LE VILLAGE DES DAMNÉS
The Village of the Damned – Etats-Unis – 1995
Support : Bluray & DVD
Genre : Fantastique
Réalisateur : John Carpenter
Acteurs : Christopher Reeve, Kirstie Alley, Linda Kozlowski, Michael Paré, Mark Hamill, Meredith Salenger…
Musique : John Carpenter, Dave Davies
Durée : 98 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 12 avril 2022
LE PITCH
La vie de la petite ville de Midwich est perturbée lorsqu’une force invisible et puissante endort tous ses habitants. Plusieurs semaines après cet incident perturbant, le docteur Alan Chafee découvre que pas moins d’une dizaine de femmes attendent un enfant…
The kids aren’t alright
Accepté comme une simple commande par l’intéressé et longtemps poliment écarté comme un film mineur dans la filmographie de John Carpenter, son remake du Village des damnés est pourtant un nouveau concentré de la rigueur et la pertinence de son cinéma. Un bel hommage et une série B classique, efficace et où affleure encore et toujours la personnalité du maître du genre.
Un temps envisagé comme une nouvelle production pour le copain Wes Craven, le nouveau Village des damnés fut finalement proposé à un John Carpenter qui sortait tout juste du phénoménal et exigeant L’Antre de la folie. Grand fan du film du classique de 1960 signé Wolf Rilla et du roman original, plus pernicieux, de John Wyndham, le cinéaste, désinvolte, y voit d’ailleurs un exercice assez facile, très loin de la réinvention totale du The Thing d’Howard Hawks signé 10 ans plus tôt, et l’aborde d’ailleurs avec une apparente docilité. Carpenter cite quelques plans du modèle (les policiers accrochés à une corde, les gosses qui traversent la cour, l’image du mur comme protection mentale…) et reprend la trame à l’identique avec un charmant village, ici de la nouvelle Angleterre, qui après avoir connu un étrange phénomène d’endormissement général durant quelques heures, découvre qu’une dizaine de femmes sont tombées enceintes au même moment. Des bambins au regard froid, à la démarche mécanique, à l’intelligence perçante et aux fameux cheveux blonds presque blancs qui vont très vite remettre en cause le bonheur des jeunes parents.
Génération réac
Mais si en 1960 le film s’engouffrait dans la longue liste de film de SF servant d’allégorie à cette menace communiste chère à l’ambiance Guerre Froide, 35ans après son remake s’en détache assez naturellement et s’engage plus ouvertement vers un propos plus universel et intemporel. Celui d’un rapport biaisé et brutal à une progéniture qui s’éloigne totalement du modèle parental, le rejette en blocs et devient inquiétant puis extrêmement dangereux. Au cœur d’une petite bourgade chaleureuse typiquement américaine comme le réalisateur les affectionne tant (voir Halloween ou The Fog), la jeunesse devient autre, un groupe autonome, figures d’automates d’un régime totalitaire qui annonce, comme toujours chez Carpenter, la fin de l’humanité. Une émotion indispensable, salvatrice, que le film questionne avec pertinence en imaginant un enfant plus solitaire et individualiste que les autres, en ajoutant une plus grande présence féminine au scénario (avec entre autres la scientifique échappée des X-Files) et en donnant plus de corps aux habitants même de Dunwich. Carpenter étoffe l’univers du film, offrant à une belle poignée d’acteurs alors injustement considérés comme has-been (Christopher Reeve, Mark Hamill, Kirstie Alley Linda Kozlowski…) un joli tour de piste, et emballe le tout avec la maîtrise absolue qu’on lui connaît : un scope absolument éclatant, un thème musical obsédant, une tension qui se construit crescendo et quelques débordements macabres certes moins sanglants qu’à l’accoutumé mais néanmoins bien percutants.
Certes notre bon John avoua ne pas s’être incroyablement senti passionné par l’exercice, mais des séries B old School produite « par-dessus la jambe » comme celle-là, on aimerait bien en revoir plus souvent aujourd’hui.
Image
Détenteur des droits du film, Universal a traité Le Village des damnés comme il sait si bien traiter certaines productions moins prestigieuses. La seule source HD fournie au distributeur tiers du monde entier est donc la même : une version certes améliorée et nettoyée mais qui est toute de même issue du master vidéo précédent, soit celui vu sur l’ancien DVD. Les filtres numériques de tous bords sont donc de la partie, entre lissage et edge enhancement qui forcément amoindrissent la définition générale et le grain de pellicule au profit d’un bruissement beaucoup moins élégant. On y gagne tout de même largement sur la restitution des couleurs (les paysages naturels sont splendides) et sur des cadres d’une grande propreté.
Son
Hérité de la galette US, le mix DTS HD Master Audio 5.1 ne fait pas preuve d’une très grande pertinence, venant surtout apporter un peu de basse sur les compositions de Carpenter et quelques effets « SF » sur les arrières. La version originale en DTS HD Master Audio 2.0 est largement suffisante avec une restitution parfaitement nette et équilibrée.
Interactivité
Superbe steelbook au visuel particulièrement évocateur (et que l’on retrouve dans les menus), Le Village des damnés est accompagné d’un petit livret synthétique rédigé par Alain Petit. Quelques mots sur l’auteur du roman, d’autres sur le film original, une présentation de l’œuvre de Carpenter, précèdent quelques anecdotes sur les coulisses du film et quelques propos rapportés de Christopher Reeves et Carpenter. Voilà qui ne compensera certainement pas l’absence du long making of rétrospectif de Shout Factory, surtout que sur le disque proprement dit l’intervention de Stéphane du Mesnildot des Cahiers du cinéma n’est pas forcément très convaincante. Il s’agit d’ailleurs plutôt là d’une tentative d’analyse libre du film mais qui va souvent chercher trop loin ses parallèles (les petits pots de peintures qui tombent…) et finalement s’éloigne considérablement des propos de Carpenter entourant le film. Dommage.
Liste des bonus
Un livret rédigé par Alain Petit (24 pages), Le film par Stéphane du Mesnildot (25′), Bande-annonce.