LES NUITS BRÛLANTES DE LINDA
France, Italie – 1973
Support : Bluray & DVD
Genre : érotique, Drame
Réalisateur : Jess Franco
Acteurs : Alice Arno, Lina Romay, Verónica Llimerá, Paul Muller…
Musique : Daniel White
Durée : 80 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 01 février 2022
LE PITCH
Marie-France trouve un emploi comme nurse dans une famille française et puritaine résidant en Grèce, les Radek. Le père a assassiné autrefois son épouse adultère et vit dans le remords. A ses côtés, sa fille Linda, paralytique, et Olivia, sa nièce nymphomane. Et enfin, Abdul, l’homme à tout faire simple d’esprit. Les frustrations de la famille vont être chamboulées par l’arrivée de Marie-France…
Reflets obscènes
De Jess Franco, les amateurs gardent surtout en mémoires les comédies frivoles, les vampires saphiques, les gothiques appliqués et un érotisme plus ou moins cru. Mais sa filmographie est aussi traversée par une série de thrillers psychologiques, étranges et troubles, dont Les Nuits brûlantes de Linda fait bel et bien partie.
Constamment changeant, s’adaptant aux modes, aux commandes et aux budgets alloués, le cinéma de Jess Franco est protéiforme et surtout pléthorique. Pas toujours évident dès lors de s’y retrouver surtout que ses films ont eu tendance à connaître quelques changements de titres et des remontages en cours de route. A l’instar justement de ces Nuits brûlantes de Linda (au premier titre Mais qui a violé Linda ?), charcuté de tous côtés à l’étranger alors que Jess Franco lui-même sentant l’érotisme cru laisser doucement sa place au hardcore, tourna quelques séquences X avec la jeune Lina Romay, « au-cas-où ». Qui plus est, l’opus en question fut tourné en cette bonne année 1973, l’un des sommets de la frénésie du bonhomme signant dans la foulée onze autres long métrages et en entamant trois supplémentaires pour la forme. Mais à l’instar du fameux Le Miroir obscène dont il partage de nombreux thèmes et figures, Les Nuits brûlantes de Linda affiche certainement un petit quelque-chose en plus, une atmosphère, un soin tout particulier dans sa finition, qui est souvent accompagné chez lui d’une exploration psychique très marquée.
Le secret derrière la porte
S’il se présente comme un film d’exploitation culotté comme beaucoup d’autre, le métrage n’affiche certainement pas une sexualité légère et gentiment libéré afin d’exciter les spectateurs des salles bis, s’attardant plutôt sur les troubles très marqués des habitants d’une demeure étouffante, inquiétante. Comme un huis-clos où les différentes pièces et les différents personnages ne semblent presque pas partager le même espace, la même réalité. Que ce soit la nouvelle nurse engagée pour s’occuper de la petite Linda paraplégique et catatonique, de la cousine Olivia aux pulsions sexuelles frénétique, le père à la rigidité autoritaire et le serviteur muet, souffre-douleur collectif, tous hésitent entre le rêve éveillé, les figures du dédoublement et les symboliques freudiennes. Bien entendu tout ce petit monde se tripote allégrement, bronze dans le plus simple appareil sur la terrasse ou explore même quelques petits plaisirs SM, mais constamment avec cette sensation malsaine et étrange qui plane autour d’eux. Comme souvent chez Franco, il y a un mystère à déchiffrer, celui caché dans une chambre verrouillée à double tour et un souvenir traumatique aux contours incestueux, dont la révélation finira par révéler la véritable nature du film. Malgré un cadre resserré et quelques petits jours de tournages, le réalisateur soigne particulièrement ses cadres, fait glisser habilement le décors modernes et méditerranéen vers les éclairages baroques d’un gothique psychique.
Un drame onirique forcément un peu inégal, parfois chancelant, à l’épilogue franchement abusé, mais parsemé de visions voluptueuses morbides dont Jess Franco a le secret.
Image
Si Jess Franco n’a pas toujours été particulièrement gâté dans l’exploitation de ses films, et en particulier du côté de la vidéo, Les Nuits brûlantes de Linda fait partie des grands sacrifiés avec de multiples montages plus ou moins censurés proposés dans des copies souvent recadrées, abîmées… Retrouvé, selon la légende, dans un bordel de Barcelone, la copie 35 mm a été soigneusement scannée en 2K aux USA par Severin Film. Certes de nombreux défauts de pellicules persistent (griffures, taches…), les bords sont fluctuants et les coupes et collages sont on ne peut plus visibles, mais le film retrouve clairement toute la chaleur de sa colorimétrie, des contrastes bien dessinés et une définition inespérée redonnant un vrai grain et une vraie sensualité au film.
Son
Là aussi impossible de cacher les origines modestes du film. La piste française n’est pas toujours égale (toute comme les interprétations) et doit composer avec quelques pertes et autres saturations. Le rendu reste cependant très correct mais comme la version exploitée en France était le plus souvent tronquée (un comble), Artus a été obligé de laisser le calamiteux doublage anglais (avec sous-titres) sur les passages inédits. Dommage pour le coup de ne pas avoir laissé le choix avec une piste anglaise intégrale.
Interactivité
Venant compléter la fournée déjà composée de Shining Sex et de Deux espionnes avec un petit slip à fleur, Les Nuits brûlantes de Linda partage forcément le même packaging avec un digipack glissé dans un joli fourreau cartonné. Le visuel est une fois encore très réussi d’ailleurs. Sur les galettes proprement dîtes nous retrouvons les deux mêmes intervenants. A savoir le coproducteur Daniel Lesoeur qui se remémore l’ambiance très amicale qui régnait sur les tournages de Franco, les bons restaurants qui venaient conclure chaque journée et délivre quelques anecdotes sur ses chères actrices.
Le journaliste Stéphane du Mesnildot continue sa réhabilitation du cinéma de Franco en proposant une analyse plus poussée du film, dissèque les figures et thèmes récurrents et les jeux de miroirs entre les personnages.
Le programme s’achève par, belle surprise, quinze minutes issues du montage X du film avec des caresses beaucoup plus profondes, une défloration à la banane, une pénétration plus que suggérée et une branlette suivie d’une éjaculation en gros plan. Étonnamment cette quinzaine de minute est présentée dans de très bonnes conditions là où Severin avait en 2013 uniquement proposé un master VHS sur le disque supplémentaire d’une édition ultra limitée.
Liste des bonus
Présentation par Daniel Lesœur (17’), Présentation par Stéphane du Mesnildot (22’), Scènes additionnelles (15’), Diaporama d’affiches et photos, Film-annonce original.