LE GRAND BAZAR
France – 1973
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Claude Zidi
Acteurs : Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Filippelli, Jean-Guy Fechner, Michel Galabru, Michel Serrault, Roger Carel, Coluche
Musique : Les Charlots
Image : 1.66
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 80’
Éditeur : Studio Canal
Date de sortie : 16/03/2023
LE PITCH
Quatre garçons doués pour les catastrophes défendent l’épicerie-buvette d’Emile contre la concurrence déloyale d’un supermarché. Après avoir perturbé l’organisation de la grande surface, les amis réussissent à vendre la petite épicerie pour un prix astronomique. Quel succès !
Têtes de gondoles
Considéré par beaucoup, et Les Charlots en tête, comme la plus grande réussite de la troupe sur grand écran, Le Grand Bazar est certainement le point culminant de leur gloire populaire. Une comédie bordélique, entre les bonnes trouvailles et les gags navrants, qui capture au passage les bouleversements d’un pays sombrant dans les tréfonds du grand capital. Un film à message, ouais carrément !
A cause sans doute d’un longue déclin qui va rapidement pointé le bout de son nez à la fin des années 70, on oublie souvent que Les Charlots n’ont pas toujours été considérés comme des amuseurs ringards. Dès les années 60 et leurs reprises / parodies de chansons souvent un peu paillardes puis leur tonitruante arrivée sur grand écran avec le succès phénoménal de Les Bidasses en folie, déjà mis en scène par le comparse Claude Zidi (plus suiveur qu’instigateur), ces derniers sont des stars qui vendent des milliers de disques, remplissent les salles et s’exportent de l’Italie à l’Asie. C’est qu’avec leur humour potache, leur accumulation de gags souvent hasardeux, leurs tronches de derniers de la classe et leur look particulièrement typés, il reflètent l’esprit d’une certaine jeunesse, entre hippie et pieds nickelés, nonchalants et rêveurs, et surtout allant toujours à l’encontre de l’autorité ou du système imposé. D’ailleurs la première partie du Grand bazar les installe directement dans cette postures de Tanguy avant l’heure, se rendant misérablement à l’usine à l’autre bout de la ville pour mieux y mettre le chaos et se faire virer, avec champagne, dans la foulée.
Merci patron !
La première demi-heure du film les laisse comme souvent s’ébattrent comme ils aiment et accumuler sans faiblir une multitude de gags, parfois très drôles, parfois heu… désolants, alors que les quatre bougres, Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Filippelli et Jean-Guy Fechner pour les nommer, tentent désespérément de trouver un travail pas trop difficile entre ces barres d’immeubles déjà gris et triste qui poussent comme des champignons. On y transforme une tondeuse en moto ou en machine à fabriquer des sandwiches, on se lance dans une poursuite récréative avec la gendarmerie, on tente de vendre un appartement ultra moderne, et donc ubuesque, à un tout jeune Coluche… Mais le film ne prend véritablement sa mesure que lorsque le supermarché dernier cris et défiant toute concurrence vient se placer pile devant la petite boutique familiale de leur copain. Le Grand Bazar tourne alors presque au face-à-face entre le toujours sympathique Galabru et l’excellent Michel Serrault en représentant acerbe du libéralisme, le premier tentant de survivre, difficilement, au rouleau compresseur du second, tandis que les guignols font leurs numéros à rallonges.
Sans se départir d’un ton forcément désinvolte et d’une sensation parfois d’improvisation pas franchement mémorable, le film se montre étonnement pertinent dans son décryptage, souvent drôle, du système attractifs des grandes enseignes, l’impact des prix sur la qualité des produits mais aussi de la qualité de vie des banlieues bien de chez nous. Si on connaissait des Charlots un certain sens de l’absurde (très présent ici), de l’esthétique cartoon et des envies de comédies musicales, on leur connaissait beaucoup moins ces petites notes d’acuités et surtout de cynismes qui viennent clore un combat perdu d’avance.
Image
Encore une très belle restauration pour la collection Nos Années 70 avec ce qui ressemble fortement à un nouveau scan 2k ou 4K à la source accompagné d’un nettoyage des plus appliqués. Les images sont particulièrement propres (en dehors de deux génériques très granuleux) et retrouvent une seconde jeunesse avec des couleurs rafraichies et joliment contrastées et une profondeur plus qu’appréciable. La photo du film n’a rien d’extraordinaire, mais son aspect aujourd’hui presque « historique » est parfaitement rendu.
Son
Le mono d’origine a lui aussi été ravivé avec un DTS HD Master Audio 2.0 sobre, net, mais du meilleur effet aussi bien dans la restitution des dialogues, des bruitages (nombreux) et des musiques imaginées par la bande des Charlots. Sans bavure.
Interactivité
C’est étonnement le premier film du groupe à nous parvenir au format Bluray en France, et on peut tout de même regretté une interactivité limité à quelques petits items. L’habituelle préface de Jérôme Wybon, directeur de collection, qui replace le film dans son époque et dans la filmographie des comiques et du réalisateur, est suivi par un reportage TV sur le tournage (en noir et blanc) permettant entre deux extraits de répondre aux questions volontairement à coté de la plaque, et un bêtisier inédit qui ravira les amateurs.
Liste des bonus
Préface de Jérôme Wybon (4’), Reportage sur le tournage (4’), Bêtisier (2’), Bande-annonce (3’).