LES MONSTRES DE LA MER
Humanoids from the Deep – Etats-Unis – 1980
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Barbara Peeters
Acteurs : Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Pena…
Musique : James Horner
Durée : 80 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 19 août 2021
LE PITCH
Pour avoir mangé des saumons génétiquement modifiés, des cœlacanthes, une espèce aquatique vieille comme l’humanité, mutent. Beaucoup plus agressifs qu’ils ne l’étaient avant leur transformation, désormais capables de se déplacer sur la terre ferme, les créatures attaquent et massacrent quiconque se présente à elles dans le secteur du port de Noyo. Des pêcheurs, des estivants… Personne ne leur échappe.
I Love Sushi !
Doté d’une affiche culte dont la célébrité à même largement dépassé celle du film (merci JP Putters et son Ze craignos monsters), Les Monstres de la mer s’échappe enfin du filet de l’ère VHS pour s’offrir une nouvelle jeunesse en HD. Une résurrection inespérée pour l’un des jalons les plus représentatifs de l’exploitation bis 80’s de cette fripouille de Roger Corman.
Ancien réalisateur frôlant avec l’excellence (ses adaptions d’Edgar Poe avec Vincent Price pour les plus évidents)), mais aussi grand débrouillard du cinéma américain, Roger Corman s’est surtout concentré avec les années sur sa posture de producteur malin et économe, fournisseur officiel des cinémas de quartier et des derniers drive-in. Une méthode qui lui aura permis de découvrir de nombreux jeunes talents (Jack Nicholson, Francis Ford Coppola, Monte Ellman, James Cameron, Joe Dante, Martin Scorsese…) mais aussi de délivrer quelques grands moments du cinéma d’exploitation pur. Comme ce Les Montres de la mer, petite production à 2.5 millions de dollar venant surfer gracieusement sur le succès précédent du fameux Piranhas de Joe Dante, lui-même mis en boite pour profiter du tsunami Les Dents de la mer. Opportuniste toujours, Corman conçoit ici un mélange de menace aquatique (là encore née de terribles expérimentations scientifiques comme le film de Dante), de rip-of d’Alien (version italienne) et de retour aux films d’invasions monstrueuses des années 50 avec comme cadre une petite bourgade américaine isolée attaquée par des cœlacanthes mutés en créatures humanoïdes pour avoir dévoré des saumons transgéniques. Un scénario on ne peut plus classique, brassant sa petite collection de pécheurs plus ou moins sympathiques, entre père de famille sobre et courageux, et salopard raciste (incarnés respectivement par les vétérans Doug McClure et Vic Morrow), dont les tensions se cristallisent autour du projet d’implantation d’une usine de conserve. C’est certainement cet aspect légèrement social et l’amorce de réflexion écologiste qui ont attiré la réalisatrice Barbara Peeters (Les diablesses de la moto, Starhops), déjà membre de l’écurie Corman et connue pour apporter un soupçon de valeurs féministes à des genres qui en manque souvent.
Drame portuaire
Et lorsque celle-ci pense tourner un projet plutôt atmosphérique, sophistiqué sous le nom Beneath The Darkness, elle est bien loin des attentes du patron de New World Pictures qui sera particulièrement déçu devant la sobriété et le sérieux de la copie. Pas de soucis, le voilà qui enrôle une seconde équipe pour mettre en boite des séquences entières d’attaques beaucoup plus sanglantes et surtout des rencontres entre les monstres amphibiens et des demoiselles en bikini, mais qui ne les gardent pas longtemps. Des séquences de viols inter-espèces plus vraiment suggestives, réintégrées dans un montage final étonnamment cohérent et percutant grâce au savoir-faire du solide Mark Goldblatt (Terminator 2, Starship Troopers, Le Dernier Samaritain…) qui culmine dans un massacre final, en pleine fête du saumon, particulièrement baroque. Et sans grande surprise, ce sont surtout ces élans pleins de mauvais goût, d’effets chocs et de filles à poils qui sont restés dans les mémoires, plus en tous cas que les velléités thématiques de la pauvre Barbara Peeters qui claqua la porte de la maison dans la foulée. Outre le bonheur de découvrir une série B bicéphale mais particulièrement généreuse dans ses excès, il faut reconnaître que le film ne doit pas qu’à la plastique de ses actrices mais aussi au talent des responsables des effets spéciaux, parmi lesquels (et non crédités en plus) on compte Chris Walas (Gremlins, La Mouche) et Rob Bottin (Robocop, The Thing), en l’occurrence designers des trois costumes en latex certes rétros, mais au contours lovecraftiens du meilleur effet. Et comment ne pas parler ici de la bande originale signée par un tout jeune talent, James Horner, offrant par ses atmosphères angoissantes à la Alien, une sophistication étonnante ? Du cinéma pop-corn comme on en fait plus.
Image
Première sortie Bluray en France pour Les Monstres de la mer, qui profite immédiatement (et c’est bien chouette) de la dernière restauration 4K effectuée par Shout Factory. Presque indécent d’ailleurs tant l’image se montre d’une netteté accomplie, offrant des cadres admirablement propres, stables et surtout dotés de couleurs à la fois très naturelles (les teintes de peaux) et chaudes, subtilement contrastées. Les noirs ne sont pas en restes avec des profondeurs très marquées et bien tenues, mais le plus impressionnant restant sans doute la maitrise du grain de pellicule et ses reflets argentiques. Certes un ou deux plans sont plus floconneux ou légèrement moins pointus, mais pour une série B de cet acabit c’est très anecdotique.
Son
Si les prises de son d’époque, un peu aléatoires, peuvent entrainer quelques disparités dans la restitution, la piste mono en DTS HD Master audio n’en assurent pas moins une qualité générale très appréciable. Aucune perdition à noter, l’ensemble est très propre avec une belle présence des musiques de James Horner. Un peu plus plat et distant, le doublage d’époque, aussi sérieux que, parfois, ridicule, retrouve aisément les sensations frontales d’origine.
Interactivité
Sortie grand luxe pour Les Monstres de la mer proposé par Sidonis sous la force d’un Mediabook Bluray + DVD + Livret du meilleur effet. La partie textuelle a bien entendu été confiée à Marc Toullec, qui compile en une vingtaine de pages de nombreuses informations sur la production et le tournage du film.
Des informations reprises plus légèrement par la présentation inédite effectuée par le journaliste Olivier Père, qui se concentre surtout sur la méthode Corman et les contours bis de ses productions. Et on les retrouve même déjà en grande partie présente dans le making of produit en 2010 par l’éditeur américain, retraçant là aussi les modifications opérées par Corman et son équipe (même si Roger a apparemment se mélange un peu les pinceau), le travail des spécialistes des SFX et le statut particulier du film. Un segment très complet à côté duquel la très courte présentation, datée, par Corman et Roger Maltin (le Laurent Weil US) semble un peu ridicule. Cependant impossible de passer à côté de la petite sélection de scènes coupées, restaurées pour l’occasion, et qui malgré un son parfois perdu offre quelques attaques inédites des bestioles et pleins de nudité gratuite.
Liste des bonus
Livret (24 pages), Présentation du film par Olivier Père (25′), Making of (22′), Entretien avec Roger Corman (3′), Scènes coupées (6′), Bande annonce.