LES MAITRES DE L’UNIVERS
Masters of the Universe – Etats-Unis – 1987
Support : Bluray & DVD
Genre : Fantastique, Action
Réalisateur : Gary Goddard
Acteurs : Dolph Lundgren, Frank Langella, Meg Foster, Billy Barty, Courteney Cox, Robert Duncan McNeill…
Musique : Bill Conti
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 106 minutes
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 5 juillet 2024
LE PITCH
Le démoniaque Skeletor, assoiffé de pouvoir, s’apprête à déclencher la guerre au peuple pacifiste de la planète Eternia. Il ne reste que 24h à Musclor, Tila et le maître d’armes pour l’arrêter. Seule la clef cosmique peut les aider. L’avenir de l’Univers en dépend…
« Par le pouvoir du Crâne Ancestral ! »
Alors que Kevin Smith a secoué le cocotier et rajeuni considérablement l’honorable marque Masters of the Universe avec ses séries animées Netflix, que les comics connaissent régulièrement quelques retours gagnants et que possiblement une nouvelle version cinéma serait dans les cartons, il était effectivement peut-être temps de revenir sur ce pur chef d’œuvre des années 80, véritables joyaux du studios toujours classieux de la Cannon qui signait là son grand Blockbuster maison (ironie) !
Même si aujourd’hui encore la franchise est accompagnée d’une bonne dose de nostalgie et ne semble pas prête à disparaitre dans les ténèbres, il peut être difficile de percevoir le succès incroyable que la marque pouvait avoir dans les rayonnages du début des années 80. Des tonnes de figurines, déjà plus ou moins limitées, vendues par milliers à noël et aux anniversaires pour des gosses qui bouffaient assidument le moindre épisode de la série animée Filmation, se transformaient en prince d’Eternia dans la cour de récréation et grimpaient sur les canapés comme d’autres sur un tigre de combat. Bref la hype. Et toujours en quête de nouvelles propositions juteuses et rêvant surtout depuis des lustres d’en démontrer aux studios hollywoodiens historiques, la Cannon investit près de 20 millions de dollars dans l’entreprise, embauche le grand Moebius pour les designs et le David Odell de Dark Crystal pour le scénario et espère clairement tenir là son propre Conan le barbare (vieille marotte) voir carrément son Star Wars (autre vielle marotte). Au tout jeune et encore assez inexpérimenté Gary Goddard, scénariste du Tarzan de 81 avec Bo Derek, la lourde tache de mener le paquebot à bord, d’accompagner l’imposant Dolph Lundgren, coupe mulet du meilleur effet, dans son premier vrai rôle dialogué, de se plier docilement aux exigences d’une firme Mattel qui ne veut surtout pas brusquer le jeune public (pas de vraie violence, surtout pas de sexe…) puis rapidement d’empêcher l’ensemble de sombrer totalement.
« Je détiens la force toute puissante ! »
C’est que le temps que le film parte en production, les jouets sont passé de mode et prennent la poussière sur les étagères et la productivité irraisonné de la Cannon a fini par la rattraper et l’entraine doucement vers la banqueroute. Coupures nettes dans le budget, réductions drastiques des ambitions d’un script qui devait rendre hommage à Frazetta et Jack Kirby et qui se déroule désormais essentiellement sur notre bonne vieille terre, le réalisateur raconte même que les équipes de tournage menaçaient régulièrement de tout stopper faute de paye… Jusqu’à ce que ce soit la production elle-même qui coupe les vivres alors que le tournage, et en particulier le duel final, ne soit achevé. On en sera quitte pour à un duel à l’épée magique dans la pénombre en guise de climax. Face à tout cela, et malgré un univers souvent traité par-dessus la jambe (mais où sont passés Orgo, Gringer et l’avatar gentillet le Prince Adam ?) et un royaume d’Eternia qui se résume à un grand canyon et un château échappé d’un Flash Gordon italien, il est difficile de vraiment en vouloir à ce divertissement assez pataud, lourdaud, mais clairement touchant dans ses maladresses et sa volonté de bien faire…où ses emprunts constant et terriblement visible à La Guerre des étoiles. Les effets spéciaux à l’ancienne et les quelques maquillages et créatures confiées à des membres d’ILM sont d’ailleurs plutôt réussis. On s’amuse forcément de croiser le joli minois d’une Couteney Cox pré-Friends encore toute naturelle et toute jolie, de voir Dolph jouer du muscle dans le rôle d’un héros trop propre sur lui pour convaincre, mais on sera forcément bien plus conquis par l’interprétation de Frank Langella (le Dracula de John Badham) cabotin en diable sous le masque blafard plutôt sympa de Skeletor.
Mais peut-être que dans tout ça le seul qui réussit véritablement à tenir toutes ses promesses est Bill Conti (L’étoffe des héros, la série des Rocky, F/X, les Karaté Kid…) galvanisé par l’opportunité de livrer son Space Opera personnel, et qui par ses élans épiques, entre symphonie et modernité synthétique, approche régulièrement le Superman de John William ou les vieux Star Trek de Jerry Goldsmith. Il suffit parfois de fermer les yeux pour entrevoir ce que ce Les Maitres de l’univers aurait pu devenir.
Image
Cela fait plus de 10 ans que le film a été restauré en HD aux USA, et forcément certains contours rappellent que la source n’est pas forcément passée par un nouveau scan 4K devenu la norme aujourd’hui. Pourtant, le résultat est là et l’esthétique filmique a été soigneusement préservé avec un grain bien visible et vibrant, des matières marquées et un piqué qui tire le meilleur d’une production à l’ancienne avec effets spéciaux optiques, tournages nocturnes et effets brillants so 80’s. Des cadres parfois un peu plats certes, mais les couleurs sont chaudes et naturelles, les noirs bien profonds et le visage de Skeletor aussi bien creusé que les pectoraux de Musclor sont bombés.
Son
Même si le film n’est pas aussi épique qu’on l’aurait souhaité, sans doute aurait-il profité un peu d’un nouveau mixage 5.1. Il faut dire que la stéréo d’origine n’est pas particulièrement percutante et reste extrêmement centré. Le DTS HD Master Audio 2.0 est très propre et clair, mais pour une fois on préfèrera sans doute la VF où Musclor n’a pas l’accent à couper à la hache de Dolph Lundgren et où les noms de nos jouets préférés font vibrer la nostalgie.
Interactivité
Pour son édition Sidonis Calysta a réuni deux petits making séparés par 25 longues années. Amusant puisque le premier est une bande promo conçue par la Cannon et dans laquelle toute l’équipe du film parle d’une énorme production, incroyablement spectaculaire et d’un tournage ultra pro, alors que le second laisse le soin à Gary Goddard et les coproducteurs de lever le voile sur l’état catastrophique de la Cannon, la chute des ventes des figurines, le budget qui s’évapore, le tournage chaotique et le final tourné en quelques heures des mois après les autres prises de vue. Un peu court et il manque certainement des interventions des stars du film pour étoffer le tout, mais la franchise est toujours payante.
Liste des bonus
« Dans les coulisses de la légende Maîtres de l’Univers » : featurette d’époque (4’), Making of 25ème anniversaire (12’), Bandes-annonces.