LES MASSACREURS DE BROOKLYN
Defiance – Etats-Unis – 1980
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : John Flynn
Acteurs : Jan-Michael Vincent, Art Carney, Theresa Saldana, Danny Aiello, Rudy Ramos, Lenny Montana…
Musique : Dominic Frontiere
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français LPCM 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 103 minutes
Editeur : BQHL Éditions
Date de sortie : 27 février 2024
LE PITCH
Dans l’attente d’un embarquement fixé six mois plus tard, Tommy Gamble, un marin sans le sou et suspendu pour insubordination, s’installe dans le plus mal famé des quartiers de New York. Pratiquement une zone de non-droit, soumise à la loi du gang des Savage Souls qui terrorise, rançonne, tue et viole en toute impunité sur leur territoire. D’abord indifférent au sort de ses habitants, Tommy s’attache à eux et tente de les aider. Il le fait si bien qu’il les rallie à lui contre ces voyous qui, face à la résistance, se montrent de plus en plus agressifs.
Un justicier dans le quartier
Au tournant des années 80 les vigilante movies, nourris par une décennie animée, ne manquent pas. Parmi le défilé plus ou moins bisseux, Les Massacreurs de Brooklyn passe un peu inaperçu. Pourtant ce film d’action signé John Flynn (Rolling Thunder) assure le spectacle avec une efficacité indéniable.
John Flynn fait partie de ces réalisateurs américains, talentueux, mais qui n’ont jamais vraiment connu le succès qui leur permettait de se faire reconnaitre largement et surtout de s’échapper définitivement du marché de l’exploitation. Pourtant il n’en sera jamais loin avec quelques titres qui persistent comme le polar Echec à l’organisation, Pacte avec un tueur, Haute sécurité avec Stallone, Justice Sauvage avec Steven Seagal ou le film d’horreur Brainscan. Mais c’est finalement aujourd’hui le vigilante movie Rolling Thunder, précurseur et percutant, qui est véritablement passé à la postérité, malgré son échec commercial en 1977. Projeté trois ans plus tard, Les Massacreurs de Brooklyn (titre français débile puisque le film ne se passe pas dans ce quartier et qu’il n’y a pas vraiment de « massacreurs ») résonne aujourd’hui comme une opportunité de se rattraper et surtout de s’inscrire de manière beaucoup plus scolaire et commerciale dans le genre. Le scénario reprend d’ailleurs à ce titre tous les poncifs déjà éculés avec sa description d’un quartier populaire, autrefois extrêmement soudé, désormais persécuté par une bande de délinquants sans fois ni loi menée par le terrible Angel Cruz (charismatique et inquiétant Rudy Ramos). Débarque alors Tommy, marin qui attend son prochain navire, et qui malgré ses réticences va finir par permettre à la population de se soulever et reprendre les choses en mains.
La loi de la rue
Basique, jusque dans la romance, mignonnette avec sa charmante voisine latino du dessus et son amitié avec le gamin des rues. Pas de surprises et un manque d’intensité dans le choix en tête d’affiche de l’acteur Jan-Michel Vincent, déjà héros de quelques films d’actions sur le même thème (Le Flingueur avec Bronson, Milice Privée…) et bientôt mémorable pilote dans Supercopter, plutôt athlétique mais au manque d’expressions flagrant. Il se fait d’ailleurs aisément voler régulièrement la vedette par le compère toujours sympathique Danny Aiello, ici ancien meneur d’une bande locale qui va reprendre du poil de la bête. Un produit de série, une commande sans doute qui sent déjà l’essoufflement du genre, mais qu’en excellent artisan John Flynn rend particulièrement attractif en signant une radioscopie nette et sans détour du New York de l’époque : pauvre, cradingue, dangereux mais aussi extrêmement chaleureux et vivant. Le réalisateur ne prend jamais le quartier de haut et réussi, malgré la violence qui l’habite, a en célébrer l’esprit populaire et communautaire, et un mode de vie aujourd’hui disparu dans la grande pomme. Presque un documentaire, capturant l’esprit des rues et un décor rugueux, marié à une mise en scène sèche et qui sait aller à l’essentiel, donnant aux différentes scènes d’agressions ou de castagnes un réalisme bienvenu. Pas de débordements vraiment spectaculaires ou gratuits ici (une seule victime d’assassinée, pas de viol comme c’était souvent le cas…), mais un accent fermement tenu mis sur la tension, l’oppression écrasante, psychologique et des bastons qui restent au raz du bitume et qui ne dissimulent pas les hématomes.
Un simple film de série B, un vigilante comme tant d’autre, mais bien troussé, appliqué et doté d’une atmosphère maitrisée qui le hisse aisément au-dessus du tout-venant. C’est un peu la marque de fabrique de John Flynn d’ailleurs.
Image
Pas forcément un Bluray de compétition, mais en tout cas une présentation très appréciable du film. La source n’est pas connue, mais elle ne date certainement pas d’un scan récent, l’édition US de Kino Lorber datant d’ailleurs de 2015 et affichant les mêmes caractéristiques. Il s’agit plutôt là d’un ancien master vidéo joliment nettoyé et consciencieusement raffermi lui permettant d’afficher des cadres très propres et stables, et un mélange de doux relief et de fins détails très honorables. La photographie reste sèche et naturelle et là encore seuls les plans en basse luminosité laissent affleurer de légers halos et amas d’artefacts.
Son
De nature plutôt brute la version originale retient parfaitement l’atmosphère de la rue et les contours un peu bis du film. Très frontale, bruyante et donc toujours plongée dans l’énergie de la rue la version originale est bien plus marquante que la version française, plus plate et marquée par quelques échos métalliques.
Interactivité
BQHL invite le critique Samuel Blumenfeld à présenter Les Massacreurs de Brooklyn. L’occasion de revenir sur la stature du réalisateur John Flynn, sur les courtes décennies de gloire du vigilante movie puis naturellement le film en question, mineur et reflet d’une mode qui s’étiole, mais que l’intervenant sauve naturellement par la mise en scène assez efficace.
Liste des bonus
Présentation exclusive du film par le journaliste Samuel Blumenfeld (24’).