LES BOYS DE LA COMPAGNIE C
The Boys in Company C– Etats-Unis – 1978
Support : Bluray
Genre : Guerre
Réalisateur : Sydney j. Fury
Acteurs : Stan Shaw, Andrew Stevens, James Canning, R. Lee Ermey, Michael Lembeck, Craig Wasson…
Musique : Jaime Mendoza-Nava
Durée : 126 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 12 avril 2024
LE PITCH
1967. Cinq jeunes Marines, engagés volontaires, intègrent un camp militaire où ils seront formés, avant d’être envoyés au Vietnam. Ils découvrent alors l’horreur de la guerre et une plongée en enfer à laquelle personne ne les avait préparés…
Le bourbier
Vous connaissez sûrement les classiques Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket. Si la réponse est non, arrêtez de lire ceci et courez les visionner, vous nous remercierez après. Cependant si vous ne connaissez pas Les boys de la compagnie C, restez, ça peut vous intéresser.
Les carrières hétéroclites sont comme une boîte de chocolats dirait l’autre, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Sydney J. Furie a touché à tout ; le polar, le fantastique, le musical… Il a tourné avec des grands tels Marlon Brando, Robert Redford ou Michael Caine. Les critiques aiment parler de lui pour le massacre de Superman IV, production Cannon de triste mémoire tandis que le plus jeune public (ou le moins vieux) évoque volontiers son Aigle de fer, pseudo Top Gun avec Louis Gosset Junior en vedette. Avant cela, il avait eu de beaux succès en Angleterre (Ipcress) avant de céder aux sirènes hollywoodiennes lui faisant abandonner peu à peu un style baroque pour se fondre dans un moule moins personnel. Les boys de la compagnie C arrive à une période où le sujet de la guerre du Vietnam n’a pas encore explosé sur grand écran (mis à part avec le manichéen John Wayne dans les Bérets verts près de dix ans auparavant). Il aura la malchance d’arriver en même temps que les classiques Voyage au bout de l’enfer et Retour qui se disputeront l’Oscar du meilleur film mais surtout du très attendu Apocalypse Now alors encore dans le bourbier de sa production pharaonique. L’approche de Fury se veut différente. Il veut filmer une compagnie de leurs classes aux États-Unis avec l’entraînement ardu sous l’œil d’un sergent tyrannique à leur arrivée au Vietnam en plein cœur du conflit. L’histoire vous rappelle Full Metal Jacket, c’est normal, il est une source d’inspiration pour Stanley Kubrick qui va jusqu’à reprendre Lee Ermey dans le rôle du sergent instructeur.
Qu’est-ce qu’on fout là
Fort d’un budget miniature, le tournage se fait aux Philippines sous la bannière de Fortune star, le studio de Raymond Chow. Le magnat hongkongais, esseulé depuis la perte de son protégé Bruce Lee espère sans doute par ce genre de production se frayer une place sur le marché international qu’il espérait conquérir avec le petit dragon. L’approche se veut à la limite du documentaire. Sous couvert de journal intime d’un des protagonistes, le metteur en scène puise la force de son film faisant avancer le spectateur au même rythme que ses personnages. La guerre est sale, dégueulasse même, les ordres sont contradictoires, chacun fait semblant de savoir ce qu’il fait. La mise en scène les suit au corps dans ce qui semble être un chaos dirigé sur le terrain comme à l’écran. On ne se bat pas pour des convictions mais parce que le drapeau a contraint ses hippies, repris de justice ou afro américains à aller à la boucherie.
Alors, ils font ce qu’ils ont à faire tout en essayant de mener leur vie d’antan, ils cachent leur drogue dans les linceuls, picolent et essaient de trouver leur compte entre deux combats. Mais ils ne sont pas les seuls à chercher leurs intérêts. Au détour d’une séquence, ils s’aperçoivent s’être battus pour protéger un convoi renfermant du matos pour la petite partie que prévoit le général pour son anniversaire. Tout est futile. Dommage que l’évolution des personnages ait si peu changée au grès de l’histoire. Ils restent, à peu de choses près, identiques aux troufions qu’ils étaient en début de film. En cela Kubrick fera de son film une référence dans l’évolution de ses personnages comme « baleine » (mais en même temps, se comparer à Stanley Kubrick n’est pas facile).
Sydney J. Fury sera sans doute l’un des premiers à parler frontalement de la guerre et de ses traumatismes. Les spectateurs ont sans doute été voir le film en amuse-bouche en attendant de voir celui de Coppola (anecdote : Fury a été envisagé à une époque par la Paramount pour réaliser Le Parrain). Mais après avoir vu le film, on ne dira plus de lui comme un souvenir lointain du gars qui a fait Aigle de Fer mais plutôt comme le réalisateur qui a fait Les boys de la compagnie C.
Image
Si elle n’atteint pas les niveaux des standards actuels, la restauration est globalement satisfaisante. L’image est bien restaurée malgré des défauts de pellicule encore visibles. Les couleurs sont bien tranchées et les contrastes sont solides. La luminosité est elle aussi bien rendue, montrant une vision du Vietnam fort réaliste et loin d’être paradisiaque.
Son
La piste son n’est pas des plus probante. Elle arrive vite à saturation sur la VF avec les voix qui ont tendance à être étouffées. La vo est quant à elle mieux équilibrée avec une bonne dynamique sur les ambiances sonores.
Interactivité
Une édition qui fait plaisir avec un programme très cocorico pour l’occasion. Jean Baptiste Thoret est de la fête pour évoquer Hollywood et la guerre du Vietnam dans une belle analyse mêlant cinéma et politique. Il revient avec Samuel Blumenfeld une seconde fois pour se consacrer directement au film et au metteur en scène en englobant le film dans l’entièreté de sa filmographie. Sans langue de bois ils ne sont pas toujours tendres avec Sydney Furie même s’ils lui reconnaissent certaines qualités. Le court métrage Cockney sur un photographe de retour au Vietnam en mode revanchard conclut ce programme des plus intéressants.
Liste des bonus
Cockney (11′), Hollywood et la guerre du Vietnam (25′), Fury et le Vietnam (41′), Film annonce (2′).