LES FEUX DE L’ENFER
Hellfighters – Etats-Unis – 1968
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Andrew V. McLaglen
Acteurs : John Wayne, Katharine Ross, Vera Miles, Jim Hutton, Jay C. Flippen…
Musique : Leonard Rosenman
Durée : 121 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 6 juillet 2021
LE PITCH
Chance Buckman dirige une entreprise spécialisée dans l’extinction des feux liés aux puits de pétrole. Lors d’une intervention périlleuse, il est gravement blessé et finit à l’hôpital. L’un de ses associés appelle alors la fille de Chance, avec laquelle il est brouillé. L’homme blessé va renouer petit à petit avec sa fille et son ex-femme, toujours traumatisée par les années passées…
Petit bois
La vie ce n’est pas jouer aux cowboys et aux indiens ou aux Gi Joe. Même si dans sa prolifique carrière, John Wayne les a incarné la plupart du temps. Il s’est permis à de rares reprises de sortir de sa zone de confort afin de camper d’autres figures viriles du monde civilisé. Cette fois, ce mâle alpha a troqué ses colts et son béret vert pour revêtir un autre uniforme, celui de soldat du feu.
Dur de se renouveler, surtout lorsque l’on monopolise l’écran depuis une cinquantaine d’années. En interprétant ce pompier spécialiste des extinctions d’incendie de puits de pétrole, Wayne tente doucement de renouveler son image auprès de son public. Maladroitement, il espère s’attirer les faveurs d’un plus jeune qui serait plus en adéquation avec son époque. Nous sommes justement à cette période charnière où les Etats- unis sont divisés par la guerre du Vietnam, où le cinéma des studios est sur le point de perdre son contrôle face à l’arrivée du nouvel Hollywood. Des réalisateurs comme Arthur Penn venaient de cogner fort dans le paysage ampoulé du septième art avec son Bonnie & Clyde, Dennis Hopper allait s’engouffrer dans la brèche pour atomiser le système avec le libertaire Easy Rider. Coppola et Scorsese cheminaient tranquillement pour révolutionner le système. Le temps des dinosaures était compté et Captain America en avait conscience ; le Duke perdait de sa splendeur.
A feu doux
Dans cet état en mutation, Les Feux de l’enfer apparait comme une tentative désespérée de changer la donne. Dans un rôle, certes plus contemporain, John Wayne ne peut s’empêcher de rester lui-même, républicain convaincu, il ne peut se renier. Il continue d’interpréter le monsieur loyal de service, droit dans ses bottes, figure paternaliste ultime sur qui l’on peut compter par son dévouement. Le coup de jeune du film ne viendra pas de lui mais de la pétillante Katharine Ross qui interprète sa fille, qui va s’amouracher du bras droit du paternel. Le vieux ne sait plus où donner de la tête d’autant plus que son ex-femme (Vera Miles-Psychose) revient taper à la porte de son cœur. Dans ses moments de comédie, le film lorgne sur le duo Spencer Tracy/Katharine Hepburn sans en avoir le même panache avant de retomber dans la bravoure avec les feux de pipelines. Extrêmement esthétiques, ceux-ci contribuent à l’attrait majeur du film. Difficile d’imaginer aujourd’hui un tel tournage. Anti-écolo, la production n’a pas lésiné pour brûler des centaines de gallons des heures durant. La RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) n’était pas encore au rendez-vous ! Mais Andrew V. McLaglen (cinq films en commun avec Wayne) sait les magnifier au détriment des scènes plus intimistes. Trop bridé sûrement par le studio et sa star, il pêche à imposer l’émancipation de la nouvelle génération. Miss Ross, l’atout jeunesse du film, semble se retrouver dans ce dernier pour fortifier sa carrière montante coincée entre les succès du Lauréat et de Butch Cassidy et le kid deux films novateurs par leur liberté d’expression où elle rayonnera davantage.
Pas facile de dépoussiérer un mythe ; surtout lorsque deux Amériques se font face. N’osant pas s’assumer jusqu’au bout, Les feux de l’enfer n’accouchera que d’un pétard mouillé. Assez lambda dans son approche, le film sortira dans une indifférence polie sans le mettre le feu aux poudres.
Image
Le film retrouve son éclat du 35 mm d’origine. Restauré tout en conservant son grain pour ne pas trahir son époque, l’accent est particulièrement mis sur la palette de couleurs. Les feux surgissent aux quatre coins de l’écran aussi flamboyants que la carrière du Duke, magnifique dans son costume rouge vif.
Son
En mono 2.0 dans les deux langues, le son reste limpide sans être non plus révolutionnaire. Les scènes de forage réservent tout de même plus de profondeur et d’ampleur sur la vo.
Interactivité
Comme souvent chez Elephant c’est le journaliste suisse Julien Comeli qui se colle aux bonus. Toujours intéressant et jovial c’est à nouveau un plaisir de l’écouter. Comme souvent dans ce genre de suppléments, il resitue le film dans la carrière du réalisateur et des acteurs avec de petites anecdotes bienvenues.
Liste des bonus
« Y a pas le Feu ! » de Julien Comeli (22’), Bande-annonce d’époque (2), Dans la même collection : bandes-annonces.