LES ESPIONS DE L’AUBE
悬崖之上 – Chine – 2021
Support : Bluray
Genre : Espionnage, Action
Réalisateur : Zhang Yimou
Acteurs : Yu Hewei, Zhang Yi, Qin Hailu, Liu Haocun, Zhu Yawen, Li Naiwen
Musique : Young Wuk Cho
Image : 2.40 16/9
Son : Mandarin et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 120 minutes
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 15 juin 2023
LE PITCH
Années 1930, État du Manchukuo. Quatre agents spéciaux du parti communiste formés en Union Soviétique se lancent dans une mission secrète dont le nom de code est « Utrennya ». Mais après avoir été vendue par un traître, l’équipe se retrouve entourée de menaces de toutes parts. Les agents sortiront-ils de l’impasse et rempliront-ils leur mission ?
Hommes de l’ombre
Tourné depuis le début des années 200 vers un cinéma ouvertement plus commercial et à grand spectacle Zhang Yimou fait comme beaucoup de cinéastes chinois : se plier aux règles propagandistes chinoises pour avoir l’autorisation de poursuivre sa carrière. Dédié à « tous les héros de la révolution », Les Espions de l’aube est un film d’espionnage ouvertement manichéen, mais la surabondance de ses silhouettes et de ses revirements frôlent l’abstraction totale.
On a beau être l’un des cinéastes chinois les plus célèbres et les plus reconnus dans son pays et à l’étranger, et ne pas être constamment en odeur de sainteté auprès des autorités (un peu tatillonnes il faut le reconnaitre). Grand auteur de drames engagés en costumes durant une bonne quinzaine d’années (Le Sorgho rouges, Épouses et concubines…) avant de passer à une échelle plus proche du blockbuster local (Hero, Le Secret des poignards volants), Zangh Yimou a vu ses films retirés de la compétition des Oscars (Coming Home) puis des Ours de Berlin (One Second) comme punition pour avoir dérogé à certaines règles et idéologies de Pékin. Vu de l’extérieur, Les Espions de l’aube arrive presque comme un mea culpa, un amendement docile venant célébrer le combat des révolutionnaires communistes dans la Chine des années 30 occupée par l’armée japonaise. Les bons contre les méchants, le bien contre le mal, la liberté contre l’occupation, le message est passé et scolairement étalé avec ses scènes d’action et d’héroïsme à même de galvaniser les foules. Heureusement, à contrario d’un récent La Bataille du lac Changjin (pourtant signé par Tsui Hark, Chen Kaige et Dante Lam), Yimou n’en oublie jamais de livrer une véritable performance de cinéma.
Des traces dans la neige
Une forme d’extrapolation ultra-stylisée du film d’espionnage, fortement inspirée par le modèle américain des années 50 et les apparats du film noir (chapeaux noirs, longs manteaux, ruelles mal éclairées en sus), où le noir et blanc classique laisse place à de sublimes décors constamment envahis par la neige, teintés de légères touches bleutées et d’intérieurs chauds et feutrés. Une photographie toute en contrastes, souvent particulièrement subtiles, dans laquelle le cinéaste entame un lent et fascinant ballet où les agents de chaque camp s’ébattent dans un spectacle étrangement abstrait de trahisons, de traques, de pièges et surtout (cela va de soi) de multiples doubles, voir triples, jeux. L’aspect parfois presque abscons du scénario, les dialogues froids et dépassionnés qui le constituent, la neige qui semble absorber autant les couleurs que les sons, étire alors effectivement Les Espions de l’aube vers une fresque plus artistique, sensitive et lyrique que véritablement nationaliste. La trame n’a que peu de gravité, seules importent donc les trajectoires de chacun. Celles de ces quatre héros farouchement parachutés en terre occupée portés par leur mission, mais aussi celles plus défensives des services secrets ennemis et des hommes mystères chaloupant entre les deux. Des hommes et des femmes tout en silhouettes, définis plus par leurs actions que par leurs discours doctrinaux, où l’on reconnaitrait presque parfois (toutes proportions gardées) l’épure d’un Melville. A la différence en effet que dans ce monde essentiellement masculin, c’est la frêle (d’apparence) mais courageuse Liu Haocun qui ressort du lot. Une toute jeune actrice croisée dans One Second et tout récemment dans Ride On avec Jackie Chan, extrêmement touchante dans ses intensités fragiles et au charisme indéniable rappelant une nouvelle fois que Zhang Yimou a toujours été un metteur en scène plus qu’à l’aise avec le féminin à l’écran.
Image
Hérité d’une source numérique directe le master HD est forcément superbe avec des couleurs bien prononcées, des noirs extrêmement profonds et une définition des plus redoutables. La précision du piqué impose une profondeur et des matières particulièrement riches jusque dans les scènes les plus sombres, ou celles, plus nombreuses encore, envahies par les flocons de neige.
Son
Le DTS HD Master Audio 5.1 est aussi généreux et ample qu’attendu. Les quelques scènes d’action du film profitent ainsi qu’une dynamique bien musclée et des effets tonitruants biens sentis, mais les longues plages de calme ne sont pas en reste avec une spatialisation toujours solidement incarnée et des ambiances feutrées délicates. A noter que pour une fois sur un film chinois, le doublage français se montre plutôt solide et assez convaincant.
Interactivité
Proposé dans un digipack trois volet élégants, Les Espions de l’aube ne croule pas vraiment sous les bonus. En l’occurrence rien sur le disque proprement dit et juste un petit livret de même pas dix pages qui présente les principaux protagonistes. Autant dire presque rien.
Liste des bonus
Un livret (8 pages).