LE VENT DE LA PLAINE
The Unforgiven – Etats-Unis – 1959
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : John Huston
Acteurs : Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Audie Murphy, John Saxon
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 121 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 09 décembre 2022
LE PITCH
Au cours d’un raid de représailles contre une tribu, un fermier sauve un bébé indien du massacre. Ce bébé, il le confie à sa femme qui l’élève comme s’il était le sien, cachant le secret de ses origines à tous, y compris à ses trois frères. Des années plus tard, la vérité le concernant se répand comme une trainée de poudre. Pour les Blancs, pas question d’accepter qu’une peau-rouge vive parmi eux. Pour les Indiens, elle doit retrouver les siens, de gré ou de force…
Huston l’inclassable
A l’aube des années soixante le genre fondateur de l’Ouest américain s’obscurcit, le western amorce son déclin. On s’aperçoit ou plutôt on prend conscience sur le tard que le monde n’est pas si noir ou pas si blanc et ce sont ses nombreuses nuances qui en font le sel.
La nuance en question se fera rougeoyante par les peaux des indiens. Comme souvent dans les œuvres littéraires et cinématographiques pour ne citer qu’eux, les petites histoires sont là pour nous faire réfléchir plus profondément sur les grandes. C’est en tout cas le but avouable de son réalisateur lorsqu’il s’engage à tourner le roman The Unforgiven d’Alan Le May, auteur renommé de La prisonnière du désert, adapté au grand écran par John Ford en 1956. Le scénario aborde le racisme et la différence en contant l’histoire d’une jeune indienne adoptée par une famille blanche suite au massacre d’une partie de sa tribu par ces mêmes protagonistes. Interprétée adulte par la belle Audrey Hepburn, celle-ci fait tourner les têtes du voisinage et de ses frères adoptifs (laissant le spectateur perplexe sur la consanguinité supposée, ne sachant à ce stade de l’histoire l’origine de son adoption). Du pain béni pour l’ardent John Huston qui aime brouiller les pistes et fréquenter les chemins de traverse. Racisme, délation, amour contrarié, recherche d’identité, autant de thème qui font le bonheur de son réalisateur. Pourtant celui-ci sera, d’après ses dires, le pire qu’il est eu à tourner.
La scoumoune
Les artiste (en tout cas les bons) sont souvent sévères avec eux-mêmes. Le vent de la plaine ne mérite pas un tel dénigrement de son auteur ; loin de là. Pourtant, tout part sur de bonnes bases. Un scénario solide, un tournage au Mexique – pays dont Huston affectionne particulièrement – et un casting de haute volée. Nous avons parlé de Audrey Hepburn, mais celui-ci se complète par la star Burt Lancaster, Audie Murphy et la vétérane Lillian Gish. Autant de noms, autant de problèmes qui laissent un goût amer au tournage. Caractériel, Huston ne supporte pas les conseils de mise en scène de Burt Lancaster qui vient de réaliser son unique film L’homme du Kentucky et qui est atteint de la maladie du melon. Pour l’ancien héros de guerre médaillé Audie Murphy, il vit à sa manière les conflits passés en s’amusant comme exutoire à ses traumas à tirer sur tout ce qui bouge, créant de sérieuses frayeurs à ses collègues. Le film est aussi la cause de nombreuses blessures sur le plateau culminant avec la chute de cheval d’Audrey Hepburn qui, enceinte, se fracture le dos et qui sera probablement la cause principale de sa future fausse couche. Événement dont John Huston ne se pardonnera jamais les faits. Tournage fini, le réalisateur déserte le montage prétextant au studio de ne pas lui laisser autant de latitude qu’il le veut dans son cynisme. Son désir est de creuser plus profondément les racines du mal-être américain empreint de racisme et d’intolérance.
Pourtant à regarder le film, rien n’y paraît. Huston le filme avec rigueur. Dès son plan d’ouverture il joue sur les faux-semblants avec des animaux broutant l’herbe sur ce qui s’avérera être non un champ mais le toit d’une maison. Le ton est donné sur les non-dits du film. Il parsème son film d’idées de mise en scène jouant sur le mysticisme avec son mystérieux cowboy sortant de la brume, des plongées du haut d’une montagne pour mieux personnifier l’immensité des décors lors d’une poursuite à cheval n’a jamais autant donné le vertige. La première rencontre de Burt Lancaster marchant face caméra à la rencontre des indiens est impressionnante de maturité visuelle. Sa caméra se fait immobile pour mieux jouer sur les mouvements des acteurs et la profondeur de champ.
Une fois n’est pas coutume, n’écoutez pas les conseils de son metteur en scène et foncez sur cette réédition de ce film mésestimé. Le fond du sujet est sans doute plus âpre que conventionnel mais ce western reste une sacrée découverte.
Image
Un master rayonnant de netteté malgré quelques scènes en intérieur légèrement en retrait. Le piquet est admirable (des plans en contre plongée du haut d’une falaise sont magnifiques) et la définition dans les scènes de brumes particulièrement convaincante. Encore du beau travail d’édition.
Son
Les deux pistes proposées sont en mono avec une VO toujours plus probante en matière de spatialisation. Un travail efficace mais identique à l’édition précédente.
Interactivité
Plusieurs bonus proviennent de l’édition précédente comme l’intervention de François Guerif sur l’origine du roman ou sur la place de l’indien dans le cinéma abordé sur le module consacré à Audrey Hepburn. Deux nouvelles interventions du fidèle Patrick Brion et l’une de Jean-François Giré complètent cette nouvelle édition. Les compères complémentaires évoquent tous les problèmes liés au film et le fait que John Huston dénigrait particulièrement ce long-métrage.
Liste des bonus
Présentation du film par Patrick Brion 13‘ et Jean-François Giré (17’), Autour du roman par François Guérif (7’), Le film maudit de John Huston (14’), Documentaire : « Audrey l’indienne » (14’), Bande-annonce (4’).