L’ÉCHAPPÉ DE LA CHAISE ÉLECTRIQUE
Man Made Monster – États-Unis – 1941
Support : Bluray & DVD
Genre : Fantastique
Réalisateur : George Waggner
Acteurs : Lionel Atwill, Lon Chaney Jr., Anne Nagel, Frank Albertson…
Musique : Hans J. Salter
Durée : 59 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 10 mai 2022
LE PITCH
Dan Mac Cormick a la particularité d’être très résistant aux chocs électriques. Il vit de ce don en se produisant dans des fêtes foraines. Il est surnommé « l’homme dynamo ». Un professeur en electro-biologie, le docteur Rigas, accompagné de son associé, décide d’étudier de plus près ce phénomène, Leur but secret étant de créer un mutant qui puiserait force surhumaine dans cette énergie aux propriétés imprévisibles !
Des débuts atomiques
Au milieu du foisonnant et souvent méconnu catalogue SF/ Horreur de la fière Universal des années 30 et 40 on trouve quelques jolies curiosités. Comme ces débuts remarqué d’un certain Lon Chaney Jr transformé en homme électrique par un scientifique au complexe de dieu bien prononcé.
Roi du box-office dans les années 30 avec un défilé de chefs d’œuvre éternels, les fameux Universal Monsters commencent à connaitre une petite baisse de régime au début de la décennie suivante. Les spectateurs se lassent des formules, des contes macabres théâtraux, un peu à l’instar des deux plus grosses stars maison, Bela Lugosi et Boris Karloff, qui prennent un peu de distance avec le studio. Ils refusent d’ailleurs tous deux une première mouture de Man Made Monster, la jugeant trop proche de certaines de leurs récentes prestations. Le projet aurait alors pu prendre la poussière, mais à l’époque la Universal fait feux de tout bois et décide de transformer l’essai en série B plus économe et plus courte (à peine une heure) qui sera proposée en double programme avec L’île de l’épouvante. L’occasion alors de faire un essai avec un jeune acteur dont le nom n’est pas tout à fait étranger aux amateurs d’horreur : Lon Channey Jr. Fils du célèbre homme aux mille visages qui justement avait juré d’éviter les rôles demandant de nombreuses heures de maquillage, et qui finalement reprend un peu la tradition familiale. Pas forcément un immense acteur, mais sa corpulence imposante, son visage bonhomme et son sourire jovial, tranche un peu avec les anti-héros habituels de la firme.
Courant alternatif
Le monstre tragique idéal en somme, ici simple forain faisant sa carrière sur sa résistance naturelle à l’électricité et qui va attirer l’intérêt de deux scientifiques, dont l’un, incarné par l’inquiétant Lionel Atwill, est prêt à toutes les infamies et les manipulations pour atteindre son but et faire éclater son esprit brillant. Quitte à mettre la vie de ce brave Mac en danger en augmentant constamment les doses, et à se débarrasser de son collègue trop mesuré en le faisant exécuter par celui qu’il considère désormais comme sa créature, hypnotisé au préalable. Frankenstein n’est jamais bien loin, surtout lorsqu’un Lon Channey Jr. blafard prend dans ses bras le corps évanoui d’une belle demoiselle (Anne Nagel étonnamment moderne dans son jeu d’ailleurs) et traverse les bois environnants poursuivis par la police. Mais ici le Prométhée moderne, condamné à la chaise électrique pour un crime dont il est aussi victime, n’est pas un monceau de cadavres mais un homme dont le simple contact électrocute et tue ceux qui l’approchent s’il n’est pas contenu dans son costume spécial. Si le même film avait été tourné aujourd’hui, il aurait certainement été transformé en origin story pour un nouveau super-héros du MCU ! Une proximité pulp amusante, pour un petit film de toute façon assez bien troussé, avec des effets spéciaux sobres mais efficaces, signés par l’artisan George Waggner qui deviendra particulièrement productif sur des séries tv culte comme Des Agents très spéciaux ou Batman, mais qui surtout s’apprêtait à retrouver quelques mois plus tard le même Lon Channey Jr. pour ce qui reste comme leur acmé commune : l’inoubliable Le Loup-Garou.
Image
N’ayant pas l’importance d’un Frankenstein ou autres Dracula, Man Made Monster doit se contenter d’une restauration moins substantielle sur une source forcément qui au départ accuse bien son âge. On en voit encore des traces avec les multiples petits spots, les restes de griffures et autres ridules qui traversent le cadre, mais qui restent plutôt bien amoindris, si ce n’est dans les fondus de transition forcément plus marqués. La définition est solide pour un film de ce type, même si quelques plans plus doux se font remarquer. Mais les contrastes noirs et blancs sont bien marqués, les argentiques et le grain de pellicule préservés, et c’est bien là l’essentiel.
Son
Pas de version française ici mais une version originale présentée dans de très bonnes conditions. C’est propre et toujours stable. A noter la proposition entre des sous-titres blancs et jaunes ce qui est une assez belle intention de la part de l’éditeur.
Interactivité
Éléphant continue d’explorer les nombreux outsiders du catalogue Universal Monsters et dote même désormais ses blurays d’un petit livret informatif concocté par Alain Petit. Quelques infos sur le premier projet, sur les carrières des acteurs et la réception du film que l’on retrouve directement dans la présentation enregistrée par Gilles Gressard. Sobre, relativement court mais efficace.
Liste des bonus
Un livret collector par Alain Petit (16 pages), Le film par Gilles Gressard (14’), Bande-annonce d’époque.