LE SOUFFLE DE LA TEMPÊTE
Comes a Horseman – États-Unis – 1978
Support : Bluray & DVD
Genre : Western, Aventure
Réalisateur : Alan J. Pakula
Acteurs : James Caan, Jane Fonda, Jason Robards, Heorge Grizzard, Richard Farnsworth
Musique : Michael Small
Image : 2.40 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 118 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 05 juillet 2023
LE PITCH
1945. Ella Connors dirige le ranch qu’elle a hérité de son père. Son voisin le puissant et redouté Jacob Ewing, convoite ses terres et est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Ella engage Frank Athearn, un soldat tout juste rentré de la guerre pour lui donner un coup de main.
Terres de libertés
Sorti sur les écrans en 1978 alors que le cadavre du western refroidissait à peine (La Porte du paradis de Cimino va définitivement enfoncer le dernier clou), Le Souffle de la tempête tentait lui aussi à sa manière de revenir à ces paysages, à cette force mythologique qui ont fait le cinéma américain. Ambitieux, trop peut-être, mais un drame épique admirable porté par trois acteurs imposants.
Un film sans doute effectivement un peu anachronique dans le cadre du cinéma américain de la fin des années 70 entre films catastrophe, premiers blockbusters estivaux et thriller politiques. D’autant plus étonnant même que la proposition vient justement d’Alan J. Pakula qui a plus que largement contribué à cette dernière frange avec des films comme Klute, A Cause d’un assassinat et bien entendu Les Hommes du président justement auréolé de quatre statuettes aux Oscar. Un cinéaste de la modernité, du contemporain, qui pourtant s’échappe en pleine gloire vers une Amérique sur le point de disparaitre, celle encore sauvage dans le Texas oublié des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale. Dans ces plaines balayées par le vent et cramoisies par le soleil, s’affrontent comme aux premiers temps de la conquête de l’ouest deux propriétaires terriens, derniers résistants de deux familles ennemies, Ewing (Jason Robards tout en regard froid et haineux) et Ella (Jane Fonda tout en colère accumulée). Au milieu un cowboy solitaire, marqué d’emblée par leur guerre intestine, Hank (James Caan tout en économie) qui va choisir de prendre le parti de la femme esseulée. Une histoire déjà connue, mille fois racontée, mais effectivement porté par trois acteurs convaincus et solides, accompagnés par l’excellent Richard Farnsworth (Une Histoire vraie) irrésistible dans la défroque du vieux filou à qui on ne la fait plus depuis longtemps.
Troupeaux et pétrole
Il y a forcément quelque chose de John Ford dans cette cristallisation d’une époque, d’une certaine image de l’Amérique du western et de ses personnages archétypaux. Il y a aussi quelque chose des dernières grandes productions hollywoodiennes façon Géant, dans cette volonté constante de faire une terre plus grande et puissante que les drames humains qui l’habitent. Pénétré par son sujet et son imposante généalogie, Alan J. Pakula favorise les plans longs et lents sur les paysages sauvages en format scope, laisse aux personnages le temps de trouver leur place dans les plants et de les habiter autant par leur fonctions (cowboys, figure précurseur du capitalisme moderne…) que par, plus étonnement, un verbe très présent. Plus que dans beaucoup d’autres westerns, modernes ou non, Le Souffle de la tempête se lie et se délie par le dialogue, l’échange et les prises de paroles certes souvent sèches mais toujours révélatrices. Il y a bien entendu une grande part de virilité à l’ancienne dans le film. Par quelques bagarres rustiques dans le bar du coin, par quelques échanges de coups de feu et un final qui tirerait presque vers le cinéma de Sam Peckinpah, mais elle est toujours compensée par une certaine forme de « féminité ». Celle de Jane Fonda, superbe en femme à l’indépendance farouche, au caractère aussi puissant, si ce n’est plus, que les hommes qui l’entoure. Mais aussi celle d’une fresque qui célèbre plus volontiers la normalité quotidienne que l’héroïsme bravache, le dialogue que les regards vindicatifs en gros plans d’autrefois. Une tentative de mutation d’un genre qui reste particulièrement intéressante.
Image
Le master source semble dater un peu et n’a pas profiter d’une nouvelle restauration avec scan de la pellicule. Dommage, la force des paysages s’y prêtait largement et même si la définition pourrait être fortement améliorée, la copie reste très agréable avec des cadres très propres et stables et des textures qui réussissent à s’imposer. Les matières sont assez belles et les teintes terreuses, souvent sombres, montrent un travail numérique soit, mais maitrisé.
Son
Les monos d’origine préservent leur sobriété et leur fermeté avec des DTS HD Master Audio 2.0 sobre mais équilibré. Comme souvent la préférence va à la version originale aux voix plus dures et subtiles, mais le doublage d’époque est tout de même de bonne qualité.
Interactivité
Pas grand-chose à se mettre sous la dent de l’autre coté de l’atlantique, Rimini s’impose, comme toujours, de compléter le programme avec ses propres moyens. En l’occurrence les longues interventions de deux universitaires revenant essentiellement sur le rapport entre le paysage western et la modernité pour le premier, et l’utilisation du format scope et des échelles de plans pour le second. Dans les deux cas les analyses sont étayées et leur sérieux autant que leur précision changent des petites présentations de filmo croisées sur le tout venant de l’édition française.
Liste des bonus
Interview de Eric Thouvenel, enseignant en cinéma à l’Université Paris Nanterre (2023, 32’), Interview de Simon Gosselin, doctorant en études cinématographiques à l’Université de Rennes 2 (2023, 24’), Bande-annonce (3’, VO).