LE MASQUE DE ZORRO
The Mask Of Zorro – Etats-Unis – 1998
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventures
Réalisateur : Martin Campbell
Acteurs : Antonio Banderas, Anthony Hopkins, Catherine Zeta-Jones, Stuart Wilson, Matt Letscher, José Maria de Tavira, …
Musique : James Horner
Durée : 137 minutes
Image : 2.40:1, 16/9ème
Son : Anglais Dolby Atmos True HD 7.1, Français, Anglais, Espagnol DTS-HD Master Audio 5.1
S-T : Français, Anglais, Italien, Allemand, Espagnol…
Editeur/Distrib. : Sony Pictures
Date de sortie : 8 mars 2023
LE PITCH
Emprisonné vingt longues années, Don Diego de la Vega, alias Zorro, le justicier masqué, cherche à se venger de l’infâme Don Rafael Montero qui a assassiné sa femme, lui a volé sa fille et volé ses terres. Il recrute et entraîne Alejandro Murieta, un brigand, pour lui succéder derrière le masque…
Un cavalier qui surgit hors de la nuit
Le meilleur blockbuster de l’été 1998 effectue son passage à la 4K dans une luxueuse édition anniversaire en steelbook. L’occasion de redécouvrir dans des conditions idéales le dernier grand swashbuckler à l’ancienne du siècle passé. Antonio Banderas et Anthony Hopkins mènent la charge au son de la partition épique de James Horner tandis que le réalisateur Martin Campbell fait la démonstration de son sens acéré du cadre et du découpage. Zorro est arrivé !
À l’approche de la saison estivale de l’an de grâce 1998, un embouteillage de blockbusters hollywoodiens se profile déjà. Le combo Deep Impact / Armageddon et ses astéroïdes XXL menaçant de raser la planète, Joe Dante cherchant à réitérer le succès de Gremlins avec ses Small Soldiers, la quatrième et dernière aventure du duo Martin Riggs / Roger Murtaugh avec L’Arme Fatale 4, l’adaptation (catastrophique) à gros budget de Chapeau Melon et Bottes de Cuir avec Ralph Fiennes, Sean Connery et Uma Thurman, le Godzilla de Roland Emmerich, le passage sur le grand écran de la série X-Files et Il faut sauver le soldat Ryan, le méga-film de guerre de Steven Spielberg, n’en jetez plus ! La compétition pour Le masque de Zorro est rude et rien ne dit que cette remise au goût du jour du serial créé en 1919 par Johnson McCulley, un projet compliqué porté par Amblin depuis le début des 90’s, puisse se frayer un chemin en tête du box-office.
Initialement prévu pour une sortie dans les salles en 1993, Le masque de Zorro aura subi pendant cinq longues années toutes les épreuves d’un development hell typique d’Hollywood. Outre les nombreuses réécritures du scénario, plusieurs cinéastes se bousculent pour remporter le morceau. Passionné, Spielberg jette cependant très vite l’éponge et confie le bébé à Mikael Salomon (Pluie d’enfer), lequel cède sa place à Robert Rodriguez, tout frais du succès de Desperado. Rodriguez entraîne dans son sillage Antonio Banderas et Salma Hayek qui remplacent Andy Garcia et Shakira (!) dans les rôles d’Alejandro Murieta et Elena, la femme dont il doit tomber amoureux. Principal financier du projet, Tri-Star Pictures tente de profiter de la réputation d’homme à tout faire de Rodriguez pour faire baisser le budget. Exit Rodriguez qui se sent floué et bienvenue à Martin Campbell, sauveur en 1995 de la franchise 007 avec Goldeneye. Banderas reste, bientôt rejoint par Catherine Zeta-Jones et Sir Anthony Hopkins, ce dernier prenant la place de Sean Connery dans le rôle du « vieux » Zorro. Les planètes s’alignent dans la douleur mais il reste encore à prouver que le héros tout de noir vêtu, vu par beaucoup comme une relique du passé, puisse à nouveau séduire un jeune public.
Le maître et l’élève
Suivant l’exemple de George Lucas et de Steven Spielberg sur les aventures d’Indiana Jones, Martin Campbell s’emploie avec Le Masque de Zorro à faire du neuf avec du vieux sans jamais trahir l’esprit d’un matériau vieux de près de 80 ans. Seule la modernité de la mise en scène et le rythme soutenu qu’elle impose (par le découpage, par le montage et par la force propulsive du score survitaminé de James Horner) font office de nouveauté. Même la thématique du passage de relais entre deux générations de justiciers agit en trompe l’œil. En reprenant le costume, la fonction et même in fine l’identité de Don Diego de la Vega et de son alter-ego Zorro, Antonio Banderas (premier acteur hispanique à incarner le personnage à l’écran, mine de rien) fait revenir le justicier à son point de départ. Pas question de faire table rase du passé quand il est bien plus sensé de coller à la source. Duels à l’épée, complots, chevauchées infernales, romantisme flamboyant, haciendas luxueuses, paysans mexicains opprimés, danses sensuelles, soldats incapables de rivaliser avec la virtuosité du héros, Z gravés à la pointe d’une rapière sur les murs et les portes : la recette est en tout point conforme à la tradition établie par les films avec Douglas Fairbanks ou la série télé des années 50 avec le souriant Guy Williams.
Histoire d’apporter un peu de sel dans sa tambouille, Campbell se permet quelques détours qui, là encore, ne font que renforcer le classicisme d’une péloche old school où le maximum d’effets est réalisé devant la caméra, sans recours ou presque aux images de synthèse alors en plein essor. Dans le conflit qui oppose Alejandro à l’infâme Capitaine Love (Matt Lescher, méchant de l’année), le cinéaste s’inspire sans détour du western Zapata, sous-genre insurrectionnel du western spaghetti italien, et parsème le tout de faits historiques tels que le personnage de Love lui-même, du bandit Joaquin Murietta et du bocal d’alcool dans lequel reposait la tête de ce dernier. Dans l’entraînement à la dure du nouveau Zorro par un Anthony Hopkins suave et fiévreux, on retrouve une citation directe du film de kung-fu HK Le Maître chinois (alias Drunken Master) de Yuen Woo-Ping où Siu Tien Yuen torturait ce pauvre Jackie Chan. Enfin, le plan machiavélique de Don Rafael Montero (Stuart Wilson, parfait de mégalomanie) pour racheter la Californie au général Santa Anna n’aurait pas du tout dépareillé dans une aventure de James Bond, repaire secret inclus.
En dépit d’un premier quart d’heure condamné à foncer pied au plancher pour ne pas laisser le temps au spectateur de se soucier d’un scénario qui en demande alors un peu trop en terme de suspension d’incrédulité, Martin Campbell a réussi son coup. Trépidant et enivrant, Le Masque de Zorro est un pur crowd-pleaser, comme on en voyait rarement alors et encore moins aujourd’hui. On lui pardonnera volontiers sa suite, La Légende de Zorro, séquelle très attendue mais ratée et vite oubliée.
Image
Alors que le blu-ray n’offrait pas d’améliorations flagrantes en comparaison avec le DVD, l’UHD fait le ménage et remporte le morceau avec un Dolby Vision qui rehausse les couleurs, affine les contours et les détails, sublime les sources de lumière et rend presque palpable la texture des costumes (les bottes en cuir noir de Zorro!) et la carnation des visages. Il reste du grain et un voile vidéo fugitif sur une poignée de scènes mais le nouveau passage en caisse se justifie à 100%.
Son
Non seulement le mixage en 7.1 est réservé à la version originale (c’est con, la VF méritait pourtant ce petit luxe) mais il n’est pas aussi convaincant que prévu. La finesse est bel et bien là avec une piste musicale joliment aérée et le spectacle ne manquera pas de faire rager les voisins mais ça ne claque pas autant que ça le devrait. On en voudra pour preuve ces scènes où Zorro manie le fouet mais où l’effet semble lointain et sans véritable impact où cette explosion finale qui manque de volume et reste un peu trop concentrée à l’avant. Bon, on vous l’accorde, on chipote mais ce mixage ne parvient pas totalement à faire oublier le DTS titanesque de l’exploitation en salle (les oreilles de votre serviteur en tremblent encore!) vingt-cinq ans auparavant.
Interactivité
Le blu-ray inclut dans le très beau steelbook au visuel reprenant l’affiche reprend tous les suppléments déjà connus depuis l’édition DVD collector de 2005 sans la moindre valeur ajoutée et reporte les scènes coupées (en définition standard) sur l’UHD. Le commentaire audio de Martin Campbell, suffisamment didactique retient davantage l’attention que les featurettes promo vaguement informatives et le clip de la chanson de Marc Anthony et Tina Arena titillera la fibre nostalgique de certains. Un peu de nouveauté n’aurait pas fait de mal. Snif.
Liste des bonus
10 scènes coupées (9 minutes, VOST) / Commentaire audio de Martin Campbell (VOST) / « Démasquer Zorro » : making-of (45 minutes) / Le portefeuille / La résolution / Clip « I Want to Spend My Lifetime Loving You » de Marc Anthony et Tina Arena / « La Légende de Zorro » : aperçu dans les coulisses / Scène exclusive de « La Légende de Zorro » / Bandes-annonces Sony Pictures.