LES ENVOÛTÉS
The Believers – États-Unis – 1987
Support : Bluray
Genre : Thriller, horreur
Réalisateur : John Schlesinger
Acteurs : Martin Sheen, Helen Shaver, Harley Cross, Robert Loggia, Lee Richardson, Harris Yulin…
Musique : J. Peter Robinson
Durée : 114 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, français LPCM 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : BQHL Editions
Date de sortie : 19 septembre 2024
LE PITCH
Cal Jamison, psychiatre pour la police, est muté à New York après le décès de sa femme. Là, il doit enquêter sur l’immolation de deux jeunes adolescents… Pour mener à bien son enquête, il décide d’infiltrer une secte qu’il croit à l’origine de ces actes barbares…
Superstitions
Avec cette nouvelle édition HD, BQHL remet en lumière un film resté dans un relatif anonymat depuis sa sortie en 1987, Les Envoûtés. Réalisé par l’oscarisé John Schlesinger (Macadam Cowboy), le long-métrage est une véritable réussite oscillante entre thriller horrifique et film d’enquête paranoïaque.
Lorsque John Schlesinger réalise The Believers (Les envoûtés) en 1987, le thème des religions « exotiques », Vaudou haïtien ou ici Santeria cubaine, semble avoir déjà contaminé et envoûté Hollywood. En effet, entre le film de Michael Wadleigh Wolfen (1981), ou de manière plus contemporaine ceux d’Alan Parker, Angel Heart (1987) ou de Wes Craven, L’emprise des ténèbres (1988), le fantastique ne traite plus seulement de la religion chrétienne (L’exorciste, La malédiction…) et étend son influence vers les superstitions les plus méconnues.
Adapté du roman The religion de Nicholas Conde, qui traite de sacrifices d’enfants censés donner un pouvoir infini aux immolateurs, le scénario est signé par Mark Frost, qui se fera connaître quelques années plus tard pour sa participation décisive à la série Twin Peaks, dont il fut scénariste, cocréateur avec David Lynch et producteur. A l’instar de ce programme culte, Frost parvient à insinuer dans Les Envoûtés un soupçon de fantastique dans un récit qui s’apparente au premier abord à une simple enquête policière.
Paranoïa
Depuis les succès de Macadam Cowboy (1969) et Marathon Man (1976), la carrière du britannique John Schlesinger battait de l’aile suite notamment au fiasco de Honky Tonk Freeway en 1981. Pourtant, ici dans un projet qui pourrait s’apparenter à un simple film de genre, Schlesinger parvient à imposer sa patte tout en sacrifiant à quelques passages obligés (la relation amoureuse entre Martin Sheen et Helen Shaver, quelques scènes gore dont un pré-final bordélique et un peu facile). Ainsi, dès les premières minutes du film, entre un accident domestique traumatisant, un sacrifice rituel et une immersion dans la jungle new-yorkaise, Schlesinger joue avec les stéréotypes et ses spectateurs pour les emmener dans une quête au-delà du bien et du mal, qui nous surprendra tout autant que son personnage principal.
La force du film vient notamment de sa galerie de personnages campés par un casting de qualité. Le sous-estimé Martin Sheen (Apocalypse now, La Balade sauvage) est ainsi parfaitement crédible en père de famille dévasté, peu à peu vampirisé par un entourage empli de croyances. Parmi les seconds rôles, on retrouve avec grand plaisir deux exfiltrés du Scarface de Brian de Palma avec Robert Loggia en flic au bout du rouleau et Harris Yulin glaçant en hommes d’affaires-gourou. Signalons aussi les performances impressionnantes de Malik Bowens et Jimmy Smits (Dexter, New-York Police Blues).
Sorti la même année que l’excellent Angel Heart, Les Envoûtés se rapproche finalement plus des thrillers paranoïaques des 70’s comme Rosemary’s Baby et évidemment Marathon Man du même Schlesinger. Malgré quelques facilités, le films s’avère être bien plus malin qu’attendu, bien aidé par son scénario retors, la sublime photographie de Robby Müller et une BO, à classer entre les envolées mystiques d’un Goldsmith et les tensions d’un Alan Silvestri, signée J.Peter Robinson.
Image
Le Master HD présenté ici ne souffre d’aucun défaut et rend à merveille les différentes ambiances du film. Les contrastes, parfaitement saturés, retranscrivent à merveille le travail de Robby Müller entre scènes sombres et couleurs éclatantes.
Son
Le Master audio 2.0 propose un mixage mettant en valeur la BO tout en rendant les dialogues clairs. La VF est également de bonne qualité.
Interactivité
Pour parfaire cette édition, BQHL nous propose un bonus où notre confrère de Culturopoing, Jean-François Dickeli, nous partage son enthousiasme pour ce film. Replaçant le film dans son contexte, revenant sur la carrière en « dents de scie » de Schlesinger (« un réalisateur à réhabiliter »), le critique souligne la force du film qui est de rendre réaliste et possible ces passages horrifiques grâce à une parfaite maîtrise de la réalisation et un scénario du talentueux Frost.
Liste des bonus
Présentation exclusive du film par le chroniqueur Jean-François Dickeli (31’).