LES DÉSAXÉES & LE MANOIR AUX LOUVES
France – 1972, 1973
Support : Bluray
Genre : Érotique
Réalisateur : Michel Lemoine
Acteurs : Janine Reynaud, Michel Lemoine, Claudia Coste, Nathalie Zeiger, Françoise Damien…
Musique : Guy Bonnet, Daniel Fauré, Janko Nilovic, Daniel White
Durée : 185 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Français et Anglais en DTS-HD MA 2.0 mono d’origine
Sous-titres : Anglais
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 21 juillet 2021
LE PITCH
Écrivain de profession et libertin dans l’âme, Michel profite de l’absence de sa femme Marianne, partie quelques jours en vacances, pour sortir dans un night-club. Vite attiré par une rousse incendiaire qui se déhanche sur la piste, il la ramène chez lui où ils passent la nuit. Cette aventure le convainc à multiplier les rencontres…
Ayant postulé pour une offre d’emploi fort curieuse, Éric se rend dans un somptueux château perdu dans la campagne. Sur place, une domestique le conduit dans les appartements de Viriane, la maîtresse de maison. Celle-ci le considère brièvement, puis lui certifie qu’il n’est pas l’homme qu’elle attendait, avant de le congédier sèchement. Se sentant humilié, Éric retourne au château durant la nuit et s’introduit dans la chambre de Viriane…
Les premiers amours de Michel
Après avoir commencé par la fin, soit Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff, sa dernière réalisation « standard », Le Chat qui fume reprend le cinéma de Michel Lemoine par le début en éditant, et en copies somptueusement restaurées, ses deux premiers films comme metteur en scène : Les Désaxées et Le Manoir des louves.
Après une longue carrière théâtrale et des débuts aux cotés de Sacha Guitry, suivie d’une exploration remarquée du cinéma populaire italien (de Mario Bava à Jesus Franco en passant par Sergio Solima et Margheriti), Michel Lemoine finit par passer à la réalisation en 1972 en emboîtant le pas à ses copains Max Pécas, José Benazeraf et Jean-François Davy dans le genre alors en vogue : le cinéma érotique. La libération des mœurs et un léger assouplissement de la censure voient ainsi naître une explosion de récits fripons qui ont atteindront, en termes de succès, leur point culminant avec le somnolant Emmanuelle. Lemoine, lui, n’est certainement pas dans la posture, dans l’esthétisant, ni dans la répétition de valeurs vieillissantes, mais se fait véritablement l’écho des explorations sexuelles de son temps, dont il est lui-même client. En l’occurrence l’amour libre, notion au cœur de ses deux premiers films Les Désaxées et Le Manoir des louves (ou Les Chiennes, titre choisi par l’exploitant) où les dialogues, souvent très écrits et théâtraux, viennent discourir, questionner et philosopher sur les notions de propriété, d’amour, d’échanges et de la différence de vision propre à chaque sexe.
Ouvert à tous
Tourné avec quelques mois d’écart mais avec des équipes très proches (en particulier les actrices dont Janine Reynaud, sa compagne d’alors) et toujours avec le cinéaste dans le rôle principal, les deux opus semblent se répondre même puisque le premier met en avant la volonté de Michel de multiplier les conquêtes au détriment de l’équilibre de son couple, alors que dans le second c’est Viriane, maîtresse du château, qui dirige les ébats et refuse tout sentiment de propriété. L’occasion bien entendu de multiplier les ébats, les positions, les combinaisons, les corps nus filmés avec une délicatesse exempte de faux semblant (pas de flous et de flonflons), marquant l’identité de vrais films adultes qui n’ont pas encore besoin de plonger dans le porno pour aguicher. Si bien évidemment les films ont été tourné en équipes réduites, en quelques semaines à peine et avec des budgets restreints et que les actrices ne sont pas toujours d’une justesse incroyable, ils restent des essais plus qu’attachant ou éclot un véritable savoir-faire du metteur en scène, apportant une réalisation élégante, des cadres soignés et un mélange constant de drame, de sensualité et de décontraction (voir d’humour) qui deviennent immédiatement sa marque de fabrique. Un auteur pourrait même-t-on dire tant sa patte est évidente alors que les deux métrages explorent des genres assez différents. Si le second annonce déjà par son ambiance doucement gothique, son soupçon de surnaturel (encore plus marqué si une séquence entière n’avait pas été coupée) et des contours exploitation Bis totalement assumés, le futur Les Week-end du Comte Zaroff, le premier est un drame sentimental sensible dont la frivolité des premières séquences laisse peu à peu place à une trajectoire plus tragique autant qu’une prise de conscience romantique. Parce-que oui chez Michel Lemoine, le cul se fait toujours avec beaucoup de cœur.
Image
Le Chat qui fume ne fait jamais les choses à moitié. La preuve avec ces deux titres érotiques vendus à petit prix et pourtant proposant de superbes restaurations à partir de scan 4K des négatifs. Un travail d’une belle précision, offrant des masters soigneusement nettoyés où l’on ne note plus que quelques plans « peignés » sur Les Désaxées et de rares bords plus fluctuants sur le second. L’important ici est de retrouver la pureté cinéma d’origine avec un rehaussement des couleurs sans excès, des argentiques bien présents et un grain de pellicule maîtrisé. Admirable.
Son
Nettoyage bien efficace là aussi avec un rafraîchissement certains des deux pistes françaises d’origines. Des monos forcément assez plats et directs mais très propres et clairs. A noter la présence de sous-titres anglais (pour les faire découvrir à travers le moooonde) et une piste doublée anglaise sur Les Désaxées pour les curieux.
Interactivité
Proposés dans de simple boitier Amaray, les deux films sont tous deux accompagnés de la même longue interview d’archives de Michel Lemoine vue sur l’édition Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff. Un long moment passé en compagnie de l’acteur / réalisateur, très heureux de partager ses souvenirs de carrières et de nombreuses anecdotes. Un petit passage est forcément réservé aux tournages de deux films en présence, avec une tendresse particulière ressentie pour Les Désaxées et l’évocation d’une longue séquence fantastique coupées à la demande du producteur pour Le Manoir des Louves. Ça tombe bien, pendant l’opération de restauration, l’éditeur à retrouver la bobine de la fameuse séquence. Un voyage fantomatique dans le temps, malheureusement sans le son, qui ajoute la notion de malédiction au métrage.
Liste des bonus
Les Désaxées : Interview de Michel Lemoine (1h26), Films annonces.
Le Manoir aux louves : Interview de Michel Lemoine (86’), Scène coupée (9’), Films annonces.