LE BAR DU TÉLÉPHONE
France – 1980
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Claude Barrois
Acteurs : Georges Wilson, Christophe Lambert, François Périer, Raymond Pellegrin, Richard Anconina, Daniel Duval, Julien Guiomar, Valentine Monnier
Musique : Vladimir Cosma
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 93 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 décembre 2022
LE PITCH
À la suite d’un contentieux, Tony Véronèse, criminel notoire, fait sauter en guise de représailles les boîtes de nuit et hôtels de passe détenus par les frères Pérez. Ces attentats spectaculaires conduisent le commissaire Joinville à pactiser avec deux personnalités respectées dans le Milieu. Mais, alors que le policier espère un accord tacite entre les deux clans, les règlements de compte se poursuivent dans un bain de sang.
Les nouveaux criminels
Petit polar français sorti à l’orée des années 80, Le Bar du téléphone connaitra finalement surtout sa petite heure de gloire pour ses diffusion TV, lorsque deux de ses petits jeunots à l’affiche seront devenus les nouvelles stars du cinéma français : Christophe Lambert et Richard Anconina.
Finalement le réalisateur Claude Barrois n’aura pas franchement fait carrière. Rapidement repassé à la télévision sur des programmes comme Hôtel de police ou la mythique (pas pour de bonnes raisons) série Van Loc : un grand flic de Marseille, il n’aura au final signé que deux réalisations pour le cinéma. La comédie loufoque des frères Jolivet Alors heureux ? et le présent Bar du téléphone. Ce dernier, produit par Benjamin Simon déjà derrière La Dérobade puis L’Amour trop fort, Effraction ou Un été d’enfer toujours avec son ami et protégé Daniel Duval, devait justement installer ce dernier comme tête d’affiche et nouveau héros du polar hexagonal. Louable intention qui n’hésite pas à s’inspirer, lourdement d’abord puis finalement très librement, d’un fait divers retentissant survenu deux ans plus tôt et nommé par les journalistes « la tuerie du Bar du Téléphone ». Un massacre sanglant perpétré dans un bar Marseillais faisant dix victimes et ayant souvent été rattaché à une exécution entre gangs même si aucune des victimes n’étaient fichés. Un mystère toujours irrésolu et qui inspirera indirectement le Attention Bandits de Claude Lelouch et surtout le récent Bronx d’Olivier Marchal, mais qui en transposa les faits dans la banlieue parisienne prenant ainsi énormément de distance avec le triste évènement.
Changement d’indicatif
Le titre parait d’ailleurs aujourd’hui quelque peu opportuniste tant Le Bar du téléphone, le film, laisse l’évènement en retrait en dehors d’une séquence particulièrement sèche et assez brutale. Basé sur un scénario de Claude Néron (César et Rosalie, Max et les ferrailleurs…), le métrage aurait plutôt l’intention de proposer une passation de relais entre deux époques du polar français. Ici la vieille garde représentée par des cadors de la trempe de François Périer (en flic ambigu), Raymond Pellegrin, Georges Wilson ou Julien Guiomar pour le camps des gangster à l’ancienne, a ainsi fort à faire avec les derniers reste de la truanderie noble et romantique jouée par Daniel Duval, et une nouvelle petite bande de voyou prête à en découdre, adepte du casse violent et de l’intimidation, dirigée par un Christophe Lambert presque débutant et son acolyte boum-boum, soit Richard Anconina déjà en délinquant fragile. Entre une évocation très contemporaine de la banlieue, sa grisaille, son bitume, sa crasse et sa pauvreté omniprésente (voir le gamin qui joue sur les rails du RER) et la tentation d’une élégance résistante plus proche du cinéma de Melville, Le Bar du téléphone oscille entre la rudesse de la décennie à venir et le souvenir d’un cinéma plus épuré et classieux. Dispositif intéressant et plutôt efficace même si l’objet à tendance à se perdre dans quelques séquences romantiques peu intéressantes entre Duval et une Valentine Monnier bien fade et une enquête policière qui fait du surplace, témoin fatiguée de cette guerre des gangs. Pas un grand film, mais un essai méritant à la croisée des chemins, assez efficace et capturant efficacement les changements de son temps.
Image
Toujours aussi soigneux et appliqué Le Chat qui fume nous propose une restauration inédite du Bar du téléphone, produit à partir d’un scan 4K du négatif 35mm. Bien entendu le travail effectué a été particulièrement méticuleux permettant d’éliminer la moindre imperfection de pellicule, de stabiliser les cadres et de réétalonner harmonieusement les teintes. Un superbe résultat qui ne dénature jamais l’aspect très granuleux de la source et lui redonne tous les charmes de l’argentique.
Son
La piste sonore française d’origine a elle aussi connu un petit rafraichissement de circonstance. Disposé en DTS HD Master Audio 2.0 le mono peut se vanter d’une clarté remarquable et d’un mixage net et équilibré.
Interactivité
Disposé dans l’habituel et toujours élégant digipack trois volet avec fourreau cartonné et visuel épuré, Le Bar du téléphone propose quelques suppléments en dessert. Une courte interview pour FR3 de Daniel Duval à la sortie du film, un autre sujet télévisé autour des menaces d’attentats à la bombe rencontrées dans les salles parisiennes et des rushes retrouvées de quelques scènes de tournage. Des documents d’archives complétés par la rencontre avec l’actrice Fabienne Vette, dernière compagne de Daniel Duval, qui livre un portrait intime de l’acteur et quête dans son rôle à l’écran la part de l’homme que ce soit dans ses élans romantiques ou dans son humour. Pas inintéressant mais un peu longuet à l’arrivée.
Liste des bonus
« Le bar de Duval » avec Fabienne Vette (29′), Interview d’époque de Daniel Duval (3′), Images d’archives sur le tournage du film (2′), Images d’archives sur la sortie mouvementée du film (1’40 »).