LES COMPAGNONS DE LA GLOIRE
The Glory Guys – Etats-Unis – 1965
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Arnold Laven
Acteurs : Tom Tryon, Harve Presnell, Senta Berger, James Caan, Slim Pickens, Andrew Duggan…
Musique : Riz Ortolani
Durée : 112 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais, Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 06 janvier 2022
LE PITCH
En pleine guerre contre les Indiens, l’armée nordiste a besoin de nouvelles recrues. Parmi elle, la fine fleur des laissés-pour-compte et autres petits escrocs, qui vont devoir apprendre la discipline militaire avant de se battre sous les ordres du redoutable Général McCabe.
Peckinpah Suite
Si la trilogie de la cavalerie de John Ford est sans aucun doute une pierre fondatrice de l’Histoire des fameuses tuniques bleues sur grand écran, le révisionnisme du genre permit à Hollywood d’en offrir des variations plus sombres, probablement plus proches de la réalité et surtout à quelques scénaristes extrêmement talentueux d’y greffer des thèmes plus modernes et des intrigues plus complexes. Tel ce Compagnons de la Gloire, écrit par un Sam Peckinpah toujours aussi ambitieux, d’une richesse folle et que Sidonis Calysta nous offre aujourd’hui dans une très belle restauration.
Un Peckinpah dont l’écriture se sent dès la première scène du film, qui commence par le cri d’effroi d’un homme recruté par l’armée nordiste et dont l’idée de finir empalé par une lance indienne n’enchante guère. L’un de ses compagnons d’infortune (James Caan, déjà excellent dans un de ses premiers rôles au cinéma) avant la gloire promise du titre, le rassure. La dizaine d’hommes va alors être conduite dans un camp pour y subir un entraînement sensé faire d’eux des soldats. Parallèlement à leur entraînement (par le truculent Slim Pickens, avec qui la plume de Peckinpah sera généreuse), nous allons suivre les aventures amoureuses d’un capitaine (Tom Tryon, le vrai héros du film) et ses déboires avec sa hiérarchie, notamment le sinistre Général McCabe, à qui il reproche d’utiliser ses hommes comme de vulgaires appâts afin d’obtenir succès et gloire sur leur cadavre. Un récit ambitieux et moderne, entre western, film de guerre, romance et même comédie qui réussit presque parfaitement sur tous les tableaux (nonobstant le score de Riz Ortolani, qui colle trop souvent aux canons du genre et ne cherche jamais à s’offrir une vraie personnalité).
La rose et la flèche
Derrière la plume de Peckinpah, celle de Hoffman Birney, dont le roman (The Dice of God) décrit le quotidien de soldats, de leur épouse et les relations tendues entre un Capitaine et son supérieur hiérarchique, sorte d’ersatz de Custer. Peckinpah va conserver tous les éléments du roman et les interconnecter entre eux, allant jusqu’à créer un triangle amoureux, qui occupe une grande partie du film. Tom Tryon se retrouve donc aux prises avec le regretté Harve Presnell (qu’on reverra bien plus tard dans le Fargo des frères Coen) avec comme enjeu le cœur de la belle Senta Berger (au sortir de Major Dundee et dans le futur Croix de Fer) dans le rôle d’une femme incapable de choisir entre les deux hommes, avec qui elle fricote par intermittence (plutôt moderne à l’époque !). Derrière la caméra, Arnold Levin, déjà rompu au western et James Wong Howe, véritable légende d’Hollywood, comme directeur photo. Le talent des deux hommes va s’allier pour le meilleur dans la dernière partie du film, lors d’une bataille d’anthologie (copiée sur la légendaire bataille de Little Big Horn) d’une brutalité jurant violemment avec son ton jusqu’alors léger.
Entre romance, comédie (formidable prestation de Caan!), bagarres de saloon et d’amoureux jaloux, de rivalités militaires et de sous-intrigues se payant le luxe de développer quelques personnages secondaires voire tertiaires, le cahier des charges déborde de générosité et d’intentions convergeant toutes vers un seul et même objectif : celui de divertir. Une ambition désormais rare qui ne peut que nous faire adhérer un peu plus à ce Compagnons de la Gloire qu’il est urgent de découvrir.
Image
Le temps a malheureusement fait son office et plusieurs plans souffrent d’une qualité dégradée (baisse de luminosité, grains dominants, flous) et donc d’une restauration qu’on imagine difficile. Heureusement, 90 % du film profite d’une restauration réellement majestueuse, qui rend hommage à la photographie de Howe et aux décors naturels magnifiques notamment durant l’impressionnante bataille finale.
Son
Un solide DTS-HD mono aussi bien en VO qu’en VF qui sait être efficace durant plusieurs moments clés, dont le générique et sa chanson très martiale ainsi que la bataille finale, pleine de bruit et de fureur.
Interactivité
Des suppléments présents sur la galette (en édition limitée) de l’Américain Twilight Time, Sidonis n’aura gardé qu’une seule pièce, mais maîtresse : le document rare (sur copie 8MM) de James Wong Howe travaillant sur le tournage. A ce document se rajoute un documentaire lui aussi consacré au directeur photo dans lequel l’intéressé lui-même nous parle de son travail (et de son tempérament très exigeant). Travail dont le regretté Bertrand Tavernier nous parle lui aussi durant un entretien comme toujours intéressant. L’inoxydable Patrick Brion revient lui sur Sam Peckinpah et plusieurs acteurs du film, dont Tom Tryon, qui devint romancier et signa Fedora et The Other. Quant à Jean-François Giré, il revient sur l’ensemble du film et son mélange, très réussi, des genres. Une bande annonce clôture la section.
Liste des bonus
Présentation par Bertrand Tavernier (24’50), Présentation par Patrick Brion (6’26), Présentation par Jean-François Giré (17’15), James Wong Howe sur le tournage du film (8’23), James Wong Howe : Cinematographer, bande annonce.