LES GUETTEURS
The Watchers – Irlande, Etats-Unis – 2024
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Ishana Night Shyamalan
Acteurs : Dakota Fanning, Georgina Campbell, Olwen Fouéré, Oliver Finnegan, Alistair Brammer…
Musique : Abel Korzeniowski
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais et français, Dolby Digital 5.1 Français, anglais, polonais, japonais…
Sous-titres : Français, néerlandais, tchèque, japonais…
Durée : 102 minutes
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
Date de sortie : 16 octobre 2024
LE PITCH
Perdue dans une forêt, Mina trouve refuge dans une maison déjà occupée par trois personnes. Elle va alors découvrir les règles de ce lieu très secret : chaque nuit, les habitants doivent se laisser observer par les mystérieux occupants de cette forêt. Ils ne peuvent pas les voir, mais eux regardent tout.
Hérédité
Tandis que M. Night Shyamalan semble assez bien réussir (commercialement au moins) son comeback depuis la surprise The Visit, voici qu’il pousse sur le devant de la scène sa fille Ishana, qui signe ici son premier long métrage. Injuste de parler du père pour introduire l’œuvre de la fille ? Sans doute, mais c’est elle qui a commencé.
Il est bien naturel de profiter de l’aura et du réseau d’un paternel quand on veut se lancer dans la même branche que lui. On a ainsi déjà pu croiser Ishana Night Shyamalan en seconde équipe sur Old et Knock at the Cabin, mais aussi aux commandes, scénario et réalisation, d’une dizaine d’épisodes de la série The Servant. Des débuts confortables, et plutôt réussis il faut l’avouer, qui aboutissent donc à cette adaptation du roman à succès de de A.M. Shine, imaginé par le père, produit en indépendant par ses soins et offert, littéralement à sa progéniture. Le problème n’est pas l’acte mais bien le résultat puisque Les Guetteurs ne va faire que renvoyer constamment le spectateur à une esthétique, une structure et une méthode déjà éprouvée, et parfois jusqu’au ridicule, par le cinéma de Shyamalan père. Les Guetteurs est donc à nouveau un film qui repose essentiellement sur son concept initial, aguicheur et prometteur. Il réunit ainsi un petit groupe de personnes, perdus dans une forêt ancienne et labyrinthique, dans une étrange pièce au milieu de nulle part dont toute une façade est un miroir sans tain. Impossible de s’échapper, interdit de se promener la nuit sous peine de disparaitre, mais surtout indispensable de se retrouver chaque soir devant cette vitre pour offrir un curieux spectacle à des voyeurs invisibles dont on ne perçoit que quelques étranges bruits, borborygmes et troublants applaudissements. Quelle est la véritable identité de ces « guetteurs »? Pourquoi sont-ils enfermés ici ? Comment sortir ? Ah ca !
A travers bois
La rengaine est connue mais quelques scènes, dérangeantes et mystérieuses, fonctionnent plutôt bien et le film peut faire relativement illusion, malgré des faiblesses d’écritures déjà bien marquées et des facilités confondantes, durant ses deux premiers tiers. Il faut dire que si la réalisation est plutôt sobre et efficace, une bonne part de l’atmosphère inquiétante, du jeu constant sur les ombres voir des noirs écrasants, repose sur l’extraordinaire travail photographique de Eli Arenson (Lamb, La Délivrance…) venant constamment souligner la proximité entre la modernité du cadre et les échos de vieux contes d’autrefois (entre légendes irlandaises et contes de Grimm). Malheureusement, au-delà de la situation initiale évoquant, comme tout bon Shyamalan, un épisode de la 4eme dimension, le film ne sait jamais vraiment dans quelle direction s’embarquer et surtout que faire de ses bonnes pistes de départ. Le décor ne sera jamais vraiment utilisé pour sa géographie toute particulière, les renvois à la téléréalité (appuyé par des VHS d’un programme débile intitulé « L’Antre de l’amour ») ne seront jamais approfondis et ce lien pourtant si passionnant avec des légendes oubliées va rapidement devenir l’enjeu d’une très mauvaise parodie des dernières saisons de Lost. Longues séances d’explications données par un scientifique filmant ses expériences à l’appui. La fuite des survivants ne viendra que confirmer que la réalisatrice oublie elle-même les règles posées au préalable, multipliant incohérences et facilités ouvrant sur une dernière partie multipliant, comme tout Shyamalan, les révélations renversant totalement les enjeux du film. D’un fantastique troublant et atmosphérique à un grand déballage confirmant l’écriture pataude des personnages (pauvre Dakota Fanning et son air de chien battu) et surtout une incapacité totale à crédibiliser des créatures qu’on aurait aimer nous faire passer de monstres terrifiant à des figures dramatiques voir des personnages à part entière. Dommage, tout l’enjeu du film était bien là.
Doté d’un très joli potentiel, même si finalement assez attendu, Les Guetteurs semble systématiquement passé à coté de toutes ses promesses et surtout ne sait jamais vraiment quoi faire ni de sa situation première ni de ses monstres de la forêt pourtant si intéressants sur le papier. Si la mise en scène tient plutôt bien la route, c’est vraiment du côté de l’écriture (personnages, situations, grands effets…) que le métrage pèche sérieusement transformant un petit essai malin en entreprise pachydermique, en mauvaise copie du cinéma de papa.
Image
Capturé dans un format numérique gros calibre avec des camera Arri Alexa, le transfert 4K (à partir d’une source 6.5K) fait forcément sensation sur UHD. L’image est d’une limpidité constante, la définition est immuable et pointue, la profondeur et les reliefs toujours marqués, mais c’est une fois encore la photographie d’Eli Arenson qui fait tout le travail avec une superbe utilisation des rares sources de lumières et des compositions crépusculaires fascinantes. Extrêmement sombre, le film le reste ici même si le traitement HDR, et un soupçon de Dolby Vision pour les teintes persistantes, s’efforce d’ajouter un maximum d’informations dans des images parfois très très opaques.
Son
Les pistes Dolby Atmos anglaise ET français font largement le taf s’inscrivant admirablement dans le premier dispositif du film avec sa pièce unique assaillie par d’étranges créatures, avec une dynamique très marquée et un sentiment d’enveloppement constant. Une belle performance entre ambiances feutrées et élans plus ouvertement horrifiques qui profite pleinement des qualités du standard.
Interactivité
Quatre items pour aboutir à un petit making d’un peu moins de trente minutes qui revient sur les origines littéraires du projet, le coup de pouce de papa Shyamalan, puis plus classiquement les personnages et leurs acteurs, la mythologie autour du film, les vraies légendes irlandaises et les principaux décors. Sobre et plutôt efficace sans trop de glissements promos, le propos n’est pas inintéressant.
La section bonus s’achève par l’intégralité des scènes montées de la téléréalité « L’antre de l’amour » tournées pour le film. C’est aussi crétin et moche qu’une vraie saison de Secret Story. Pari réussi en somme.
Liste des bonus
« Bienvenue : Le Making of de Les Guetteurs » (11’), « La création de Les Guetteurs » (5’), « La Cage » (6’), « Ainriochtán et le Folklore irlandais des fées » (6’), Scène coupée : « L’Antre de l’amour » (3’).