LE PETIT NICOLAS : QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ?
France, Luxembourg – 2022
Support : Bluray
Genre : Animation, Comédie dramatique
Réalisateur : Benjamin Massoubre, Amandine Fredon
Acteurs : Alain Chabat, Laurent Lafitte, Simon Failu, Marc Arnaud
Musique : Ludovic Bource
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 85 minutes
Éditeur : M6 Vidéo
Date de sortie : 9 février 2023
LE PITCH
Penchés sur une large feuille blanche quelque part entre Montmartre et Saint-Germain-des-Prés, Jean-Jacques Sempé et René Goscinny donnent vie à un petit garçon rieur et malicieux, le Petit Nicolas. Entre camaraderie, disputes, bagarres, jeux, bêtises, et punitions à la pelle, Nicolas vit une enfance faite de joies et d’apprentissages. Au fil du récit, le garçon se glisse dans l’atelier de ses créateurs, et les interpelle avec drôlerie. Sempé et Goscinny lui raconteront leur rencontre.
Le temps des copains
Découvert à peine quelques mois après la disparition de Sempé, ce nouveau film adapté des aventures du Petit Nicolas renoue avec bonheur avec le charme de l’œuvre de papier et rend un hommage vibrant à ses deux créateurs.
Né en 1956 sous la forme d’un petit bambin des rues parisiennes, cheveux décoiffés, écharpe au vent et bêtises en têtes, Le Petit Nicolas n’en est pas à sa première incarnation à l’écran. Outre une trilogie de films live un peu trop facilement conçus comme de simples divertissements familiaux un poil surannés et plus tournés vers les gags que l’émotion, les enfants avait pu aussi découvrir le personnage via une série d’animation étrangement en image de synthèse… Modernité oblige ? Imaginé et écrit par Anne Goscinny, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? lui fait le choix beaucoup plus inspiré de se rapprocher au plus près des petites illustrations fragiles de Sempé. Sa ligne presque tremblante à l’encre de chine, ses décors penchés, son minimalisme censé, prennent alors corps sous la forme d’un film d’animation traditionnel qui en retrouve brillamment toute la délicatesse tout en lui affirmant le surplus de rondeur et de finition propre au medium. Les lignes se mouvent doucement, les couleurs, toujours discrètes apparaissent comme des taches de peintures à l’eau et en quelques scénettes le film évoque à merveille certains des épisodes les plus mémorables des nouvelles mises en verbe par le formidable René Goscinny.
Entre les lignes
Il n’en faut pas beaucoup pour dépasser les précédentes adaptations du Petit Nicolas : une photo de classe qui tourne au joyeux chaos, un séjour à la mer joyeux qui désespère les gentils animateurs, la rencontre avec une première amoureuse… Loin des regards surannés sur ce lointain temps où il faisait bon vivre, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? a bien compris que l’œuvre de Goscinny et Sempé n’avait jamais été emprunt d’une nostalgie idyllique, mais bien d’une douce universalité qui célèbre l’enfance pour sa fantaisie, sa liberté, ses possibles et surtout son imagination. Un art que maniaient à la perfection ses deux papas qui voleraient presque ici la vedette à leur progéniture puisqu’ils sont tout deux de la partie, doublés avec malice et bonheur par Laurent Lafitte et Alain Chabat (qui joue… devinez c’est facile), et se racontent à ce bambin attentif mais plein d’esprit. Ils reviennent alors bien entendu sur leur première rencontre, la naissance de leur amitié, sa création, mais aussi leurs propres souvenirs d’une enfance pas toujours si heureuse. Pas une once de pathos ou de mélodrame dans le film d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, mais justement un dialogue touchant et un éclairage inédit sur ces deux artistes marquants et incontournables que l’on retrouve aussi meurtris par les ombres de la Seconde Guerre Mondiale, une atmosphère familiale difficile ou bien emportés par un fantasme de la vie parisienne, avec un joli hommage à Un Américain à Paris à la clef.
Les quelques plans évoquant la disparition subite de René Goscinny, ce rapport à une création qui leur subsistera à tout deux, passeront sans doute parfois un peu au-dessus de la tête des jeunes spectateurs, mais aboutit à un magnifique hommage, souriant et sincère à quelques deux cents petites histoires pleines de petits bonheurs si communicatifs.
Image
Transfert direct de la source numérique le film est bien entendu très à son aise sur support Bluray autant par sa définition pointue, ciselée et attentive, que par la restitution généreuse des couleurs et l’élégance des contrastes. Lumineux.
Son
La piste DTS HD Master Audio 5.1 restitue admirablement les atmosphères du film, capable d’un joli dynamisme sur quelques envolées plus lyriques (élans de comédie musicale, jouet avion qui traverse l’écran…), de délivrer de douces ambiances fluides et naturelles, même si le film met plus souvent en avent les dialogues.
Interactivité
L’édition Bluray propose un petit livret d’une vingtaine de pages avec quelques entretiens avec l’équipe du film. Sur le disque proprement dit le seul supplément s’appelle « De la planche à l’écran » et se concentre sur cinq interlocuteurs, les deux réalisateurs, les deux chef animateurs et Anne Goscinny, et se concentre essentiellement sur le travail d’adaptation murement réfléchis pour le passage des lignes simples et personnelles de Sempé vers les rondeurs plus finies du cinéma d’animation. Réflexion esthétiques et techniques, petits hommages, dans tous les cas, c’est toujours passionnant lorsqu’on laisse les gens parler vraiment de leur métier.
Liste des bonus
Un livret d’entretiens avec l’équipe (20 pages), « De la planche à l’écran » : interviews d’Anne Goscinny, Amandine Fredon, Benjamin Massoubre, Juliette Laurent et Fursy Teyssier (20’52 »).