L’ENFANT DE SATAN
La Bimba di Satana – Italie – 1983
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Mario Bianchi
Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Luca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…
Musique : Nino Catanese
Image : 1.85 16/9
Son : Italien DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 74 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 juin 2024
LE PITCH
Au début des années 1980, dans la province de l’Aquila en Italie – La famille Aguilar, demeurant dans un château fort surplombant une colline, est en deuil. Maria, la mère de famille, vient de succomber à une mystérieuse maladie, au grand désespoir de son mari Antonio, de sa fille Miria et de son beau-frère Ignazio, muet et paraplégique. Très vite, d’étranges événements surviennent dans la demeure, affectant aussi bien la famille que les autres habitants des lieux : Isidro, le domestique, et Sol, une religieuse. Il semblerait que le corps de Maria ait été possédé par une force qui n’en a pas encore fini. Et, en effet, les événements qui vont suivre sont indéniables : Satan l’habite !
Fils indigne
Même dans les années 80, le cinéma italien s’accroche à sa tradition gothique et peut encore délivrer quelques visites atmosphériques dans de vieilles demeures hantées par l’âme de morts qui ne le restent jamais bien longtemps. Mais forcément vu l’époque, la suggestion et l’élégance d’autrefois a laissé place à un érotisme vulgos et une mise en scène bien pauvre.
Toujours prompt à s’auto-digérer, le cinéma de genre italien aura toujours délivré quelques curiosités improbables, productions opportunistes plus ou moins pirates et pas toujours des plus honnêtes. Cas intéressant donc que ce L’Enfant de Satan, connu aux USA sous le titre Satan’s Baby Doll, et qui s’avère de manière pas du tout officielle un remake extrêmement visible du Malabimba réalisé par Andrea Bianchi à peine trois ans plus tôt. Déjà un petit film gothique renouant avec l’ambiance à l’ancienne, mais maniant un érotisme très sulfureux et des accents malsains plutôt corsés. Le film connu un certain succès et fut même distribué parfois de façon honteuse avec des inserts pornos à la grande surprise d’une bonne partie du casting. Même histoire, décors équivalent, scénario en forme de copier-coller et le vice est poussé jusqu’à reprendre directement l’actrice Mariangela Giordano (Le Manoir de la terreur, Maciste dans la vallée des lions) dans le même rôle de la nonne infirmière au service de la famille. Faut pas se gêner ! Le souci c’est que les ambitions de l’objet sont nettement moins importantes que le modèle, le budget carrément plus restreint et les talents de metteurs en scène de Mario Bianchi terriblement limités.
Seconde génération
Réalisateur d’une poignée de westerns très anecdotiques (Au nom du père, du fils et du colt, Poker d’as pour un gringo, Requiem pour un tueur…) il se fera surtout une carrière comme petit artisan du porno rital, et on reconnait ici déjà nettement les ressorts mécaniques et la lourdeur démonstrative à venir. Devant composer avec un scénario volontairement flou, des personnages et dialogues peu nombreux et une construction en huis-clos, Bianchi s’efforce de combler les trous, d’étirer ses séquences et la durée générale en multipliant les allers-retours, les errances pataudes dans les couloirs de la riche demeure ou de ses catacombes, multipliant les fondus enchainés et ralentis érotisants sans jamais mettre en valeur les murs ou les corps. Un spectacle un peu triste, et à la photo bien terne, qui pourtant avait, comme Malabimba, un potentiel tout à fait intéressant avec cette charmante famille, domestiques compris, totalement hantée par la maitresse de maison, créature aussi cruelle qu’affamée de sexe qui semble s’être tapé tout le monde (le père, le fils, la bonne sœur…) et use du corps de sa propre fille pour ourdir sa vengeance en quête de son assassin. Un soupçon de whodunnit, quelques notes de fantastique voir de sorcellerie, mais surtout beaucoup de scènes dénudées et de frottements lascifs sans grande passion.
Dans tout cela, la seule qui sort son épingle du jeu reste l’actrice Mariangela Giordano, affichant à 45 ans un sex appeal tout à fait persuasif, et redonnant à chacune de ses apparitions un peu de cette passion dérangée promise : la toilette insistante donnée au fils paraplégique ou son ultime extase dans les bras de la morte réveillent le bisseux qui passait par là. C’est peu mais c’est déjà ça de pris.
Image
Si on trouve depuis un moment déjà des copies DVD de L’Enfant de Satan, les transferts sur format Bluray sont on ne peut plus rares. D’ailleurs la copie utilisée ici par Le Chat qui fume semble directement héritée d’un format vidéo un peu plus daté, laissant transparaitre une définition efficace mais limitée, des contrastes manquant de mordant (les choix esthétiques n’aident pas il faut l’avouer) et un grain légèrement bruité qui fait contraste avec les standards habituels de l’éditeur. Les cadres sont cependant très propres, stables et le piqué délivre quelques plans tout à fait convaincants, idéals pour profiter des mises à nues frontales de toutes les actrices à disposition.
Son
Là aussi on sent qu’on est un peu sur la réserve avec une piste italienne DTS HD Master Audio 2.0 marquée par une légère distance et quelques crépitements. Encore une fois rien de grave mais cela pourrait être mieux.
Interactivité
Proposé en simple boitié scanavo affichant, forcément, le superbe poster original, le Bluray français propose en bonus un petit documentaire manifestement tourné il y a quelques années (et en SD) regroupant les témoignages de Mario Bianchi, Mariangela Gordano et du chef op Franco Villa. Amusant car aucun des trois n’est vraiment dupe de la qualité de l’objet en question, revenant sur l’aspect purement exploitation du projet, les affres d’une commande peu couteuse, le casting imposé et les limites du script autant que de certaines actrices. Bianchi tente parfois de se trouver des excuses et de sauver quelques idées, quelques plans, tandis que la fameuse actrice n’hésite pas à écorner ses partenaires, de la jeunette Jaqueline Dupré qui « était pas une actrice » à la performeuse X Marina Hedman qu’elle qualifie de « folle », anecdote bien salée à l’appui. A priori il se passait plus de choses en coulisses que devant la caméra…
Liste des bonus
« La Jeune Fille et le Diable » avec Mario Bianchi, Mariangela Giordano et Franco Villa (27’).