LE VIEUX KHOTTABYCH
Старик Хоттабыч – Russie – 1957
Support : Bluray & DVD
Genre : Fantastique
Réalisateur : Gennadiy Kazanskiy
Acteurs : Nikolay Volkov, Aleksei Litvinov, Gennadi Khudyakov, Lev Kovalchuk
Musique : Nadezhda Simonyan
Durée : 84 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Russe et français PCM 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 07 juin 2022
LE PITCH
Le petit Volka découvre une bouteille au fond de la rivière. En la débouchant, il laisse apparaître le génie Khottabych, âgé de plus de 2000 ans. Pour le remercier, ce dernier exauce tous les vœux du garçon. Mais il ne connaît pas encore les techniques du monde moderne et ses tours de magie amènent des catastrophes en série.
Un génie chez les soviets
Bienvenu dans le monde merveilleux des grands spectacles pour gosses dans la belle et forte URSS d’antan : un étrange génie échappé des indes magiques, des effets spéciaux à foison, de l’humour bon enfant… et une bonne dose d’anticapitalisme ! L’instruction aux valeurs de Marx et Lénine, ça commence très tôt.
Longtemps resté bloqué dans les pays de l’est si ce n’est en dehors de quelques diffusions en festivals et communes historiquement communistes, Le Vieux Khottabych fut pourtant un énorme succès dans son URSS natale. A l’image d’ailleurs du roman original de Lazar Lagin paru dès 1938 qui devint rapidement un classique pour les petites slaves, mais qui fut remodelé à plusieurs reprises et en particulier en 1955 où l’auteur en profita pour y faire l’écho ddes changements culturels du pays et en particulier le transformer en nouvelle vitrine pour le régime stalinien. Une optique préservée, voir sublimée, dans le long métrage de Gennadiy Kazanskiy (Amphibian Man, La Reine des neiges), spécialiste du fantastique à grand spectacle, qui fit de ce gentil djinn réveillé par un petit russe plein de bonnes intentions, un candide de circonstance. Lui ne connait que l’inde ancienne, ses croyances et son système de caste, et découvre, médusé, les charmes de la Russie moderne, monde presque féerique où les gosses refusent de tricher, ne parlent que de fraternité et de partage, célèbrent la famille et l’ardeur du sport plutôt que la compétition.
Effets révolutionnaires
Un film parcouru d’une propagande totalement assumée, glorifiée même où tous les russes croisés sont des modèles de compréhension, d’ouverture et où les paysages ressemblent à un Disneyland où tout serait gratuit. Tellement poussif, tellement proche de l’idéalisation béate que ça en devient particulièrement charmant, voir touchant pour les spectateurs d’aujourd’hui. Et puis il faut reconnaitre que cette poétisation du discours d’état s’intègre parfaitement au spectacle déployé, multipliant les effets spéciaux optiques (mate painting, collage, réductions, distorsions, transparences…) avec une générosité rare et une finesse qui n’a rien à envier aux concurrents américains de l’époque. Des petites prouesses provoquées par ce brave mais un peu béta Khottabych, devant tirer sur les poils de sa barbe (uniquement si elle est sèche) pour provoquer ces prodigues. Vouant une déférence aveugle à son petit sauveur, il s’efforce ainsi constamment de lui faciliter la vie, d’accorder tous ses souhaits, mais toujours avec des effets relativement catastrophiques. Comme lorsqu’il envoi l’un de ses camarades en Inde pour l’éviter de cafter (belle occasion d’un petit voyage touristique), en oblige un autre à aboyer dès qu’il veut se montrer désagréable, ridiculise des prestidigitateurs d’un cirque (hop petit spectacle sous le chapiteau) ou transforme un match de foot en grand n’importe quoi avec une pluie de ballon censées rendre le sport plus excitant. Un humour bien entendu constamment gamin, ingénu et pas méchant pour un sou, qui fonctionne encore parfaitement, tout comme l’émerveillement ressenti, auprès des plus jeunes.
Image
Inédit depuis des lustres en France, la curiosité Le Vieux Khottabych nous parvient dans un master HD plutôt pimpant avec ses couleurs riches et pleines, ses contrastes lumineux et sa propreté exemplaire. Un nettoyage qui n’a cependant pas été sans heurts avec manifestement un petit abus des réducteurs de bruit entrainant des cadres un peu trop lisses, sans grain, malgré des détails bien présents. Joli mais il ne faut pas trop approcher le regard.
Son
Plus toutes jeunes, les pistes originales sont servies dans leurs monos d’époque. Si la version russe se dote d’une clarté très appréciable et quelques petits effets dynamiques qui font oublier les saturations occasionnelles, le doublage français pourtant de qualité, doit faire sa place dans une source à l’écho distant, pas toujours très agréable. On y note aussi une disparition de tous les effets sonores réalistes (pas, bruits de fond…).
Interactivité
Proposé sous la forme du fameux digipack avec fourreau cartonné, Le Vieux Khottabych est accompagné de l’habituelle galerie de photos et affiche, mais aussi d’une présentation inédite de Christian Lucas. Une intervention d’autant plus intéressante que ce pan populaire du cinéma russe nous reste encore aujourd’hui assez étranger. Le journaliste évoque le roman d’origine, son auteur, et ses multiples révisions plus ou moins assujetties à la doctrine communiste, les autres adaptations, la carrière du réalisateur et quelques anecdotes sur les coulisses et la recherche des acteurs.
Liste des bonus
« Un grand-père miraculeux » : présentation par Christian Lucas (27’), Diaporama d’affiches et photos (1’), Bande-annonce originale.