LES ÉVADÉS DE L’ESPACE
宇宙からのメッセージ, Message from Space – Japon – 1978
Support : Bluray & DVD
Genre : Space Opera
Réalisateur : Kinji Fukusaku
Acteurs : Vic Morrow, Sonny Chiba, Philip Casnoff, Peggy Lee Brennan, Sue Shiomi, Tetsuro Tanba, Etsuko Shihomi, Hiroyuki Sanada
Musique : Ken-Ichiro Morioka
Durée : 105 minutes
Image : 1.85
Son : Japonais et français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta
Date de sortie : 06 décembre 2022
LE PITCH
La planète Jillucia, autrefois paisible, est devenue le théâtre de la tyrannie des Stressos qui y ont implanté leur forteresse par la force. En dernier recours, le chef des survivants jilluciens s’en remet au Dieu Liabé en dispersant huit noix divines à travers l’univers qui, selon la légende, seront capables de découvrir les huit valeureux guerriers qui uniront leurs forces en vue de libérer Jillucia. Le premier d’entre eux sera Ayato…
Un message venu du fond de l’espace
En 1977 sortait sur les écrans un petit film de science-fiction qui allait définitivement transformer l’industrie cinématographique et entrainer, naturellement, une flopée de copies plus ou moins éhontées. En provenance du Japon, Les évadés de l’espace est loin d’être le plus honteux. Réalisé par le futur auteur de Battle Royale, l’objet donna même naissance à une série culte chez les petits français : San Ku Kaï !
Autres temps, alors que le raz de marée Star Wars envahit la planète en quelques mois à peine, les Japonais vont devoir attendre jusqu’à l’année suivante avant de pouvoir découvrir les premières aventures de la famille Skywalker. Un boulevard pour les studios japonais, qui vont se lancer pour certain dans une course contre la montre pour sortir leur propres Space Opera avant le film de Lucas. Le plus célèbre et le plus réussi reste bien entendu la luxueuse production Toei, se rêvant un casting international (Vic Morrow ex-gloire de la tv tourné vers le fond de la bouteille, le jeunot Philip Casnoff vite oublié) et profitant pleinement du savoir-faire maison pour la reconstitution d’effets spéciaux spectaculaires. On est certes à une bonne génération d’écart avec les prouesses novatrices d’ILM, mais on ne peut que reconnaitre la qualité impressionnante des nombreuses maquettes, souvent de tailles colossales, et l’énergie véhiculée par des poursuites et duels spatiaux uniquement effectués en prises directes à l’aide de fils de nylon et autres bricolages à l’ancienne. En dehors de deux expérimentations de composites vidéos terriblement datés, les visions de planètes lointaines, les croiseurs intersidéraux et autres chasseurs se percutants au milieu d’explosions dantesques font encore et toujours leur petit effet. Plutôt solide donc et très loin devant les délires italiens (Starcrash par Luigi Cozzi) ou américains (Battle Beyond the Stars par Roger Corman), Les évadés de l’espace n’échappe forcément pas au parallèles un peu abusés et très visibles avec son modèle comme cette gentille princesse à sauver et toute de blanc vêtue, le vilain Rockseia XII au look de samouraï et acoquinée de sa Palpatine grimaçante, une armée de soldats casqués et en armures, un robot rigolo et même un fouet… laser !
La force des fruits secs
Mais cet habillage reconnaissable n’en est pas moins baigné dans une trame exotique et magique typiquement japonaise où les huit héros seront révélés par des noix avec une loupiote à l’intérieur. Une petite curiosité, parmi d’autres, imaginée par l’illustre Shotaro Ishinomori, génie du manga et créateur de classiques comme Kamen Rider et Cyborg 009, qui adapte ici plus ou moins la célèbre légende des 8 samouraïs en mode futuriste. Un mélange bien frappé, forcément plus que kitch et généralement assez cafouilleux, mais traversé par une esthétique hors du temps, entre shanbara et délires disco, tour à tour joyeusement ridicule et admirablement touchante. Consacré à l’international par le cultissime Battle Royale, le mercenaire rageux Kinji Fukusaku était déjà un incontournable de la Toei en 78 et outre ses mémorables évocations du milieux yakuza, il avait déjà versé dans le blockbuster nippon avec le plus méconnu Bataille au-delà des étoiles en 1968 et plus surement encore sur l’important Tora ! Tora ! Tora ! aux côtés de Richard Fleischer. Professionnel jusqu’au bout des ongles, il emballe le tout avec une certaine efficacité, voir sobriété, mais sait aussi se laisser aller à quelques élans plus brutaux et secs, caméra à l’épaule et frénésie en contrepoint. Il a d’ailleurs eu la bonne idée d’embarquer son copain Sonny Chiba dans l’aventure, lui offrant le rôle assez tardif d’un prince solitaire (et totalement rétro), et deux élèves doués de la fameuse JAC (Japanese Action Club) : Etsuko Shihomi (Sister Streefighter en personne) en gentille princesse et Hiroyuki Sanada (The Wolverine, Mortal Kombat, Bullet Train…) devenu depuis une véritable star internationale, ici jeune premier au grand cœur.
Énorme succès dans son pays d’origine que n’arrivera même pas à égaler le premier, vrai, Star Wars, Les évadés de l’espace restera longtemps surtout connu par chez nous grâce à sa série dérivée. Une certain San Ku Kaï (soit Uchu kara no messeji: Ginga taisen), suite se déroulant quelque centaines d’années plus tard et singeant de manière plus évidente encore La Guerre des étoiles, reprenant allégrement les maquettes, voir même des séquences complètes du film tout en laissant les costumes et nouveaux décors s’user jusqu’à la corde. Mais là c’est une autre histoire, lointaine, très lointaine.
Image
Pas de remasterisation 2K ou 4K ici malheureusement, le master a été conçu uniquement à l’aide d’outils numériques et sur une source pas forcément des plus jeunes. Les cadres sont relativement bien nettoyés et les taches et autres griffures ont totalement disparues. Ne reste en effet que quelques points blancs et des séquences de collages et d’effets spéciaux vidéos (2-3 passages pas plus) qui ont cruellement vieillis entre masses neigeuses et lissages tardifs. Inégal mais pas désagréable, la copie maintient tout de même une colorimétrie marquée tout du long, des noirs efficaces et une définition honorable qui permet enfin de découvrir le film en France dans des conditions honorables.
Son
La version originale japonaise reste dans son jus avec un mono sobre et légèrement chuintant disposé sur un DTS HD Master Audio plus fluide. On note aussi la présence d’une version doublée française. Pas heureusement celle produite dans les 90’s par AB pour une ressortie vidéo aux voix affreuses et à la bande sonore reprenant les thèmes de San Ku Kaï, mais celle entendue pour la première sortie du film. Les voix sont beaucoup plus solides et convaincues mais malheureusement elle correspond à un montage plus court d’une douzaine de minutes que propose ici Carlotta en l’état.
Interactivité
A peine le temps de se remettre du coffret consacré à La Revanche des humanoïdes que déjà atterrit celui de Les évadés de l’espace. Un nouveau bel objet reprenant l’affiche japonaise originale (la plus réussie) et comprenant dans son boitier cartonné les habituelles goodies : cartes postales, affiche du film et reproduction au petit format du livret de presse japonais. Le bluray et le DVD sont recueillis sur un sobre digipack cartonné et proposent tout deux le même segments vidéo. Une discussion très intéressante, non sans quelques pointes d’humours, entre les journalistes Jérôme Wybon et Fabien Mauro qui avait justement offert un joli chapitre au film dans son indispensable « Kaiju, envahisseurs & apocalypse ». Les origines du film, les ressemblances avec Star Wars, les particularités nippones, l’excellence des effets spéciaux et la patte de Kinji Fukusaku sont bien entendu passés en revue.
Liste des bonus
Le fac-similé du dossier de presse japonais d’époque, 6 cartes postales (photos et affiches du film), l’affiche du film (40 x 60), « Graines de star » : conversation entre Fabien Mauro auteur de « Kaiju, envahisseurs & apocalypse : L’Âge d’or de la science-fiction japonaise », et Jérôme Wybon, auteur de « Les Guerres des étoiles, 1975-1985 : L’Invasion SF » (HD, 28’), Bande-annonce originale.