LES BONNES ÉTOILES
Beurokeo– Corée du Sud – 2021
Support : Blu-ray
Genre : Drame
Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda
Acteurs : Song Kang-ho, Gang Dong-won, Bae Doona
Musique : Jung Jae-il
Durée : 129 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Coréen et Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : HK Vidéo
Date de sortie : 7 avril 2023
LE PITCH
Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.
Famille, je vous aime
Le cinéma asiatique continue à avoir le vent en poupe, c’est le moins que l’on puisse dire. Leurs cinéastes sont devenus de véritables stars particulièrement dans notre hexagone. Accueillis régulièrement en grande pompe sur le tapis rouge cannois, leurs films font régulièrement office d’évènements et s’habituent à glaner de nombreuses récompenses années après années.
Si les Park Chan Wook et Bong Joo-Ho ont facilement réussi à séduire le grand public avec la trilogie de la vengeance dont Old Boy est la pièce maîtresse pour le premier ; le second a connu le succès planétaire critique et public avec son oscarisé et palmé Parasite. Hirokazu Kore-Eda a tendance à se faire plus confidentiel pour ces mêmes spectateurs malgré sa Palme d’Or en 2018 pour Une Affaire de famille. Pourtant, à l’instar de ses deux célèbres confrères avec qui il partage l’aura cannoise, le cinéaste s’exprime dans un genre bien plus dramatique et moins accessible au premier abord. Il est vrai que Kore-Eda ne s’aventure pas sur le même terrain de jeu mais ses films n’en sont pas pour autant hermétiques. Révélé en nos contrées en 2004 avec le poignant Nobody Knows (récit sur des enfants livrés à eux-mêmes dans l’appartement abandonné par les adultes), il n’a de cesse tout au long de sa filmographie à explorer ce sujet sous divers angles pour mieux en faire une radioscopie de l’éclatement familial du XXIe Siècle. Les Bonnes étoiles, son dernier film, n’échappe bien entendu pas à cette règle.
Pays du matin (pas si calme)
Kore-Eda apprend dans un article que tout comme au Japon, la Corée du Sud met à disposition un peu partout dans le pays des “Boites à cigognes”. Il s’agit d’endroit où des femmes peuvent, si elles le désirent, abandonner leurs enfants dans ses réceptacles que des orphelinats récupéreront ensuite. L’idée est aussi saugrenue que réelle. Le sujet perturbe le metteur en scène qui à l’heure de cette découverte vient de découvrir pour la première fois les joies de la paternité. Ce sujet semble être fait pour lui. Sitôt le tournage français de La vérité bouclé avec Juliette Binoche et Catherine Deneuve, le metteur en scène japonais s’expatrie à nouveau pour entamer le tournage en Corée. Une fois encore, la barrière de la langue va être compliquée mais le jeu en vaut la chandelle. C’est pour lui l’occasion idéale de concrétiser le rêve de tourner avec le grand Song Kang-Ho, l’acteur fétiche de Bong Joo-Ho. Bien lui en a pris car celui-ci recevra pour ce rôle le prix d’interprétation sur la Croisette. Les Bonnes étoiles permet au cinéaste d’approfondir sa réflexion sur l’enfance entamée des années auparavant. Il brasse son sujet avec intelligence faisant du rôle de son interprète un orphelin, lui-même abandonné jadis dans ces fameuses boites. Accompagné de son acolyte, les deux compères vont essayer tant bien que mal de revendre l’un de ses enfants cigognes au plus offrant. Forcément, les choses ne se passant jamais comme il faut, ces pieds nickelés du trafic d’enfants vont prendre le bambin en affection et se coltiner la vraie mère du petit. Entre situation dramatique et moments cocasses, les grandes questions sur le droit à l’abandon et le débat sur l’avortement sont habilement abordées. Kore-eda ne joue pas aux donneurs de leçons ni au juge mais pose tout simplement la situation sans forcer ses propos. Sa mise en scène se montre discrète et sans artifices tire-larmes. Il ne cède pas à la facilité dans ce jeu d’équilibriste, ses cadrages urbains et gros plans sur les visages montrent toute l’humanisation résiliente de l’homme dans un monde individualiste en mal d’amour. Sujet en fin de compte universel.
Les temps ont changé, son compatriote Yasujiro Ozu explorait un bon demi-siècle en arrière l’état de la cellule familiale japonaise. Depuis, celle-ci a bien trop souvent explosé mais Kore-Eda garde espoir et en célèbre sa reconstruction car malgré les épreuves, comme son titre l’indique, Les Bonnes étoiles célèbre la vie.
Image
Un grand soin est apporté à l’image de source numérique 4.5K. Les scènes nocturnes possèdent une palette de nuances de noirs admirables tout comme le piquet aussi probant sur les gros plans que la profondeur de champ.
Son
Comme tout drame, les effets n’ont rien de tonitruant. Pourtant niveau ambiance et atmosphère sonores, le film offre un rendu constant avec un bon équilibre entre les différentes pistes sonores.
Interactivité
Sorti sous le label HK, l’éditeur semble revenir sur le devant de la scène en accélérant sa cadence de sortie. Une rencontre intéressante autour du film avec le réalisateur Hirokazu Kore-Eda parlant de son œuvre et de sa découverte des « boites à cigogne » est l’interactivité principale au menu. Le reste des bonus se contente en une poignée de minutes de nous offrir des modules sur la promo du film et de ses acteurs.
Liste des bonus
Rencontre exclusive avec Hirokazu Kore-Eda 15’, Voyage au Festival de Cannes 3’, Les personnages 3’, Comment tout a commencé 2’, Le choix des acteurs 3’, Bandes-annonces.