LES ENFANTS DE LA PLUIE
France, Corée du Sud – 2003
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Animation
Réalisateur : Philippe Leclerc
Acteurs : Frédéric Cerdal, Marjolaine Poulain, Fily Keita, Mélody Dubos, David Kruger…
Musique : Didier Lockwood
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 82 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Les Pyross et les Hydross sont deux peuples qui se livrent une guerre acharnée sur une planète coupée en deux. Pour les Pyross, adorateurs du soleil, l’eau n’apporte que mort et désolation, tandis que les Hydross doivent se protéger de la chaleur qui les pétrifie.
Le feu et l’eau
15 ans après le mythique Gandahar, une bonne partie de l’équipe créative se reformait pour produire Les Enfants de la pluie, nouvelle proposition d’animation SF poétique… très loin de la naïveté disneyenne.
Les Enfants de la pluie aura eu une genèse assez chaotique, car l’adaptation cinéma du roman A L’image du Dragon de Serge Brussolo était évoquée depuis 1982. Pendant une vingtaine d’année, le projet aura été maintes fois remodelé, repris à zéro. Tout commence par l’engouement de René Laloux (La Planète sauvage, Les Maîtres du temps) pour le roman original dont il tire un premier scénario intitulé Le Monde des dieux nains. Mais le projet sera sans cesse refusé par les différents financiers malgré les nombreuses réécritures, puis par Laloux lui-même suite aux décès successifs de Roland Topor et de Raphael Cluzel (deux proches collaborateurs). Le producteur, Léon Zuratas qui s’était déjà occupé de Gandahar se retourne vers deux des éléments les plus importants de ce classique de l’animation : Philipe Caza, dessinateur et directeur artistique et Philipe Leclerc premier assistant de Laloux et ancien collaborateur de Paul Grimault sur Le Roi et l’oiseau et La table tournante. Tous deux vont reprendre le traitement du début, en préservant tout de même quelques idées de Laloux, mais en s’éloignant considérablement du roman. En fait ce qui passionne vraiment Caza, c’est l’opposition idéologique et graphique entre les pyross (peuple du soleil) et les hydros (peuple de l’eau). L’aventure épique et sombre que devait être Les Monde des dieux nains s’est ainsi transformé en un conte d’Heroic Fantasy, un spectacle plus grand public et plus poétique.
Double Dragon
Un monde hors du temps. Deux peuples s’affrontent, les Pyros et les Hydros. Les premiers ne pouvant vivre que sous la chaleur suffocante, les seconds ne supportant que la douceur fraîche de l’eau. Nombre d’entre eux sont morts dans une guerre vaine jusqu’à ce que Skän, jeune guerrier Pyross, voie la beauté de Kallisto, nymphe hydros…
A priori Les Enfants de la pluie est surtout fait pour les enfants. Les héros sont jeunes, le sujet pioche dans les grands classiques du genre (Roméo et Juliette, mais pas que), mais peu à peu on voit s’instaurer une forme d’entre deux. Si effectivement les plus jeunes trouveront leur compte en termes d’aventure, d’action, d’humour, de dépaysement et de sentiments ; Caza et Leclerc n’ont pas oublié que ceux-ci étaient capable de réflexion et de recul vis à vis des images. D’une certaine façon Les Enfants de la pluie est un conte cruel où la mort est très présente (montrée toujours pudiquement) et où les protagonistes ne sont pas exempts de préjugés, voire de cruautés. Et c’est justement cela qui fait la force de cette production française : la combinaison entre aventure féerique et réflexions sur les absurdités humaines et surtout sur notre peur, incohérente, de l’autre. C’est aussi c’est dualité que l’on retrouve dans le design très fluide de Caza (d’habitude bien plus anguleux) qui mélange à la fois simplicité graphique et complexité de certains décors ou de certains personnages (en particulier le méchant prêtre, Razza). Cela donne d’autant plus aux héros un aspect attachant, et le charme espiègle de la jeune héroïne (comme Airelle dans Gandahar) ne manquera pas de faire craquer les petits garçons.
Alors certes le budget alloué est parfois insuffisant pour donner corps à toutes les bonnes intentions de Philippe Leclerc, l’animation manque quelque fois de justesse et le scénario utilise dans sa première partie des raccourcis un peu expéditifs, mais la beauté du récit, les valeurs véhiculés et l’imagination débordante qui donne véritablement naissance à un univers spectaculaire séduisent irrémédiablement. Une jolie réussite qui n’aurait d’ailleurs certainement pas la même dimension lyrique sans le travail musical extraordinaire de Didier Lockwood (Lune Froide), ex-membre de Magma et violoniste de jazz, qui déploie ici un opéra symphonique tout simplement sublime.
Image
20 ans après la sortie DVD, Les Enfants de la pluie parait enfin sur format Bluray et donc avec un master HD. La source est bien entendu d’excellente qualité avec des cadres nets, toujours propres et solidement définis, mettant surtout constamment en valeur les contrastes d’une palette de couleurs bien tranchées et révélant mieux que jamais la finesse des arrière-plans. Quelques effets d’origines numériques tranchent parfois un peu avec le reste mais le plaisir de la redécouverte est certain.
Son
La piste française est disponible ici uniquement dans un DTS HD Master Audio 2.0, très agréable, clair et équilibré, avec une belle restitution des envolées musiques de Didier Lockwood. Rien à redire mais on peut s’étonner de l’absence du mixage 5.1 pourtant présenté autrefois sur le DVD de MK2.
Interactivité
Proposé en bonus de luxe du superbe coffret consacré à Gandahar, Les Enfants de la pluie est aussi disponible en édition single dans un boitier scanavo classique.
Sur le disque Bluray on trouve comme supplément une interview inédite du réalisateur Philippe Leclerc qui raconte avec franchise et humour la naissance du projet, le passage de flambeau de René Laloux, la collaboration avec l’ami Caza, le travail en Corée, le petit budget, les pressions de certains producteurs et la réception du film à sa sortie dont il semble surtout se rappeler des bons moments. Un moment très sympa et informatif, mais on peut tout de même regretter l’absence des suppléments de l’ancien DVD (making of, comparaison film / storyboard) dont un « Portrait de Caza » pourtant annoncé sur le site et sur la jaquette mais reporté sur l’édition de Gandahar.
Liste des bonus
Interview de Philippe Leclerc (26’).