LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE
Invaders From Mars – Etats-Unis – 1953
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : William Cameron Menzies
Acteurs : Jimmy Hunt, Helena Carter, Arthur Franz, Leif Erickson, Hillary Brooke, Morris Ankrum, …
Musique : Raoul Kraushaar
Durée : 77 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 Mono
Sous-Titres : Français
Éditeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 21 novembre 2023
LE PITCH
Une nuit d’orage, le jeune David McLean aperçoit une soucoupe volante qui se pose derrière sa maison avant de disparaître. Le lendemain, après que ses parents soient allés enquêter sur les lieux, il constate un inquiétant changement de comportement de leur part et remarque une cicatrice étrange à la base de la nuque de son père …
Terreurs nocturnes
Directeur artistique de renom de l’Âge d’Or hollywoodien, William Cameron Menzies signa aussi la réalisation d’une douzaine de long-métrages de qualité variable et dont le plus célèbre restera sans doute Les Envahisseurs de la planète rouge. Production indépendante à tout petit budget, cette série B de science-fiction paranoïaque et typique des 50’s laisse aujourd’hui une impression très mitigée. Formellement très réussie, maîtrisée à tous points de vue, la première partie fait son petit effet. Accusant in fine son âge et plombé par un rythme qui fait du sur place, le dernier tiers est nettement plus problématique, malgré une poignée de visions percutantes.
Sa réputation, William Cameron Menzies l’établit dès la période du Muet. Vétéran de la Première Guerre Mondiale et diplômé de Yale et de l’Art Students League de New York, ce fils d’immigrés écossais rejoint Hollywood pour travailler auprès de Douglas Fairbanks. Il conçoit l’intégralité des décors de Robin des Bois et du Voleur de Bagdad entre 1922 et 1924 et invente presque à lui tout seul le poste de « directeur artistique ». Il reçoit même les premiers Oscars dédiés à cette discipline pour Colombe, en 1927, et pour Tempête en 1928. Sa carrière atteint son sommet avec Autant en emporte le vent en 1939. Le producteur David O. Selznick, séduit par le travail de Menzies sur Les aventures de Tom Sawyer l’année précédente, lui confie en totalité les rênes de la scène de l’incendie d’Atlanta, la plus importante du film, et fait circuler en coulisses en mémo qui donne au directeur artistique les pleins pouvoirs sur toutes les questions liées à l’emploi du Technicolor, sur les décors et sur l’éclairage de ceux-ci. Une marque de confiance totalement inédite et qui témoigne de l’autorité et de l’expertise de William Cameron Menzies.
En parallèle, Menzies s’essaie à la mise en scène, parfois en binôme. Réalisé en Grande-Bretagne en 1936 d’après un roman d’H.G. Wells (et avec la présence sur le plateau du célèbre écrivain), Les mondes du futur indique son intérêt pour la science-fiction comme un genre à ne pas prendre à la légère. Ce que confirme dix-sept ans plus tard Les Envahisseurs de la planète rouge, son avant-dernier film.
L’invasion vient de Mars
Épousant le point de vue d’un enfant curieux et hyperactif (Jimmy Hunt, quintessence de la charmante petite tête blonde made in USA), Les Envahisseurs de la planète rouge se propose, par l’emploi de la couleur et de décors simplifiés à l’extrême et aux proportions décalées, de reproduire la texture irréelle du cauchemar. Et le film de jouer sur plusieurs peurs : la crainte de voir ses propres parents se retourner contre soi et devenir une menace, la crainte de ne pas être cru par les autorités, et la crainte – Guerre Froide oblige ! – de l’espion communiste. Menzies parvient assez remarquablement à atteindre ses objectifs en mêlant ses compositions de cadre expressionnistes au symbolisme des couleurs (avec une franche domination du rouge et du vert) et en saupoudrant sa mise en scène de détails flippants comme le sourire d’une petite fille ou les gestes violents et déplacés d’un père à priori doux et attentionné.
Cette belle construction se met pourtant à vaciller lorsque l’enfant et une infirmière (la seule à le croire) arrivent à convaincre l’armée de la menace. L’emploi de stock-shots répétitifs de blindés prenant position, le look parfaitement désuet et même ridicule des martiens (impossible de ne pas y voir les ancêtres baraqués et en slip du bonhomme Cetelem!) et une intrigue qui tourne carrément en rond avant de se conclure par un twist qui ne fonctionne qu’à moitié font perdre de l’intérêt à un film qui a grillé ses plus belles cartouches dès sa première demi-heure. Quelques images sauvent heureusement la péloche du naufrage, comme cette tentative de sabotage d’une base militaire par les parents du petit David ou l’extra-terrestre en chef et son design inoubliable.
Produit par la Cannon de Mémé et Yoyo en 1986, soit trente-trois ans plus tard, le remake de Tobe Hooper peut-être vu à la fois comme un hommage sincère et la mise à jour réussie d’un classique mineur et un poil surestimé … le charme délicieusement rétro des années 50 en moins.
Image
Issu d’une restauration en 4K détallées en long, en large et en travers dans les bonus de cette édition, le master est évidemment de toute beauté, essentiellement dans son traitement des couleurs et du grain avec un résultat très homogène. La définition joue quelques tours lors des scènes à effets spéciaux mais elle reste d’un très bon niveau. Les conditions sont optimales pour redécouvrir le travail si particulier de William Cameron Menzies sur l’image.
Son
Un mono dont il serait déplacé d’attendre des miracles mais qui remplit son contrat avec efficacité. Peu de saturations, des effets sans relief mais clairs et des dialogues parfaitement intelligibles.
Interactivité
Dans un médiabook classique mais élégant et accompagné d’un livret de Marc Toullec, l’interactivité est issue de l’édition américaine en Ultra HD d’Ignite Films sortie cet été. Avec quelques nuances néanmoins puisque certains modules manquent à l’appel comme les scènes alternatives et rallongées du montage européen, la featurette donnant la parole sur une vingtaine de minutes aux admirateurs du film (dont Joe Dante et John Landis), la présentation du film par John Sayles lors d’un festival organisé par la chaîne TCM et la galerie d’images. Ont fait le voyage un portrait très complet du réalisateur William Cameron Menzies par son biographe, une interview rétrospective de Jimmy Hunt et un module sur la restauration ainsi que la bande-annonce de celle-ci présentée par Ernest Dickerson, autre grand fan des Envahisseurs de la planète rouge. L’essentiel pour aborder le métrage est bel et bien là et encourage à de multiples visionnages. Du beau boulot.
Liste des bonus
Livret, Présentation de la bande-annonce de la restauration 4K par Ernest Dickerson (4 minutes), « William Cameron Menzies : L’Architecte des rêves » : portrait du « Production Designer » par James Curtis (16 minutes), « Jimmy Hunt sauve la planète » : l’acteur parle de sa carrière (10 minutes), « Restaurer l’invasion » : à propos de la restauration (6 minutes), Bande-annonce.