LES BARBARIANS
The Barbarians –Etats-Unis, Italie – 1987
Support : Bluray & DVD
Genre : Heroic Fantasy, Action, Comédie
Réalisateur : Ruggero Deodato
Acteurs : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch, Eva LaRue, Sheeba Alahani, Michael Berryman, Franco Pistoni, George Eastman…
Musique : Pino Donaggio
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 5 juillet 2024
LE PITCH
Deux frères orphelins sont séparés à la naissance et réduits en esclavage. Devenus gladiateurs, ils sont contraints de s’affronter dans l’arène mais refusent le combat. Les deux frères allient alors leurs forces pour se libérer du joug de leurs maîtres.
Popaul les conquérants
Entièrement dédié à la gloire, très éphémère, des stars du culturismes qu’étaient Peter et David Paul, Les Barbarians étaient une énième tentative pour la Cannon de marcher sur les plates-bandes de l’illustre Conan Le Barbare, chef d’œuvre total de John Millius. Mais les gros bras de font pas tout et même l’italien Ruggero Deodato finit par tourner tout ça à la pantalonnade.
Presque totalement oublié aujourd’hui, vagues héros de quelques productions très oubliables (D.C. Cab avec Mr. T, Double trouble…) et coverboy pour quelques revues de bodybuilding et de fitness, les jumeaux Paul furent au cours des années 80 ce que l’on considérerait aujourd’hui comme des peoples. Pas grand-chose à vendre, pas vraiment de carrière, mais des grands gueules et des personnalité médiatiques qui faisaient sensation dans les shows télévisés. Une médiatisation et un surnom plutôt évocateurs, The Barbarians, qui donnèrent quelques idées à nos producteurs préférés, Menahem Golan et Yoram Globus, de transporter leur image sur grand écrans pour une nouvelle production de Sword & Sorcery largement inspirée par les écrits de Robert E. Howard et surtout le grand succès d’un autre culturiste Arnold Schwarzenegger. Un projet au départ nourri de grandes ambitions, avec un tournage en Italie, un scénario plutôt sérieux et un très honorable cinéaste serbe dévoyé pour l’occasion, Slobodan Sijan, mais comme souvent avec la Cannon, les choses vont rapidement se gâter et le réalisateur va claquer la porte quelques jours avant le début du tournage. C’est la branche italienne qui pense alors à Ruggero Deodato, artisan résistant dans une industrie transalpine totalement exsangue par la télévision poubelle de Berlusconi, dont on imagine déjà le croisement couillu entre l’univers du cimmérien et un traitement brutal de survival à la Cannibal Holocaust. Mais sa rencontre avec les deux acteurs va tout changer.
Une tête pour deux
Découvrant d’authentiques pitres, passant leur temps à se chamailler, à faire des blagues de potaches et surtout ne se prenant certainement pas au sérieux, il dévie totalement l’identité du film et se cale sur leur dynamique de bœufs. Passé une introduction presque sérieuse racontant brièvement comment les deux frangins, accueillis par une peuplade de saltimbanques ne vivant que pour le spectacle et la musique, se firent kidnapper, avec leur reine, par un terrible chef de guerre (Richard Lynch, le seul qui semble presque y croire), le reste va rapidement s’échapper vers la grosse comédie. Jamais très loin de la pure parodie d’ailleurs, à base de gags poussifs, de vilains grimaçant beaucoup (Michael Berryman, George Eastman…), de forteresse imprenable protégée par un pauvre rochers, de monstres balancés n’importe comment et trucidés en deux secondes et d’une quête totalement ridicule dont manifestement, tout le monde se fiche éperdument. Plutôt que de sauver leur reine enfermée dans une cage en bois (a priori, la hache ils ne connaissent pas) les deux brutos préfèrent se taper tout le harem de leur ennemi, passer leur temps à se quereller pour savoir qui portera telle ou telle arme ou la bride des chevaux, ou pousser d’incroyable cris de gorets en rut… juste parce que c’est marrant. Passé la surprise et une fois le cerveau mis en pause pour l’heure restante, il faut cependant reconnaitre que Les Barbarians n’est pas totalement déplaisant, plutôt rythmé, parfois amusant, bien moins kitch dans sa direction artistique (costumes, décors réels et en studio, effets spéciaux un poil datés…) que bon nombre de rip of ritals de la même époque et surtout profite de l’efficacité toujours présente du roublard Deodato.
L’attaque de la caravane et sa surabondance de cascade, la séquence de taverne et sa jeune danseuse exotique, l’avancée dans les marais bleutés, le final aux petits airs de western… si on oublie les compositions totalement à côté de la plaque d’un Pino Donaggio en pleine période disco, on pourrait presque parfois y croire. C’est que mine de rien, le délire bis de Sword & Sorcery aussi violent et glauque que Cannibal Holocaust, on aurait bien voulu le voir nous !
Image
Pas beaucoup d’informations sur les origines de ce master HD, à priori produit aux USA par Scorpion Releasing, mais le résultat est des plus satisfaisants, voir carrément emballant même parfois grâce à une copie particulièrement propre (pas un poil qui dépasse), très stable et constamment agrémentée d’une colorimétrie plutôt généreuse, volontairement clinquante, mais préservant des teintes chaudes et naturelles. Le piqué se montre lui aussi assez solide même si un véritable scan 4K à la source aurait certainement permis une profondeur plus creusée et un relief mieux dessiné. Le grain est perceptible, un poil fluctuant parfois mais jamais envahissant.
Son
Même si elles sont proposées en DTS HD Master Audio, les deux pistes sonores ne sont pas exemptes de défauts. Le doublage français se montre plutôt effacé et aplatit nettement la musique et les effets, tandis que la version originale anglaise est marquée par d’étranges oscillations avec quelques passages presque éteints et même une ou deux coupes abruptes. Un défaut déjà remarqué aussi aux USA.
Interactivité
Plutôt sympa, là où d’autres éditeurs ont proposé le film presque tout seul comme un malheureux, Sidons Calysta, en association avec Pulse Video, se sont efforcé de faire de cette sortie un vrai petit collector. En dégottant quelques documents d’archives tout d’abord, sous la forme d’un reportage télévisé pour la télévision italienne où le réalisateur, les deux jumeaux et quelques techniciens font faire la visite des plateaux de tournages, résument brièvement l’histoire et le style du film avant de s’attarder sur quelques effets spéciaux. Suivent une drôle d’émission tv ricain où Peter et David viennent faire les guignols sous les hourra du public et parlent d’un énorme succès du film en Égypte (ils ont toujours eu beaucoup de goût les Égyptiens) et le clip crétin des deux frangins entonnant une chanson officielle du film comme des bœufs. Atroce mais drôle.
On ne cachera pas que le plus intéressant ici reste la longue interview inédite de Ruggero Deodato (avec quelques interventions du directeur photo) qui raconte comment il a été contacté en urgence pour reprendre le projet, sa rencontre avec les jumeaux et la réorientation du film vers la comédie, un tournage plutôt détendu et jovial, des tas de cascades et son amitié avec l’acteur Richard Lynch. Toujours très bon client pour ce genre d’exercice, le cinéaste a manifestement toujours beaucoup de tendresse pour le film et partage allégrement quelques anecdotes parfois bien croustillantes.
Liste des bonus
« L’Univers des Barbarians » avec Ruggero Deodato (43’), « Behind the Scenes TV Special » (5’), « The Mighty Hour » : Interviews de David et Peter Paul (7’), Clip promotionnel (4’), Bande-annonce.