LES LIAISONS DANGEREUSES 1960
France – 1959
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Roger Vadim
Acteurs : Jeanne Moreau, Gérard Philipe, Annette Stroyberg, Madeleine Lambert, Jean-Louis Trintignant, Jeanne Valérie, Boris Vian, Simone Renant…
Musique : Thelonious Monk, Jack Marray
Durée : 114 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Éditeur : Coin de mire
Date de sortie : 18 mars 2022
LE PITCH
Valmont et sa femme Juliette forment un couple de libertins. Ils n’ont de loi que leur plaisir. Ils sont de parfaits complices pour choisir leurs victimes et imaginer les conquêtes et les abandons de leurs maîtresses et amants respectifs. À Megève, Valmont entreprend de conquérir la jeune Cécile. Il doit la souiller avant son mariage pour plaire à sa femme. Mais dans son entreprise, il rencontre Marianne. Cette femme est la vertu incarnée, mariée et heureuse ; en somme le gibier le plus savoureux pour un libertin. Bientôt des liens ambigus se nouent : Valmont ne désire-t-il Marianne que pour mieux la perdre, ou découvre-t-il enfin, le véritable amour, celui qui n’a pas d’arrière-pensées ?
Intentions cruelles
Première adaptation à l’écran du classique de la littérature française, trente ans avant les concurrents de Stephen Frears et Milos Forman, et quarante ans avant la transposition à Manhattan façon teen Hollywood, Les Liaisons dangereuses 1960 prend un malin plaisir à recréer un parallèle entre l’ironie cruelle du 17ème siècle et le cynisme des trente glorieuses.
Autre film scandale pour Roger Vadim, trois ans après un certain Et dieux créa la femme…, qui avec son adaptation contemporaine des Liaisons dangereuse excita autant les défenseurs de la grande littérature que les indécrottables défenseurs des bonnes mœurs, prouvant s’il le fallait encore que le propos du roman épistolaire de Choderlos de Laclos reste d’une incroyable modernité. D’ailleurs en cette fin des années 50 / début 60 le libertinage bourgeois connait un regain d’intérêt et le réalisateur lui-même n’est pas bien éloigné de ces nouvelles pratiques et de ces besoins de séduction à tout va. Rien d’étonnant alors à faire de Mme de Merteuil et de Valmont un couple marié, qui prennent un malin plaisir à se raconter conquêtes et ruptures le soir au coin du feu. Du libertinage au détriment des autres naturellement, mais les amants sont cruels et soudés… jusqu’au jours où amours, fiertés et jalousies vont entrer dans la ronde. L’histoire est, normalement connue de tous, et Vadim, à quelques petits arrondis prêts, reste extrêmement fidèle au texte original, transposant la langue précise et aristocratique en joutes admirablement théâtrales où brillent avec charme et élégance l’éternel Gérard Philipe et une vénéneuse Jeanne Moreau, entre séduction et répulsion.
Et l’homme trahit la femme
Face à eux les jeunes et fraiches victimes du Don Juan, Jeanne Valérie en Cécile Volanges et Annette Stroyberg (alors Madame Vadim) en Marianne Tourvel, peinent forcément à s’imposer autant par leur beauté trop facile que par les limites de leur jeu. Plus discrets mais plus étonnants, les copains Jean-Louis Trintignant et Boris Vian sont aussi de la partie en Prévan et Danceny. Profitant d’une superbe photographie noire et blanc tour à tour tranchée et veloutée et d’une atmosphère puissamment jazz composés par le génie du piano Thelonious Monk, Roger Vadim se montre plus inspiré qu’à l’accoutumé reproduisant à merveille les soirées feutrées de la bonne société de Neuilly, les weekends couteux et festifs aux sports divers, pour mieux s’approcher des manipulations, trahisons, ragots et ébats charnels qui se déroulent en coulisses. Toujours prompte à secouer un peu la bonne société de son époque, le réalisateur n’édulcore jamais le propos, l’amoralité de ses personnages et surtout leur incroyable cruauté.
Peut-être parce qu’il est un homme, peut-être parce que c’est la France de 59, sa Merteuil censée symboliser cette femme de la nouvelle société voulant s’emparer de son destin et concurrencer les hommes (dixit l’introduction de Vadim en personne), semble plus machiavélique que jamais, punie même comme une sorcière moderne, là où Stephen Frears lui offrira une humiliation terrible mais plus à même d’éclairer la tragédie complexe du personnage. Des Liaisons dangereuses moderne… mais pas tant que ça.
Image
Nouvelle sublime restauration pour la collection Coin de mire avec un inédit scan 4K du négatif débouchant sur une restauration minutieuse et appliquée. Les cadres sont d’une propreté et une stabilité immuable et bien rares sont les traces d’anciens défauts encore visibles. Le grain a bien entendu été délicatement respecté, tandis que les argentiques retrouvent tout leur naturel. Même niveau d’excellence du coté des contrastes noirs et blancs, finement dessinés et de la définition générale creusée et pointue.
Son
Le mono d’origine nous parvient en DTS HD Master Audio pour un rendu parfaitement propre. Les dialogues sont bien posés et stables tandis que les superbes compositions de Thelonious Monk résonnent avec une très belle pureté.
Interactivité
Élégamment serti dans son Mediabook noir et brillant, le film est accompagné comme il se doit d’un livret composé de documents d’archives ainsi que de reproductions de photos d’exploitation et d’un fac-similé de l’affiche. En plus de ces goodies, et d’un disque DVD, l’édition propose sur le disque Bluray l’attendue Séance avec ses actualités de l’année 1959. Détour par les accessoires indispensables pour la rentrée des écoles, venues de grands journalistes américains dans le sillon de leur président, incendie à Fontainebleau… La machine à remonter le temps fonctionne encore plein pot avec la bande annonce de Les Grandes familles et la sélection rétro de publicités de cinéma (Pétrole Hahn, cacahuètes sous vide… ) avec en particulier celle pour une charmante résidence dans les abords parisiens qui n’est pas sans rappeler celle de l’album d’Astérix Le Domaine des dieux. Bien entendu le tout a été consciencieusement restauré.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque, un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitations (15 x 12 cm), la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 21,5 cm).