LE VAMPIRE DE DÜSSELDORF
France, Espagne, Italie – 1965
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : Robert Hossein
Acteurs : Robert Hossein, Marie-France Pisier, Danick Pattison, Paloma Valdes, Anne Carrère…
Musique : André Hossein
Durée : 90 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 01 février 2022
LE PITCH
Allemagne, le début des années 1930. Tandis que les nazis resserrent leur étau sur toute la société, l’ouvrier Peter Kürten semble mener une existence banale. Rien n’indique qu’il pourrait être le tueur de femmes que la presse surnomme « le vampire de Düsseldorf ». Épris d’Anna, une chanteuse de cabaret, c’est pourtant lui ce redoutable prédateur qui séduit ses victimes avant de les assassiner…
Das Ungeheuer
Alors qu’il vient d’être consacré « sex symbol » par la déflagration Angélique Marquise des anges, Robert Hossein surprend en revenant sur les écrans avec Le Vampire de Düsseldorf, portrait d’un authentique serial killer dans le Berlin des années 30 et petit bonhomme inquiétant très loin des charmes du fameux Jeoffrey.
Fasciné par le magnifique et visionnaire M le Maudit, Robert Hossein a voulu revenir aux origines du film, aux éléments qui ont justement nourris Fritz Lang pour donner naissance à l’un de ses chefs d’œuvre. Alors surtout considéré comme un metteur en scène anecdotique et un acteur essentiellement populaire, il s’attaque à un exercice beaucoup plus ambitieux ici, surtout qu’il n’hésite pas à inscrire son film dans un noir et blanc éclatant. Des évocations évidentes de la source impressionniste par ces contrastes tranchés, pas l’utilisation des ombres et la composition de plans tout en profondeurs et perspectives, qui ne touchent pas que M, mais s’inspire tout autant du Nosferatu de Murnau (certains traits du « vampire ») que de L’Ange bleu de Josef Von Sternberg dans la fascination que porte Peter Kürten à la belle chanteuse de cabaret. D’ailleurs, malgré certaines de ses déclarations, Hossein cherche moins dans Le Vampire de Düsseldorf la profonde véracité des faits, que la reconstitution de l’atmosphère délétère fr l’Allemagne de la République de Weimar. Son « assassin » n’a donc en définitive pas grand-chose à voir avec le véritable meurtrier, mais il devient par son objectif le symptôme d’un monde au bord de l’effondrement.
Les bourreaux
Si Hitler n’est pas encore au pouvoir, les nazis multiplient déjà les exactions dans un pays affaibli, affamé, et Peter est le témoin autant de leurs tentatives d’enrôlements des ouvriers laissés sur le carreau, que de ratonnades gratuites, présentées comme une anecdote froide. Une violence acceptée, rationalisée, omniprésente, à laquelle « le vampire » répond par une bestialité du désespoir et de la solitude, qui, elle, émeut et préoccupe la population. Si ce parallèle manque parfois de consistance et ne porte pas toujours ses fruits, le portrait du personnage central est cependant une vraie réussite. Prenant à bras le corps ce rôle très particulier, Robert Hossein lui donne une démarche étrange faite de petits pas et de bras ballants, accentue sa forme trapue, et réussit à marier parfaitement des regards inquiétants, presque inhumains, avec un charme touchant et un certain pouvoir de séduction. De petit ouvrier dans le charbon, rapidement chômeur, il se transforme la nuit en charmeur aux airs bourgeois, grand méchant loup qui traque les demoiselles en mal de compagnie, elles aussi. Le film aurait pu glisser du côté du film d’épouvante, et on n’en est parfois vraiment pas loin, le réalisateur lui préfère les accents du drame profondément humain, psychologique, laissant souvent le plus cru des exactions du personnage sur le côté, pour s’arrêter sur sa relation amoureuse, pas loin du masochisme, avec la belle Anna, incarnée par une Marie-France Pisier surprenante car tranchant avec le dépouillement de la Nouvelle vague.
Considéré par beaucoup, et par Hossein lui-même, comme sa meilleure réalisation, et clairement l’un de ses plus beaux rôles, Le Vampire de Düsseldorf est un film des plus intéressants, même s’il n’atteint pas par exemple, le niveau du « remake » de Joseph Losey dans l’ordre de l’hommage, ou les sensations poisseuses de L’œuf du serpent de Bergman dans la restitution d’un effondrement précédant l’apocalypse du Reich.
Image
Il semblerait que la source utilisée ici soit plus ou moins la même que celle proposée par Opening en 2015 pour son DVD. Une copie plutôt propre même si l’apparition de petits points n’est pas rare et que quelques plans sont légèrement instables, mais qui marque des points sur son noir et blanc impeccablement contrasté et de très légers reflets argentiques. La définition s’avère plutôt agréable, avec tout de même un grain qui frôle le fourmillement par instants. Pas trop mal, mais une vraie restauration à la source ne serait pas totalement inutile.
Son
Le mono d’origine nous revient dans un DTS HD Master Audio 2.0 très efficace. Entièrement postsynchronisé le film ne cherche pas forcément une restitution naturelle mais plutôt une atmosphère légèrement désincarnée, étrange, parfaitement mise en avant ici.
Interactivité
Sidonis reprend avec pertinence les trois interviews proposées en leur temps pas Opening. Celle de Marcel Schneider, auteur d’une étude sur le vampire de Düsseldorf, permet de mesurer les distances entre les faits réels et ceux établis dans le film, et d’une certaine façon de contredire un peu les propos de Robert Hossein. Celui-ci assure pourtant être très proche de la véritable affaire criminelle… Mais l’intérêt de son interview repose surtout dans le rapport très particulier que le réalisateur / acteur préserve avec ce film, celui dont il est le plus fier, et avec le personnage. Une belle rencontre complétée par un court échange avec Marie-France Pisier, où l’on sent poindre à la fois une certaine tendresse et un regard critique très précis.
A cela, le nouvel éditeur ajoute désormais ses deux intervenants privilégiés, Patrick Brion et François Guérif, le premier se contentant surtout de poser le contexte du film alors que le second pencherait plutôt pour la petite analyse enthousiaste.
Liste des bonus
Présentations de Patrick Brion (9’), Présentation de François Guérif (13’), Interviews de Robert Hossein (18’), Interview de Marie-France Pisier (3’), Interview de Marcel Schneider (17’), Bande-annonce.