Lancé en 1963 avec la série Rod Rocket alors entièrement conçue, produite et animée par les deux fondateurs Lou Scheimer et Hal Sutherland, Filmation est déjà un incontournable des programmes pour enfant en 1968, ayant largement installé sa marque en récupérant les droits de nombreux personnages DC comics comme Superman, Aquaman, Green Lantern ou Hawkman qui viennent nourrir le programme The Superman / Aquaman Hour of Adventure. Un programme découpé en multiples petits épisodes dont naturellement The Batman / Superman Hour va directement reprendre la formule dès 1968. Des cartoons mettant en avant les aventures de Superman, d’autres de Superboy (déjà vu dans les programmes précédents) avec en nouvelle star le fier héros de Gotham. Ce sont ces petits opus de sept minutes qui seront ensuite réunis par groupe de trois pour constituer les épisodes de ces Aventures de Batman… Les rois du recyclage qu’on vous dit !

The wizzzzz crusader

D’ailleurs cette méthode s’applique tout autant aux épisodes eux-mêmes puisque pour réduire les coûts de productions, l’équipe d’animation n’hésite jamais à réutiliser des plans, des cellulos et des animations, déjà vues précédemment avec un automatisme plus prononcé encore qu’au Japon, mais aussi avec un talent de dissimulation bien moindre. Certains plans ressemblent à d’atroces collages, les poses et mouvements des personnages ne s’intégrant pas toujours parfaitement dans le nouveau décors ou la nouvelle situation. Peut importe, si Robin doit conduire la Batmobile le temps d’une scène, on colle directement le personnage sur le dessin d’un Batman toujours bien visible en dessous ! A l’époque les gosses n’y faisaient sans doute pas attention, mais aujourd’hui cela peut s’avérer relativement douloureux, surtout qu’entre des design un peu hasardeux et une animation particulièrement limitée à la base, Les Aventures de Batman n’est pas un grand moment d’animation pour sûr. Mais là où le programme peut séduire est dans sa manière de s’inscrire comme un prolongement direct de la mémorable série live des 60’s avec Adam West. Si la mise en scène est bien moins travaillée, elle en reprend l’humour décalé, les méchants hystériques et rigolards (essentiellement le Pingouin, Joker, L’Homme mystère et Mister Freeze… pardon Frisson) et les pièges et plans tarabiscotés, le tout secoué par une action pop presque frénétique pour mieux tenir dans les courts chapitres de 7 minutes à toute berzingue.

C’est mal fagoté, franchement naïf, et souvent passablement crétin, et il n’est alors pas totalement étonnant qu’en 1989 lorsque le programme fut enfin diffusé en France, il donna l’envie à l’équipe de doubleurs de Patrick Guillemin (plus ou moins l’équipe de Ça Cartoon en somme) d’en rajouter une bonne dose dans l’interprétation (Bruce Wayne et son ton pédant bourge), dans les jeux de mots pourris et le second degré, se rapprochant plus que jamais de la fameuse série Live. Une bonne dose de nostalgie et beaucoup, beaucoup de distance, pour faire passer la bat-pillule.