée au score de David Shire, avec des cuivres puissants.
Interactivité
Les entretiens avec Hector Elizondo, le compositeur David Shire et le monteur Gerald Greenberg, repris du disque américain de Kino Lorber datant de 2016 ont été récupérés par Rimini et proposent quantité d’anecdotes et de détails de fabrication pointus. On pourrait regretter l’absence du commentaire audio assuré par l’acteur Pat Healy (qui n’est pas au casting du film) et de l’historien du cinéma Jim Healy mais les suppléments spécialement produits pour l’occasion le remplacent avantageusement. Jean-Baptiste Thoret, que l’on ne présente plus ici, et le rédacteur en chef du site Homepopcorn.fr Frank Brissard se partagent équitablement les quatre segments inédits pour plus d’1h40 d’analyses passionnantes ! Le parrain de la collection Make My Day ! revient en long, en large et en travers sur le contexte de production du film et l’exploitation sur grand écran de la ville de New York dans les années 70 tandis que son collègue se concentre sur le tournage et la carrière du réalisateur Joseph Sargent. Quant au packaging, il fait le bon choix de réutiliser la superbe affiche d’époque de Mort Künstler.
Liste des bonus
« New York 1974 » par Jean-Baptiste Thoret, réalisateur et historien du cinéma (43’) / « New York et le cinéma des années 70 » par Jean-Baptiste Thoret (20’) / « Les pirates du Métro » par Franck Brissard, rédacteur en chef du site Homepopcorn.fr (29’) / « Le cas Joseph Sargent » par Franck Brissard (8’24”) / « 12 minutes avec M. Gris » : interview de Hector Elizondo (12’) / « Les bruits de la ville » : interview de David Shire (9’06”) / « Un montage de premier plan » : interview de Gerald Greenberg (9’08”) / Bande-annonce.