LES CHASSEURS DE SCALPS
The Scalphunters – États-Unis – 1968
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Sydney Pollack
Acteurs : Burt Lancaster, Shelley Winter, Telly Savalas, Ossie Davis…
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 103 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 07 avril 2022
LE PITCH
1850, dans les montagnes Rocheuses. Le trappeur Joe Bass est contraint d’abandonner aux Indiens les fourrures qu’il espérait leur vendre. Ceux-ci lui laissent en échange un esclave en fuite. Lorsqu’il retrouve les corps des Indiens scalpés, il se lance à la poursuite des chasseurs de scalps, décidé à récupérer ses fourrures.
Affranchis
Troisième long métrage de Sidney Pollack et premier d’une « trilogie » composée avec le massif Burt Lancaster, Les Chasseurs de scalps est un amusant western picaresque reflet certes du crépuscule d’un genre, mais pétrie de considération des plus contemporaines.
Jeune talent venu de la télévision, Sidney Pollack a déjà signé 30 minutes de sursis (avec Sidney Poitier et Anne Bancroft) et Propriété interdite (avec Redford et Natalie Wood) lorsque la star Burt Lancaster lui propose The Scalphunters. Les deux ont déjà indirectement collaborés sur la version américaine du Guépard de Visconti, mais l’acteur / producteur veut tout de même tester la solidité du cinéaste avant de lui confier le beaucoup plus personnel et complexe Un Château en enfer. Voici donc ce qui s’apparente à un exercice de style, un divertissement qui se veut aisément populaire et qui emboîte le pas aux derniers ersatz du genre, inspiré par l’hyper-réalisme de l’école italienne, ses excès opératiques, mais aussi une approche plus comique initiée par le succès du Cat Ballou avec Jane Fonda et Lee Marvin sorti trois ans plus tôt. Burt Lancaster campe donc un montagnard inculte, bourré de préjugés mais parfaitement intégré dans le paysage sauvage, obligé de se trimbaler un esclave noir, excellent Ossie Davis, que lui a collé de force une tribu indienne. Ce dernier, éduqué par ses anciens maîtres est certes moins aventureux mais se révèle bien plus cultivé (il passe son temps à faire des citations latines), malin et habile manipulateur.
L’Art du braconnage
Du buddy movie avant l’heure où bien entendu les incompréhensions et inimitiés des débuts vont se transformer lentement, et assez laborieusement, en collaboration fructueuse face à une bande de voleurs de scalps menés par Telly Savalas qui ont embarqué en cours de route les peaux de castor de Joe Bass. Pas de grand héroïsme ici, mais des protagonistes qui vont harceler et poursuivre la troupe de gangster jusqu’au bout, avec un acharnement digne d’une comédie redneck. On est clairement très loin du futur Jeremiah Johnson scénarisé par John Milius lorsque les deux gaillards, trop occupés à régler leurs comptes à coups de mandales dans la boue, ne se rendent même pas compte qu’une charge de comanches (et non de la fière cavalerie) vient de leur sauver la peau. Une bagarre bourrée de gags et d’effets cartoon (même du mickeymousing servi par l’illustre Elmer Bernstein) qui aurait pu être poussive si justement la vision de ces deux corps recouvertes de terre ocre ne venait pas entièrement remettre en question leur confrontation raciale qui a habitée tout le film. Acteur particulièrement engagé pour les droits civiques et ayant rencontré Ossie Davis justement durant la longue marche vers Washington organisée par Martin Luther King, Burt Lancaster retrouve ici pleinement Michel Pollack dans ce besoin de teinter le divertissement, parfois même grotesque et parodique, d’une réflexion plus profonde sur l’état de la société américaine et sur ses origines inégalitaires. La petite danse que s’offrent le héros blanc et l’acolyte noir, leurs échanges dialogués tout en ironie et en impertinence, la constante inversion des rôles entre dominant et dominé, dotent ce petit western un poil anecdotique d’un vrai charme ajouté.
Image
Master HD déjà exploité il y a quelques années aux USA par Kino Lorber, la restauration présentée ici n’a pas profité d’un retour à la source et affiche donc un résultat un peu aléatoire. Tous les plans de transition, parfois très longs, sont encore nettement marqués par de nombreux défauts de pellicules (taches, griffures…) et un grain neigeux, et même les plans les plus réussis restent traversés par quelques scories. Mais en dehors de cela l’image s’avère joliment détaillée, bien creusée avec une définition assez solide, des couleurs chaudes et des noirs qui tiennent bien la route.
Son
Plutôt sobres mais efficaces, les monos d’origines sont disposés ici dans des DTS HD Master Audio 2.0 assurant une plus grande clarté, sans grands soucis notables. A noter un doublage français particulièrement réussi et incarné qui préserve tout le charme de l’époque.
Interactivité
Proposé dans un digipack cartonné avec fourreau reprenant l’affiche originale, l’édition de Rimini contient comme souvent les disques Bluray et DVD. Sur les deux, on retrouve les mêmes bonus. Des interviews assez longues d’Eric Thouvenel, maître de conférences à Rennes 2 et l’incontournable Olivier Père d’Arte, qui reviennent tous deux sur les grandes lignes qui composent le film : les débuts de Sidney Pollack, un projet porté par Burt Lancaster, la fin de la grande ère du western et l’apparition du versant parodique, la thématique raciale… Intéressantes toutes les deux mais comme parfois il aurait peut-être été plus pertinent de les monter ensembles pour éviter les répétitions.
Liste des bonus
Interview d’Eric Thouvenel, maître de conférences, Université de Rennes 2 (34’), Interview d’Olivier Père, directeur de l’unité cinéma d’ARTE France (40’), Bande-annonce.