LES CHIENS DE GUERRE
The Dogs of War – États-Unis – 1980
Support : Bluray
Genre : Drame, Guerre
Réalisateur : John Irvin
Acteurs : Christopher Walken, Tom Berenger, Paul Freeman, Jean-François Stévenin, JoBeth Williams, Colin Blakely…
Musique : Geoffrey Burgon
Durée : 105 min
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : L’Atelier d’Images
Date de sortie : 06 septembre 2022
LE PITCH
Jamie Shannon est un mercenaire. A peine rentrer de mission, un nouveau commanditaire l’emploie pour entrer sous une fausse identité dans un petit Etat africain. Sur place, il est rapidement identifié, emprisonné et capturé.
Soldiers of Fortune
Quand on pense films de mercenaires, plusieurs titres se bousculent d’emblée dans nos têtes et on pense gros bras, testostérone, hyper caractérisation et, forcément, grosses pétoires et explosions. Pourtant, en 1980, malgré une magnifique affiche qui vend du rêve, John Irvin va proposer un film de mercenaires un peu différent, moins centré sur ses personnages et plus sur l’actualité géopolitique de l’époque. Un choix judicieux porté par un Christopher Walken au sommet de son art et que l’Atelier d’Images nous propose aujourd’hui en Bluray et pour la première fois dans sa version longue.
A la base du film, un roman de Frederick Forsyth, ancien pilote de la Royal Air Force devenu journaliste et finalement écrivain et scénariste (Chacal, Le Dossier Odessa). Un roman qui revient sur l’utilisation de mercenaires prêts à se vendre aux gouvernements occidentaux les plus offrants pour devenir les bras armés de coups d’Etats fomentés dans l’ombre. L’objectif étant ensuite d’asseoir durablement la main-mise sur ces petites « républiques » en mettant en lieu et place des dictateurs renversés des dirigeants fantoches préalablement choisis par ces grandes puissances. Le roman sort en 1974 et est cruellement d’actualité. Six ans plus tard, il est adapté au cinéma sous une forme moins virulente qu’il n’y paraît mais finalement très percutante et pertinente.
Jeux d’espions
Après une introduction pleine de bruits et de fureur à qui la présence de Walken donne des airs de Voyage au Bout de l’Enfer (tourné deux ans plus tôt), on suit les errements de son personnage, qui ressent la vie civile comme une sorte de gros post-partum dépressif et ennuyeux. Jusqu’à ce qu’un nouveau contrat lui tende les bras et l’emmène jouer les espions dans la république bananière du Zangaro, dirigée d’une main de maître par un énième dictateur sans scrupule. Jeté rapidement en prison et torturé, il y fait la connaissance de celui qui aurait dû diriger le pays à sa place. Après un retour difficile et douloureux aux USA, il décide de reformer sa vieille équipe de mercenaires et prépare l’assaut du petit territoire afin de faire sauter le dictateur et mettre à sa place celui qui a été choisi par ses commanditaires (liés au gouvernement des Etats-Unis, bien entendu).
Les Chiens de Guerre est le premier film de John Irvin, réalisateur expérimenté mais jusqu’alors cantonné à la télévision. L’adaptation en série du roman La Taupe de John le Carré (et son passé de journaliste de guerre) va probablement l’aider à signer cette adaptation de Forsyth et l’emmener vers une filmographie modeste mais honnête souvent parcourue de quelques films mineurs mais marquants (le guerrier Hamburger Hill, Le Contrat avec Schwarzy ou encore l’adaptation injustement oubliée de Robin des Bois avec Patrick Bergin). Un faiseur humble mais appliqué, qui va ici rendre crédible et réaliste l’adaptation de l’ancien journaliste de terrain pour n’omettre aucun élément ou presque de la faisabilité de l’assaut d’un petit Etat par une bande de mercenaires. Réalisme appuyé par un casting international qui va enfiler les visages connus comme des perles, même si ce n’est que pour quelques secondes à l’écran. Au côté de Walken et Berenger, on retrouve donc Paul « Belloq » Freeman, Jean-François Stévenin, Ed O’Neill, Jim Broadbent et même Jean-Pierre Kalfon.
Le crépuscule des héros
Pendant une bonne heure, Irvin se contente donc de poser ses pions et prend le temps de développer son scénario avec minutie et précision. Frustrant si on repense au titre du film et à sa promesse d’action et de pyrotechnie, mais judicieux pour comprendre les méandres complexes de la psychologie de son personnage principal et adhérer à ses choix de dernière minute (dichotomie qui se retrouve même dans le très bon score de Geoffrey Burgon, entre partitions martiales et opéra tragique). Une psychologie d’ailleurs au centre du montage de la version longue, où la plupart des scènes intimistes avec JoBeth Williams retirées préalablement du cut officiel, donnent une nouvelle version plus équilibrée d’un film de mercenaires qui n’en est finalement pas un. Ou plutôt si. Mais où ces personnages sensés représenter le degré zéro de l’humanité, habités d’un cynisme tel qu’ils tuent et pèsent sur l’échiquier géopolitique sans aucun scrupule, deviennent les derniers représentants d’une moralité moribonde. Un ultime revirement qui fait des Chiens de Guerre un authentique pamphlet subversif pour l’époque et une raison de plus pour le (re)découvrir d’urgence.
Image
Une très belle restauration qui offre des contrastes saisissants entre scènes diurnes et pérégrinations nocturnes mais sans jamais oublier cette patine un tantinet granuleuse qui se rappelle de temps en temps à l’œil mais se fait aussi vite oublier la seconde d’après.
Son
Une seule piste DTS-HD 2.0 mais qui assure parfaitement le job, entre une introduction pétaradante et des moments plus légers voire intimistes durant lesquels les compositions de Burgon sortent grandies. La VO reste à privilégier sur ce point, mais le plaisir de retrouver les doublures voix de l’époque (Pierre Arditi, la voix de Superman !) peut faire pencher la balance du côté de la VF.
Interactivité
En plus de la version longue (14 minutes de plus qui changent donc pas mal de choses), un entretien avec Philippe Lombard, journaliste et écrivain, qui revient sur l’histoire des barbouzes et quelques films sur le sujet. Intéressant.
Liste des bonus
Version longue (118’), Quand les mercenaires attaquent, par Philippe Lombard (13’28), Bande annonce d’époque (2’24).