LES GUERRIERS DU TEMPS
![Les_Guerriers_du_temps_Bluray Les_Guerriers_du_temps_Bluray](https://regard-critique.fr/wp-content/uploads/2025/02/Les_Guerriers_du_temps_Bluray-270x376.webp)
急凍奇俠 – Hong-Kong – 1989
Support : Bluray
Genre : Action, Fantastique
Réalisateur : Clarence Fok
Acteurs : Yuen Biao, Yuen Wah, Maggie Cheung, Lee Lai-Yui, Elvina Kong, Jing Chen…
Musique : Chan Wing-leung
Image : 1.85 16/9
Son : Mandarin DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 127 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : Décembre 2024
LE PITCH
Au XVIIème siècle, à l’époque de la Dynastie Ming – Fong Sau-Ching, membre de la Garde royale, a pour mission de capturer Fung San, autrefois son ami. Lorsqu’il parvient à le débusquer, un combat âpre s’engage entre les deux hommes, au cours duquel ils finissent par chuter dans un lac gelé. Trois siècles plus tard, des archéologues retrouvent lors d’une expédition les corps parfaitement conservés des deux combattants et parviennent à les ramener à la vie. Pour regagner leur époque, Fong Sau-Ching et Fung San devront retrouver deux reliques, le Bouddha de jade noir et la Roue du Temps… et s’adapter au Hong Kong du XXème siècle.
Cocktail avec glaçons
Elles ne sont pas si nombreuses que cela les productions hongkongaises à avoir connu une distribution relativement soutenue en France. Étonnamment Les Guerriers du temps fait partie de celle-là (VHS, DVD…) reposant dans ses attraits sur ce fameux mélange azimuté façon HK avec comédie, action et fantastique dans un divertissement aussi décomplexé que sympathique. La présence de Yuen Biao et Maggie Cheung au générique fait aussi beaucoup forcément.
Membre émérite des fameuses Seven Little Fortunes aux cotés de ses camarades Jackie Chan et Sammo Hung, Yuen Biao a toujours eu beaucoup plus de mal à s’imposer à l’écran. N’étant pas lui-même réalisateur / producteur comme ses amis, il a possiblement montré plus de difficulté à trouver des projets le mettant véritablement en valeur. Après le final Dragon Forever marquant plus ou moins la séparation effective du trio roi du box-office, il semble constamment courir après de nouveaux succès populaires. A ce titre, Les Guerriers du temps ressemble sur le papier à un véritable véhicule pour célébrer ses talents. Le récit d’un héros de la garde royale de la Dynastie Ming qui après un difficile combat contre un terrible assassin et violeur, le félon Fung San, se retrouve avec lui prisonniers de la glace des siècles durant. Il se réveille dans le Hong-Kong des années 80, poursuivant plus ou moins son combat contre le mal, mais peinant surtout à comprendre les codes de son époque. Un petit côté Hibernatus qui promet effectivement un mélange détonnant d’action et d’humour permettant de mettre en valeur ses capacités martiales (indéniables) et ses talents de comédien (souvent un peu moins marquants). Mais l’acteur ne fait finalement que reprendre ici la figure habituelle de son personnages ultra positif, charmant et attachant mais inénarrable naïfs qui va se faire mener par le bout du nez par une Maggie Cheung absolument redoutable en prostituée un poil vulgaire et surtout totalement délurée.
Dégivrage
Il se fait d’ailleurs autant voler la vedette par celle-ci que par l’inénarrable Yuen Wah (le Mr Vampire de Mr Vampire) grimaçant et ricanant grassement en vilain parfaitement théâtrale s’écriant « Quoi de mieux que de tuer et violer des filles ! » question que ses motivations soient parfaitement claires pour tous. Là où le brave Fong peine vraiment à trouver sa place dans le monde contemporain, Fung San lui l’embrasse à pleine dent, devenant braqueur de bijouterie, fracassant la tête de prostitués et de tout ceux qui se mettent sur son chemin, imaginant reconquérir la chine ancestrale en y retournant armé de mitraillettes et pourquoi pas d’un tank ! Grandiloquent à souhait pour un métrage qui plébiscite largement plus la comédie un peu lourdingue façon Les Visiteurs (mais avec 4 ans d’avance) que l’action proprement dite. En dehors d’un très beau duel d’ouverture dans un paysage enneigé, entre western et wuxia, et le long final méchamment nerveux, spectaculaire et bardé d’arcs électriques renvoyant directement aux prouesses d’un certain Highlander, Les Guerriers du temps se montre un peu chiche en arts martiaux. Dommage car c’est vraiment dans ces scènes là que Yuen Biao montre véritablement tout sa mesure, de sa vélocité et de son charisme. C’est là aussi que le réalisateur Clarence Fok (Dragon from Russia, Naked Killer…) affirme avec le plus d’évidence son savoir-faire dans la tenue du rythme, les cadrages et le montage.
Divertissement typique de cette fin des années 80 dans un Hong-Kong à l’imaginaire encore azimuté, Les Guerriers du temps mélange allégrement ses ingrédients, mais manque parfois un peu de dosage. L’humour un peu poussif et les séquences de quiproquos à foison prennent certainement un peu trop de place, mais la performance générale du casting et la belle tenue des séquences les plus musclées emportent finalement l’adhésion.
Image
Le Master utilisé par Le Chat qui fume est le même que celui disposé par Vinegar Syndrome il y a deux ans et qui provient des aillants droits chinois. Une restauration aux contours méconnus, dont quelques détails (piqué, contours…) pourraient indiquer un retour à la source pellicule, au moins partielle. Le résultat est particulièrement propre, mais pas parfait et on note quelques plans plus doux (générique, effets spéciaux…), mais dans l’ensemble la copie est tout à fait agréable, maintenant le grain très marqué des productions de l’époque, associé à une définition nettement plus convaincante bien entendu que les anciens DVD, et surtout rehaussée d’un travail très agréable sur la colorimétrie. Les teintes sont bien plus chaudes, les noirs plus profonds, les contrastes mieux dessinés, offrant au film une patine plus soignée et élégante qu’autrefois.
Son
Seul le montage taïwanais (le plus long) est présenté ici et le film est donc uniquement accompagné d’une piste mandarin (et non cantonnais) en DTS HD Master Audio 2.0. Rien à reprocher à celle-ci, elle développe sobrement une belle énergie et restitue solidement dialogue, bruitages et musiques sans saturation ou crissement disgracieux.
Interactivité
Les Guerriers du temps est édité par Le Chat qui fume sous la forme d’un fourreau cartonné avec visuel qui claque, contenant un boitier scanavo avec une jaquette plus sobre et protégeant à son tour le tant attendu disque Bluray. Celui-ci contient en premier lieu un bonus fait maison avec une présentation assez complète du réalisateur Clarence Fok (ses débuts, ses collaborations avec Wong Jing, ses plus grandes réussites…) avec un certain souci de réhabilitation presque touchant. Le second item, une rencontre avec Yuen Biao date beaucoup plus et provient manifestement d’une ancienne sortie DVD. Un peu courte, elle permet tout de même à l’acteur de se remémorer un tournage pas si facile que cela (en particulier le duel dans la neige), le travail de sa partenaire Maggie Cheung et un esprit du cinéma HK qu’il estimait déjà disparu.
Autre particularité de l’édition, celle-ci ne présente plus le montage hongkongais qui fut longtemps exploité chez nous (jusqu’au DVD de Metropolitan en 2011), mais bien le montage le plus long produit pour le marché taïwanais. Une bonne dizaine de minutes supplémentaires disséminées tout au long du film avec quelques plans réinsérés et des scènes, essentiellement dramatiques ou comiques, légèrement plus longues.
Liste des bonus
« Clarence Fok, cinéaste versatile » par Julien Sévéon (24’), Interview archive de l’acteur Yuen Biao, Bande-annonce.